Les fruitiers rares |
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Article publié en 2007. |
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Deux caroubiers multiséculaires à Nice
INTRODUCTION
De nombreux pays, dont la France, ont abrité et abritent encore nombre d'arbres remarquables. Mais il en est pour les arbres comme pour les hommes. Leur destin est différent et leur échappe le plus souvent... Année 1621 : plantation d'un figuier dans le jardin du couvent des Capucins à Roscoff, dans le Finistère. Année 1986 : devenu un arbre vénérable âgé de 365 ans (ses longues branches horizontales, soutenues par des piliers de pierre, formaient une tonnelle de 600 mètres carrés et il produisait plus de cinq cents kilos de figues par an), son nouveau propriétaire le fit couper pour une raison qu'on ignore... Année 1500 (ou peut-être même avant) : deux caroubiers (Ceratonia siliqua L.) naissent sur les premières hauteurs de Nice. Année 2007 : devenus des arbres vénérables âgés de plus de 500 ans, enclos dans le jardin d'une très ancienne demeure, ils sont l'objet des soins attentifs de leur propriétaire actuel, comme ils le furent d'innombrables générations précédentes, dans le respect profond de ces chefs-d'oeuvre de la nature... Chapeau bas, Monsieur. Votre comportement vous honore... Passionné par le Caroubier, je veux en porter témoignage en faisant connaître ces deux caroubiers multiséculaires.
CACHÉS ET PROTEGÉS
Dans la partie basse de la colline de la Lanterne, un quartier ouest de Nice, se cachent deux caroubiers remarquables. La parcelle de terrain qui les héberge faisait à l’origine partie du vaste domaine agricole d’Antoine Mari. Il était composé d’oliveraies (qui firent la fortune de la famille grâce à des ventes à l’international), de roseraies, d’agrumeraies, et de serres abritant des fleurs (destinées, entre autres, à la décoration du Casino de la place Masséna).Antoine Mari fut aussi le créateur du vignoble du Château de Crémat - Vignoble de Bellet - Nice. En 1899, il était président de la Société Centrale d’Agriculture, d’Horticulture et d’Acclimatation dont le siège se situait Palais de l’Agriculture, promenade desAnglais, à Nice. La maison de maître qui fut sa résidence a protégé lesarbres des sévices de la nature (en particulier le vent) ainsi que de l’urbanisation. Ces arbres sont encore présents car la demeure n’a jamais quitté le patrimoine de la famille Mari. Selon la tradition familiale, ces deux caroubiers, déjà vénérables lors de l’achat de la propriété en 1850, seraient âgés d'environ 500 ans. Estimation confirmée par l'ONF, il y a quelques années. Ces deux individus remarquables sont, comme tous les caroubiers, protégés par la loi. Ils ont été classés par l’association A.R.B.R.E.S.
DES ARBRES IMPRESSIONNANTS CRÉANT UN ENVIRONNEMENT MAGIQUE
Il s'agit d'arbres impressionnants par leurs dimensions. La hauteurs estimée des deux arbres est d'environ 12 mètres, le branchage ayant une projection au sol de 25 mètres
par 18 mètres. Les circonférences des troncs mesurées à 1,30 m de hauteur sont de 2,65 m pour l’un et de 2,90 m pour l’autre. Les diamètres mesurés à la même hauteur sont de 0,84 m pour l’un et de 0,92 m pour l’autre. Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires : troncs et charpentières. Des deux troncs naît un enchevêtrement de branches reposant les unes sur les autres. Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires : superposition de charpentières.
Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires : croisement de charpentières. Le caroubier pousse en changeant de
direction. Ainsi, une branche peut partir presque à angle droit dans une
nouvelle direction et ce plusieurs fois. Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires : départ à angle droit. En grossissant, les branches créent un effet de vagues. Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires : effet de vagues des charpentières.
Une des branches maîtresses est venue se superposer sur celle de
l’arbre voisin. Cette escalade engendre une arche d’une envergure
de deux mètres. Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires : arche naturelle. S’appuyant les unes sur les autres, les branches ont fini
par réaliser une étonnante charpente. Une charpente toute en rondeur qu’aucun
compagnon n’aurait pu réaliser. Les branches charpentières maîtresses
s’étendent horizontalement en ondulant sur plus de treize mètres de long. Elles dégagent ainsi un volume important en formant un grand
ovale. Quelques branches secondaires viennent le fermer à plus de dix mètres du
sol. Les "tuiles" que sont les feuilles apportent ombre et fraîcheur. Une table fut placée sous cette majestueuse tonnelle naturelle. Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires : majestueuse tonnelle naturelle. Les longues feuilles composées à folioles opposées, d'un beau vert foncé, revêtent une élégance certaine. Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires : rameau de mi-hauteur.
Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires : rameau de plein ciel. L'ensemble de la frondaison produit une impression de légèreté. Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires : bas de la frondaison.
Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires : haut de la frondaison. Sous tout autre arbre, le tronc forme une verticale, produisant au mieux un effet parasol. Ici, l'agencement original des troncs et des charpentières crée la sensation rare d’une protection enveloppante. Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires : une protection enveloppante. Au début du XXe siècle, puis vers 1960 et ensuite dans les années 80,
des étais en faux bois/ciment simulant des troncs
d’arbres ont été placés pour soutenir la structure. Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires : étai en faux bois/ciment. Des renforcements intérieurs métalliques consolident les parties creuses. Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires : renforcement intérieur d'un tronc. Régulièrement, d'année en année, à la fin de l'été, ces arbres produisent en
abondance des fruits appelés caroubes, de couleur verte à l’origine
et chocolat lorsqu’elles sont mûres. Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires : caroubes sous frondaison.
Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires : caroubes mûres.
Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires : caroubes mûres et fleurs (en haut à droite).
Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires : caroubes mûres au sol.
Les caroubes mesurent entre 12 et 20 centimètres
de long et entre 1 et 2 centimètres de large. Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires : caroubes mûres. Elles sont assez épaisses. Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires : caroube sur tranche. Elles renferment une pulpe sucrée comestible contenant des graines alignées. Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires : intérieur d'une caroube.
Les fruits sont précédés d'une floraison discrète et curieuse. Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires : branchage avec fleurs.
Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires : fleurs.
Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires : gros plan de fleurs.
UN JARDIN DU XIX e SIECLE MAGNIFIÉ PAR CES CAROUBIERS
De cette propriété, il reste un bassin artificiel créé en
1900. On en rencontre souvent du même genre dans les jardins de cette époque,
mais celui-ci présente la particularité d’être enjambé par un pont en faux bois/ciment
signé par l’artisan (fait rare). Ce bassin et un kiosque, datant également de
1900, apportent le cachet si particulier des jardins anciens. Antoine Mari, ses fils, puis son petit-fils, ont eu le goût et
l’intelligence de conserver et protéger cet ensemble. Mais, surtout, ils
ont pris soin des arbres. Ces arbres, uniques à la fois par leur architecture grandiose et
leur importance hors du commun, confèrent un caractère magique à ce jardin en symbolisant
la force rassurante de la nature face à l’urbanisation des collines niçoises. Il existe donc encore en pleine ville de Nice des lieux protégés etconnus des seuls initiés... Caroubiers (Ceratonia siliqua L.) multiséculaires.
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