Les fruitiers rares
 
Articles généraux      Espèces      Groupes      Pépinières      Non-French items

 


Accueil > Espèces > Kaki > Confusions d'appellation des variétés de Diospyros kaki.

 

Article publié en 2004, enrichi en 2014.
Auteur : François DROUET.
Photographies : François DROUET.

Tous droits réservés.

 

 

Confusions d'appellation des variétés de Diospyros kaki

 

 

 

L'espèce Diospyros kaki (Plaqueminier du Japon) compte des milliers de variétés, et, en langue japonaise, les synonymes sont déjà multiples pour certaines variétés. La diffusion de l'espèce hors du Japon au cours des 19e et 20e siècles a engendré de nombreuses confusions dans les noms de variétés. Ce phénomène s'est amplifié  avec la création d'appellations commerciales, utilisées depuis la récente intensification de la promotion et de la diffusion  en supermarchés de ce fruit par trois pays producteurs : Israël, Italie et Espagne (relance économique dont je me réjouis par ailleurs...).

Par le présent article, mon objectif est de faciliter la compréhension de la diversité variétale de l'espèce Diospyros kaki en signalant les confusions d'appellation des variétés que je relève dans la littérature spécialisée ou la tradition orale des pépiniéristes et du grand public. Quelle qu'en soit la cause : synonymie, polysémie, différences d'orthographe, erreurs de transcription, amalgame des noms de marque commerciale avec les noms des variétés, dénominations fantaisistes, etc.

Je fournis ci-après toutes les confusions que je connais,et j'enrichis l'article au fur et à mesure de la découverte de nouvelles sources d'ambiguïté (c'est le rocher de Sisyphe...). Pour les non connaisseurs de l'espèce Diospyros kaki, je conseille, pour une bonne compréhension du présent article, la lecture de l'article relatif à la classification actuelle des variétés de Diospyros kaki, également publié sur notre site.

 

CONFUSION SUR LE TERME "KAKI"

 

Diospyros est le genre botanique signifiant Plaqueminier. Il existe des centaines d'espèces de plaqueminier, dont l'ébène et le Plaqueminier du Japon, appelé aussi Kaki et dont le nom latin est Diospyros kaki. Les fruits des plaqueminiers sont appelés plaquemines. Ceux du Plaqueminier du Japon sont appelés le plus fréquemment kakis, comme le nom de l'arbre, mais on les nomme aussi plaquemines du Japon ou, par simplification, plaquemines.

En toute rigueur, on ne doit pas appeler "kaki" le fruit des autres espèces de plaqueminier. Par exemple, au lieu de dire "kaki américain" pour désigner le fruit du Plaqueminier d'Amérique du Nord (Diospyros virginiana, c'est à dire Plaqueminier de Virginie), on devrait dire" plaquemine de Virginie". Ceci dit, "kaki" signifiant "plaqueminier" en japonais, on peut être indulgent avec ceux qui, le plus souvent sans le savoir, remplacent l'acception spécifique française de ce  mot par son acception générique japonaise.

 

EXPLICATION DU TERME "KAKI POMME"

 

Ce terme grand public désigne non pas une variété, mais l'ensemble des variétés dont les fruits sont non astringents dès la maturité de récolte et qui peuvent se consommer fermes et croquants, pelés ou non selon les goûts de chacun. Ce terme générique s'est créé en raison de l'analogie entre la façon de consommer les fruits de ces variétés et celle dont on consomme les pommes. Il s'agit des variétés de type PCNA . Le kaki pomme le plus proposé sur les étals est la variété 'Fuyu'... Plus rarement, il peut s'agir des fruits de variétés de type PVNA dont on a mis en vente seulement ceux non astringents à la maturité de récolte.

 

CONFUSIONS SUR LES NOMS DE VARIETES DE DIOSPYROS KAKI

 

MUSCAT  

Cette appellation est le polysème type... Ce n'est pas le nom d'une variété existante, unique, connue de longue date  et décrite dans les ouvrages pomologiques, ni celui d'une obtention récente des stations de recherche agronomique. Il s'agit en fait d'un nom dont baptisent beaucoup de pépiniéristes, ou de revendeurs de plants par Internet, la seule variété de type astringent qu'ils commercialisent. Soit ils n'en connaissent pas le nom, ni même l'origine dans certains cas, soit ils ne veulent pas le préciser au grand public, lui préférant le terme plus "vendeur" de 'Muscat'.

Il est important de noter que, compte tenu du sérieux des pépiniéristes fruitiers en France, corporation que je connais bien, si vous achetez un plant baptisé 'Muscat', vous aurez une variété satisfaisante de Diospyros kaki. Aucun d'entre eux ne vend des variétés de médiocre qualité sous ce nom. Mais je n'ai encore jamais goûté une variété appelée 'Muscat' dont le fruit a une saveur muscatée du type de celle généralement très appréciée des raisins dits "muscats"... Il faut simplement savoir que votre variété dite 'Muscat' ne correspondra pas, dans la plupart des cas, à celle trouvée sous le même nom chez d'autres fournisseurs.  Ci-après, exemples d'utilisation de l'appellation 'Muscat'.

Observation 1 : depuis que l'appellation 'Muscat' est utilisée dans les conditions précitées pour le Kaki (plusieurs dizaines d'années), les variétés proposées sous cette appellation étaient toutes de type PCA (qui signifie que la variété est astringente à la maturité de récolte et qu'elle se consomme blette à la maturité physiologique). En 2004, constat surprenant :  j'ai rencontré un cas de plants de 'Fuyu', variété non astringente, étiquetés 'Muscat', dans une jardinerie du sud de la France qui est la vitrine d'une pépinière importante. Il s'agissait d'un lot de revente, et au bas de certains des plants étaient restées les étiquettes de la pépinière italienne productrice, portant l'appellation 'Fuyu'. Intrigué, j'ai interrogé un membre du personnel sur ce point ,et il m'a répondu que c'était bien tous des plants de 'Fuyu', mais que le public achetait plus facilement des Diospyros kaki étiquetés 'Muscat'. Pendant la conversation, j'ai pu m'assurer que mon interlocuteur connaissait très bien la variété 'Fuyu' et ses caractéristiques...

Observation 2 : en 2009 : le grand VPCiste Bakker, dans son catalogue du printemps, ajoute à la confusion dans le même sens. Il propose en effet un Kaki baptisé Muscat, en précisant "se déguste comme une pomme" (ce qui sous-entend une variété de type PCNA ; d'ailleurs la photographie présentée sur le catalogue évoque une des formes de la variété 'Fuyu', de type PCNA). Mais il ajoute dans une autre phrase : "En septembre-novembre, après récolte, laissez mûrir complètement les fruits." (ce qui sous-entend une variété de type PCA, c'est à dire ne pouvant se consommer que blette). Comprenne qui pourra du type de variété vendu par Bakker... Car ce n'est pas faire injure à Bakker de penser qu'il n'a certainement pas voulu faire référence à la possibilité de consommer les fruits des variétés de type PCNA, soit fermes lors de la maturité de récolte (vocation première), soit blets lors de la maturité physiologique (vocation accessoire et seulement en usage en verger d'amateur). Pour les lecteurs qui ressentiraient un besoin d'éclaircissements, c'est sans humour que je les invite à nouveau à se reporter à l'article relatif à la classification actuelle des variétés de Diospyros kaki, également publié sur notre site. Dans son catalogue papier du printemps 2010, Bakker a clarifié la nature de la variété de Kaki proposée. Il s'agit d'une variété de type PCA (il est indiqué simplement "en septembre-novembre, après récolte, laisser mûrir complètement les fruits"). Mais la rectification n'a pas été effectuée au niveau du site Internet version 2010 du VPCiste.

Observation 3 : en 2010, c'est le VPCiste Willemse qui prend le relais dans son catalogue papier, et sur son site Internet, pour contribuer à la même confusion. Il s'agit de la description et de la photographie d'une variété de Kaki dénommée 'Muscat'. On peut lire "fruit à déguster nature en automne" ,et la photographie montre des morceaux de pulpe découpés qui paraissent très fermes, ce qui fait pencher pour une variété de type PCNA. Mais on peut lire ensuite "récoltez les fruits en décembre après les premières gelées, ils seront encore meilleurs", avec en fin de paragraphe descriptif l'indication "récolte en décembre". Ce serait donc une variété de type PCA ? En fait, la photographie me paraît être celle de la variété 'Triumph' de type PVA, naturellement astringente mais qui est traitée artificiellement pour être vendue ferme sans astringence sous le nom commercial "Sharon" ou "Sharoni" (selon que la provenance est israélienne ou espagnole). Voir infra les chapitres concernant les dénominations Triumph, Sharon et Sharoni. En outre, indépendamment des descriptions, on peut noter facilement que les photographies publiées par les deux VPCistes précités pour leur variété 'Muscat' montrent des fruits différents. Ceci confirme, si besoin était, la polysémie d'origine commerciale entretenue pour le nom 'Muscat', telle qu'exposée au début du présent chapitre.

Observation 4 : octobre 2010, nouvelle observation édifiante. Dans la vaste zone de vente des fruitiers, très bien fournie, d'une grande jardinerie du sud de la France appartenant à l'une des enseignes nationales spécialisées, mon attention est attirée de loin par un gros sujet de Plaqueminier du Japon, couvert de gros fruits de couleur jaune. Je m'approche donc aussitôt, intrigué par la présence d'un si beau sujet pour une espèce peu souvent mise en avant dans ce type de point de vente. Bel arbre de cinq ans, en bac de 80 litres, conduit en gobelet libre, que je reconnais immédiatement au feuillage et aux fruits, en cours de maturation ce qui explique leur couleur jaune : il s'agit de la variété 'Rojo Brillante'. Un peu plus loin, sont alignés une vingtaine de sujets de la même variété en pots de 12 litres, sans fruits mais identifiables à leur feuillage strictement identique au feuillage du gros sujet porteur de fruits. Je commence à me réjouir : enfin cette remarquable variété espagnole est présente en jardinerie, en sus dans une jardinerie appartenant à une enseigne nationale. Je regarde l'étiquette imprimée par ordinateur, et je lis "Kaki Muscat" (suivi d'un code produit et du prix)... Aucune mention du véritable nom de la variété. Aucune autre étiquette pouvant faire référence à celui-ci, qui émanerait par exemple de la pépinière d'origine (vraisemblablement espagnole) ou du grossiste auprès duquel s'est approvisionnée la jardinerie. Je regarde alors les étiquettes des vingt sujets plus petits : même constat. Etiquette 'Kaki Muscat' pour des plants de la variété 'Rojo Brillante' (excellente variété pour le sud de la France). Encore des clients qui vanteront les mérites du 'Muscat' imaginaire... Mais cet exemple montre que sous cette appellation, ce sont des variétés de qualité qui sont proposées.

Observation 5 : octobre 2014, au rayon fruits d'un supermarché de la région de Toulon, j'ai l'heureuse surprise de trouver des kakis de type PCA en barquettes de quatre, étiquetées "Kaki Muscat". Très beaux fruits de catégorie 1, de taille uniforme, à la peau quasi exempte de taches ou traces de frottement, de couleur attractive et blets à point. L'étiquette précise "mûrs à point", et c'est vrai... Origine : un producteur français du sud du Vaucluse. J'achète plusieurs barquettes. A la dégustation, le goût de ce kaki sort vraiment de l'ordinaire. Je lui attribue 8/10 pour les qualités organoleptiques (même si aucune note muscatée n'est présente, comme de règle avec les kakis, de quelque variété qu'ils soient...). Mais, le contenu d'une des barquettes m'intrigue : un des quatre kakis est différent des autres. Il s'agit du fruit de gauche sur les quatre photographies suivantes.
 

Kakis de deux variétés différentes dans une barquette étiquetée "Kaki Muscat"

Kakis de deux variétés différentes dans une barquette étiquetée "Kaki Muscat".
(les deux autres kakis étaient similaires à celui de droite).
 

A l'examen de près, je constate que ce kaki est plus aplati et plus carré que les autres. Je remarque aussi que des côtes apparaissent nettement sur la face supérieure, bien que le fruit soit blet. En outre, il est de couleur plus jaune que les autres alors qu'il est aussi blet que ceux-ci.
 

Kakis de deux variétés différentes trouvés dans une barquette étiquetée "Kaki Muscat"

Kakis de deux variétés différentes trouvés dans une barquette étiquetée "Kaki Muscat".
 

L'observation du calice montre que le centre est moins large et que les sépales séchés sont plus petits. Sous le calice apparaît une collerette de peau (sorte de caroncule) que l'on rencontre rarement sur les kakis. Je n'en connais pas la nature, mais je soupçonne qu'il puisse s'agir d'une réaction à un parasite.
 

Calice de deux kakis de variétés différentes trouvés dans une barquette étiquetée "Kaki Muscat"

Calice de deux kakis de variétés différentes trouvés dans une barquette étiquetée "Kaki Muscat".
 

J'examine l'apex et je constate que la cavité est plus large et moins marquée. Autre différence : on remarque dans la zone de l'apex des côtes assez visibles bien que le fruit soit blet.
 

Apex de deux kakis de variétés différentes trouvés dans une barquette étiquetée "Kaki Muscat"

Apex de deux kakis de variétés différentes trouvés dans une barquette étiquetée "Kaki Muscat".
 

Pour moi, pas de doute, ce kaki est d'une variété différente des autres. Ainsi, deux kakis "Muscat" différents dans la même barquette... En toute rigueur, on ne peut pas exclure que les deux fruits proviennent d'arbres de la même variété, voire du même arbre : le fruit différent pourrait en effet avoir été cueilli sur une branche issue d'une mutation de bourgeon, et ayant évolué en une variété différente de celle du restant de l'arbre. La couleur et le goût de la pulpe, assez proches de ceux des autres kakis de la barquette, pourraient étayer cette hypothèse. La présente observation ne vaut nullement critique. La norme de commercialisation des kakis admet un pourcentage de fruits de morphologie différente du standard au sein de la variété. Ce pourcentage est très largement respecté dans les barquettes de kakis concernées. Et le producteur français commercialisant un produit de si haute qualité, en faisant en sus l'effort de la proposition originale d'un fruit blet à point, fait honneur à sa profession. L'observation illustre simplement les confusions possibles entre variétés pour ceux qui ne connaissent pas la possible variabilité des fruits du Kaki au sein de la même variété, parfois sur le même arbre.

 

ROJO BRILLANTE  

La variété de Kaki 'Rojo Brillante' est vendue par un groupement de coopératives espagnoles de la région de Valence sous deux noms commerciaux. "Kaki Classic" lorsque le fruit est présenté à la vente à l'état astringent, pour consommation après blettissement et "Persimon" lorsque le fruit est vendu à l'état non astringent mais ferme, pour consommation immédiate. Dans le deuxième cas, l'astringence a été supprimée par un traitement post-récolte au dioxyde de carbone sur les fruits récoltés non mûrs, donc fermes. Pour détails sur les procédés de suppression de l'astringence, voir article publié sur le site. Noter que le nom commercial (déposé) "Persimon" s'écrit avec un seul "m", contrairement au mot américain "persimmon" qui signifie plaqueminier. Qu'il soit de Virginie (Diospyros virginiana) ou du Japon (Diospyros kaki).

Personne ne peut donc acheter chez un pépiniériste une variété de Diospyros kaki nommée "Persimon" et produisant des fruits non astringents. On peut acheter tout au plus un arbre de la variété 'Rojo Brillante', à fruits astringents. Et personne ne verra un "Persimon" (ferme et non astringent) sur un arbre. On voit sur l'arbre un fruit de la variété 'Rojo Brillante', ferme mais astringent, ou non astringent mais mou...

En outre, il ne  pas confondre Persimon (nom de produit), l'AOP et la marque du producteur. Les producteurs écrivent le plus souvent Persimon® dans leur documentation et sur les étiquettes collées sur les fruits. Les distributeurs accolent au nom de produit "Persimon" un nom de marque attribué par le producteur (marque utilisée également pour d'autres types de fruit du même producteur) : Bouquet, El Temple, etc. On trouvera ainsi sur les étals du "Persimon Bouquet" ou du "Persimon El Temple". Complexification supplémentaire : le kaki 'Rojo Brillante' cultivé dans la zone d'activité du groupement de coopératives qui confectionnent le "Persimon" a fait l'objet d'une appellation d'origine protégée (AOP) au niveau européen : "Kaki Ribera del Xúquer". Seuls les producteurs dont les fruits bénéficient de l'AOP (DOP en espagnol) "Kaki Ribera del Xúquer" peuvent utiliser le nom commercial "Persimon" pour les fruits traités au dioxyde de carbone après qu'ils ont été récoltés fermes.
 

 Kaki Persimon® étiqueté Bouquet

Kaki Persimon® étiqueté Bouquet.
 

Il faut noter que la DOP (denominación de origen protegida) est rappelée sur l'étiquette.
 

Kaki Persimon® étiqueté Bouquet : gros plan de l'étiquette

Kaki Persimon® étiqueté Bouquet : gros plan de l'étiquette.
(noter que l'étiquette rappelle la DOP).
 

Il faut noter, qu'outre la complexité décrite ci-dessus, un facteur supplémentaire peut aggraver la confusion au sujet de l'identification de la variété 'Rojo Brillante'. Il s'agit de l'hétérogénéité des fruits vendus sous le nom commercial "Persimon". En effet , la variété 'Rojo Brillante' de Diospyros kaki se caractérise par une certaine hétérogénéité de la forme du fruit. Celle-ci peut aller de conique large et aplatie, à bout arrondi, très légèrement côtelée (forme 1), à conique assez étroite et allongée, à bout plus pointu, et à côtes plus marquées (forme 2). De plus, la couleur des fruits n'est pas uniforme d'un fruit à un autre, quelle que soit leur forme : selon la maturité du fruit, sa couleur sur les étals varie du jaune pâle à l'orange. Voir photographies ci-après.
 

Kaki

Kaki "Persimon" (fruit de la variété 'Rojo Brillante') : spécimens de forme 1.
(ces fruits sont de couleur orangée car leur maturité est assez avancée, bien qu'ils soient encore fermes).

 

Kaki

Kaki "Persimon" (fruit de la variété 'Rojo Brillante') : spécimens de forme 1.

 

Kaki

Kaki "Persimon" (fruit de la variété 'Rojo Brillante') : spécimen de forme 2.
(le fruit photographié est de couleur jaunâtre, car il est moins avancé en maturité).

 

Kaki

Kaki "Persimon" (fruit de la variété 'Rojo Brillante') : intérieur du spécimen de forme 2.
(la chair est nettement jaune car le fruit est peu avancé en maturité : c'est le stade de consommation que je préfère).
 

Remarquons que, malgré la complexité d'appréhension du produit "Persimon", les producteurs espagnols écoulent facilement leur production sur le marché de Rungis, où ils ne rencontrent aucun concurrent français. Il est vrai que "Persimon" constitue une innovation marketing de premier plan, et que le produit est de haute qualité (grosseur du fruit, fermeté, goût vanillé).

 

SHARON 

La variété 'Triumph' est vendue en Israël (et exportée) avec le nom commercial "Sharon" (marque déposée), sous la forme de fruits fermes et non astringents, immédiatement consommables. Ils ont été récoltés immatures (couleur jaune clair) , et ont subi un traitement post-récolte au dioxyde de carbone pour faire disparaître leur astringence (pour détails sur les procédés de suppression de l'astringence, voir article publié sur le site). La variété 'Triumph' constitue l'essentiel de la production des milliers d'hectares de plantations de kakis de la vallée de Sharon, d'où lui vient son appellation commerciale.

En Espagne, la variété 'Triumph' est également cultivée, et elle est vendue (et exportée) sous la marque "Sharoni", lorsque les fruits ont été traités de la même façon qu'en Israël pour supprimer leur astringence, alors qu'ils ne sont pas mûrs, donc très fermes.
 

Kaki Sharon commercialisé par Israël (fruit de la variété 'Triumph' vendu ferme et sans astringence)

Kaki Sharon commercialisé par Israël (fruit de la variété 'Triumph' vendu ferme et sans astringence).
 

J'ai relevé plusieurs sources de confusion relatives à l'appellation Sharon, que je rapporte ci-après.

Observation 1 : la variété 'Triumph' de la vallée de Sharon est de type PCA selon la majorité des auteurs. Mais en Espagne, la variété 'Triumph' est classée de type PVA.

Observation 2 : la quasi-totalité des auteurs, pépiniéristes et collectionneurs de fruitiers espagnols appellent aussi 'Sharon' (sans employer le nom de marque "Sharoni"), la variété 'Triumph' vendue par les coopératives espagnoles en produit ferme et non astringent.

Observation 3 : certains pépiniéristes espagnols appellent 'Sharon' la variété 'Triumph' de type PVA car ils  ignorent l'existence de cette dernière, ou considèrent qu'il n'y a pas lieu de la citer à leurs clients. De ce fait, ces pépiniéristes ont vendu à des grossistes français la variété 'Triumph' sous le nom de 'Sharon', et ceux-ci la diffusent à leurs clients professionnels sous ce nom. Le fruit de cette variété, revendue aux particuliers sous le même nom ('Sharon') se mange donc blet, au stade de maturité physiologique, puisqu'il s'agit en fait de la variété 'Triumph' de type PVA.

Observation 4 : j'ai rencontré des pépiniéristes français qui considèrent que 'Sharon' est synonyme de 'Fuyu', et qui ne vendent pas la variété circulant sous ce nom car ils proposent déjà la variété 'Fuyu' à leurs clients

Observation 5 : certains pépiniéristes français vendent une variété aux fruits plats et non astringents sous le nom 'Sharon' (les fruits sont très plats, et ne sont donc pas ceux de la variété 'Fuyu' très connue, avec laquelle on aurait pu soupçonner une confusion). L'origine du nom donné à cette variété est indéterminée. Cette variété 'Sharon' de type PCNA s'est répandue parmi les collectionneurs de fruitiers français, qui l'ont diffusée dans certains pays d'Europe.

 

TRIUMPH

C'est le nom de la variété des fruits vendus avec les appellations commerciales "Sharon" et "Sharoni", évoquées au paragraphe précédent. Les fruits astringents ont été récoltés jaunes avant maturité, donc fermes, et leur astringence a été ôtée par un traitement post-récolte au dioxyde de carbone. Pour détails sur les procédés de suppression de l'astringence, voir article publié sur le site.

Observation 1 : j'ai noté que Louis Glowinski, dans son remarquable ouvrage The complete book of fruit growing in Australia, assure que la variété 'Triumph' cultivée en Israël n'est pas la même variété que celle également nommée 'Triumph' et cultivée aux USA.  

Observation 2 : le professeur V. -A. Evreinoff, dans son article "Le Plaqueminier du Japon ou Kaki" (Fruits d'Outre-Mer, vol.3, n°4, pages 124 à 132, 1948) classe 'Triumph' dans les variétés constantes à la pollinisation (type PCA), alors que les producteurs espagnols classent celle-ci comme variable à la pollinisation (type PVA).

 

HACHIYA 

Observation 1 : le Dr Trabut, dans sa note sur les Diospyros comestibles parue dans la Revue de Botanique Appliquée, 1925, page 663, a utilisé l'appellation 'Hatchiya', ajoutant un "t" dans le nom de la variété. Cette dénomination a été reprise par d'autres auteurs, notamment Désiré Bois, qui cite la note du Dr Trabut dans son ouvrage Les Phanérogames Fruitières, édition de 1928, volume II d'un ensemble de quatre volumes intitulé Les plantes alimentaires chez tous les peuples et à travers les âges.

Observation 2 : trois pépiniéristes des Bouches-du-Rhône (l'un décédé, et deux à la retraite) désignaient sous le nom 'Hachiya' auprès des collectionneurs de Kakis une variété inconnue de type PCA, qui n'a pas du tout la morphologie de la variété 'Hachiya'. Cette dernière est très ancienne et de grande production commerciale au Japon comme aux USA. Dans les deux pays, il n'existe aucune ambiguïté à son sujet. En outre, auprès du grand public, ces pépiniéristes vendaient leur (fausse) variété 'Hachiya' sous le nom de 'Kaki classique' ou 'Muscat'

 

LYCOPERSICON 

Observation 1 : le professeur Elvio Bellini (Monografia delle principali cultivar di Kaki introdotte in Italia ; université de Florence ; 1982)  indique que 'Lycopersicon' désigne la variété japonaise 'Shikikiki'. Il précise également que 'Lycopersicon' a pour autres synonymes 'Licopersico' et 'Gabriel Dupont'. Et il indique que le nom 'Licopersico' est également utilisé souvent à tort en Italie pour la variété 'Tipo', de grande production commerciale dans ce pays. Un cas d'école....

Observation 2 : j'ai noté que l'appellation 'Lycopersicum' a été employée pour 'Lycopersicon' par le professeur V. -A. Evreinoff dans un fascicule intitulé Le Plaqueminier du Japon ou Kaki, publié en 1942 par les Editions de la Maison Rustique, en liaison avec La Revue Horticole, et regroupant plusieurs articles parus dans celle-ci l'année précédente.

 

FUYU

Il s'agit d'une appellation qui regroupe des variétés différentes, bien que proches d'aspect et de goût et toutes de type PCNA (constantes à la pollinisation et non astringentes). Une grande confusion affecte le nom de cette variété. Des centaines de lignes ne suffiraient pas à décrire ce qui est connu de cette confusion dans les pays des deux hémisphères, et je rédigerai peut-être un jour un article entier consacré à la confusion engendrée depuis les premières exportations de cette variété hors du Japon, en 1910...

Il me semble cependant utile de souligner qu'il existe deux variétés principales dénommées 'Fuyu'. D'une part, la variété 'Fuyu' cultivée commercialement au Japon, qui  porte exclusivement des fleurs femelles et qui est incompatible avec le porte-greffe Diospyros lotus. C'est la variété non astringente la plus consommée au Japon, pays où le kaki est par ailleurs le fruit le plus consommé. D'autre part, la variété 'Fuyu' cultivée commercialement en Californie, qui porte des fleurs en majorité femelles mais aussi des fleurs mâles, et qui est compatible avec le porte-greffe Diospyros lotus. Elle présente en outre des différences morphologiques avec la variété japonaise.

En ce qui concerne les cultivars 'Fuyu' disponibles en Europe, certains ont été introduits de Californie. Il faut donc savoir de quel type de cultivar on parle lorsque l'on traite de la variété 'Fuyu' en Europe, notamment en France.  Mais est-ce vraiment possible en matière de 'Fuyu' ?

 

JIRO

Observation 1 : le spécimen présent dans la collection de l'université de Florence, décrit et photographié par l'équipe du professeur Bellini, ne correspond pas morphologiquement à la variété de même nom qui a été multipliée et vendue pendant des décennies en France par un pépiniériste sérieux, désormais à la retraite. Cette dernière variété a été parallèlement multipliée et diffusée en cascade par des passionnés de Diospyros kaki, en France et dans d'autres pays d'Europe. Les variétés sont toutefois toutes deux de type PCNA. Le pépiniériste français avait fait contrôler ses variétés en collection par un ingénieur INRA il y a une trentaine d'années, avant de les multiplier et de les mettre en vente. La variété 'Jiro' comptait parmi celles certifiées sans ambiguïté, et qui ont donc été commercialisées. J'ai relevé que la variété de l'université de Florence est incompatible avec le porte-greffe Diospyros lotus, alors que la variété du pépiniériste français présente une très bonne affinité avec celui-ci.

Observation 2 : en 1974, une variété appelée 'Jiro C.24276' a été introduite en Europe depuis la Californie. Elle diffère peu morphologiquement de la variété 'Jiro' de l'université de Florence (feuilles plus petites, époque de floraison un peu plus tardive, fruit légèrement plus gros...). Mais, à la différence de celle-ci, elle présente une bonne affinité avec le porte-greffe Diospyros lotus. A ce jour, aucune étude n'a été menée pour comparer 'Jiro C.24276' avec 'Jiro' d'origine pépinière française.

Observation 3 : dans certains pays, 'Jiro' est vendue sous le nom de 'Fuyu', ce qui ajoute à la confusion.

 

SAN VICENTE

La variété nommée 'San Vicente' en Espagne est la variété japonaise 'Toyama'.

 

TONNE WASH et TOM WASH 

Observation 1: une variété 'Tonne Wash' figure au catalogue d'une importante pépinière de gros espagnole. Jje suspecte qu'il s'agit d'une mauvaise orthographe pour la variété japonaise très précoce 'Tone Wase', connue et pratiquée en Europe du Sud. L'appellation 'Tonne Wash' est reprise en Espagne par un important distributeur de fruits pour sa variété de tout début de saison, plus précoce que 'Rojo Brillante'. Cette précocité conforte l'hypothèse qu'il s'agit de 'Tone Wase'.

Observation 2 : un pépiniériste grossiste français a importé d'Espagne des plants de Kaki, et les a diffusés auprès de revendeurs avec pour nom de variété 'Tom Wash' sur l'étiquette de chacun des plants. Je l'ai interrogé sur cette variété. Il a pu simplement m'indiquer que les lots avaient été reçus d'Espagne étiquetés de la même manière, et qu'il n'en savait pas plus sur la variété. Compte tenu de la consonance, je pense qu'il s'agit d'une mauvaise transcription de la variété appelée déjà de façon suspecte 'Tonne Wash', qui serait en fait la variété 'Tone Wase', selon mon hypothèse. Cela  aboutit à ce que vous puissiez trouver à la vente dans les pépinières de détail ou dans les jardineries un plant de Kaki étiqueté 'Tom Wash', variété qui n'existe pas (ce qui n'enlève rien aux qualités de la variété précoce 'Tone Wase' que recouvre vraisemblablement ce nom erroné).

 

CHOCOLATE  

Observation 1 : la variété nommée 'Chocolate' aux USA est la variété japonaise 'Tsuru-No-ko'. La dénomination américaine provient du fait que la pulpe de cette variété prend une teinte brun foncé rappelant la couleur du chocolat si le fruit est pollinisé et comporte un nombre suffisant de pépins (précisons que cette pulpe de couleur spécifique revêt une saveur appréciée des connaisseurs...). 

Observation 2 : par extension, d'autres variétés présentant la même caractéristique sont nommées 'Chocolate' par certains pépiniéristes aux USA. Ceci ajoute une polysémie à la synonymie précédente, et engendre donc une confusion supplémentaire dans l'utilisation de l'appellation 'Chocolate'. Les variétés principalement concernées sont : 'Giboshi', 'Hyakume', 'Yamato Hyakume' ,et le groupe 'Maru'. En ce qui concerne 'Maru', je précise "groupe" car il s'agit d'une appellation recouvrant plusieurs variétés (voir paragraphe suivant).

 

MARU 

Observation 1 : ce nom de variété prête à confusions car il est utilisé pour désigner plusieurs variétés différentes ayant un nom composé qui comporte le terme 'Maru' : 'Dai Dai Maru', 'Zengi Maru', 'California Maru' etc. Il convient donc, si une variété est présentée sous la simple appellation 'Maru', de déterminer de quelle variété précise il est question... Toutes les variétés du groupe 'Maru' sont du type PVNA (à fruit dont la pulpe devient brun foncé s'il a été fécondé et comporte un nombre suffisant de pépins).

Observation 2 : j'ai constaté l'utilisation assez fréquente aux USA de l'appellation 'Chocolate' pour les variétés du groupe 'Maru'.

 

SMITH'S BEST

Cette variété a été sélectionnée aux USA par John Russel Smith, propriétaire de la  pépinière Tree Crops Farm à Round Hill en Virginie et qui fut l'un des promoteurs des variétés rustiques de Diospyros kaki (la pépinière n'existe plus...). Bien que cette variété présente une pulpe couleur brun foncé à maturité avec pépins, son origine précisément connue et son nom américain ont permis d'éviter qu'elle fasse partie des variétés appelées indûment 'Chocolate'. Toutefois, elle fait aussi l'objet d'une possible confusion car certains auteurs considèrent qu'il s'agit de la variété japonaise 'Giboshi', et la présente comme synonyme de celle-ci...

 

COFFEE CAKE

La variété nommée 'Coffee Cake' aux USA est la variété japonaise 'Nishimura Wase'. Cette variété, de type PVNA  et de maturité très précoce, fait aussi partie des variétés dont la pulpe du fruit devient brun foncé s'il y a eu pollinisation et s'il y a présence de pépins en nombre suffisant. Toutefois 'Coffee Cake' (alias 'Nishimura Wase') semble, comme 'Smith's Best', ne pas être concernée par l'appellation 'Chocolate' et donc échapper à la confusion engendrée par celle-ci. Je pense que c'est pour la même raison (nom américain donné directement à la variété). Ajoutons qu'il pourrait y avoir une seconde raison. Bien que je n'aie pas pu comparer l'aspect de l'intérieur d'un fruit fécondé des variétés 'Tsuru-No-ko' (alias 'Chocolate') et 'Nishimura Wase' (alias 'Coffee Cake'), il semblerait que l'on puisse noter des différences assez nettes au niveau de l'intensité de la couleur brune (moindre chez 'Nishimura Wase'), et surtout de son uniformité (moindre chez 'Nishimura Wase'). Mais cette seconde explication n'est qu'une hypothèse que je tire des lectures des articles américains spécialisés, et elle demande à être vérifiée...

 

 

Début article   Retour à la liste des articles Articles Kaki