Les fruitiers rares |
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Article publié en 2014, enrichi en 2020. |
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Goyavier de Cattley
Observation du feuillage et de la floraison
Le Goyavier de Cattlley (Psidium cattleianum Sabine), qui produit des fruits rouges, et sa variété à fruits jaunes (Psidium cattleianum var. lucidum Hort.) appartiennent à la famille des Myrtaceae et sont originaires du Brésil. En France, les personnes qui connaissent Psidium cattleianum Sab. le désignent souvent par le nom de Goyavier de Cattley, mais on rencontre aussi les noms de Goyavier Fraise et Goyavier de Chine (qui me paraissent fantaisistes...). La variété à fruits jaunes n'a pas de nom français. Pour la désigner, on entend souvent : Goyavier de Cattley à fruits jaunes ou Goyavier Fraise à fruits jaunes. Il ne faut pas confondre le Goyavier de Cattley (et surtout sa variété à fruits jaunes) avec le Goyavier vrai (Psidium gujava L.), espèce tropicale beaucoup moins rustique qui produit de gros fruits jaunes. Ce sont les fruits de Psidium gujava L. que l'on trouve sur les étals sous le nom de goyave. J'ai expérimenté la culture du Goyavier de Cattley et de sa variété à fruits jaunes en plein champ pendant dix ans (voir rapport d'expérimentation) et, aujourd'hui, je cultive quatre pieds de Goyavier de Cattley dans mon jardin de la région de Toulon (trois à fruits rouges d'origines différentes et un à fruits jaunes). Je rapporte ci-après mes observations du feuillage et de la floraison de cette espèce.
OBSERVATION DU FEUILLAGE
ASPECT GÉNÉRAL Je dois souligner que la faiblesse de croissance observée pendant les dix années de l’essai de culture n’a pas altéré l’attrait ornemental
du feuillage persistant des plants de Goyavier de Cattley. Même après une reconstitution dans la saison, consécutivement à une défoliation hivernale partielle ou totale lors des épisodes de grands froids évoqués supra (observations de rusticité). Psidium cattleianum Sab. : feuillage persistant attractif.
DISPOSITION DES FEUILLES SUR LE RAMEAU En examinant un rameau, j’observe queles feuilles sont opposées
décussées : le long de la tige, elles se trouvent au même niveau par deux,
se faisant face de part et d'autre de celle-ci, et chaque paire de
feuilles opposées forme un angle de 90° avec la paire suivante et la paire
précédente. Psidium cattleianum Sab. : feuilles opposées décussées (aspect général du rameau).
Psidium cattleianum Sab. : feuilles opposées décussées (détail de la disposition).
Psidium cattleianum Sab. : feuilles opposées décussées (détail de la disposition).
DÉTAIL DE LA FEUILLE L'examen des feuilles de plusieurs rameaux sur différents plants (exemple sur photographie suivante) m'a permis de déterminer les caractéristiques individuelles de celles-ci. Psidium cattleianum Sab. : feuilles (rameau de l'année). J'ai noté que les feuilles, plutôt petites et de taille variable, sont coriaces et vernissées. De forme elliptique à sublancéolée, entières (bord lisse) et à
pétiole court. Base cunéiforme à atténuée ; sommet aigu à acuminé, parfois obtus ou
émarginé. Psidium cattleianum Sab. : différents sommets de feuilles.
STIPULES DES FEUILLES Sur les photographies en plan rapproché, je note la présence de deux stipules sétacées situées de part et d'autre de la base des feuilles (base du pétiole, pour les feuilles assez âgées pour que celui-ci soit différencié). Brunes et légèrement recourbées, elles sont quasiment invisibles à l'oeil nu. Psidium cattleianum Sab. : stipules de part et d'autre de la base des feuilles.
Psidium cattleianum Sab. : stipules de part et d'autre de la base des feuilles.
Psidium cattleianum Sab. : stipules de part et d'autre de la base des feuilles. Sur les agrandissements photographiques, je remarque que les stipules associées à une feuille ne tombent pas en même temps que celle-ci. Psidium cattleianum Sab. : stipules au point d'attache des pétioles des feuilles tombées. Je pense que les stipules de la base des feuilles finissent par se dessécher à la suite de la chute de celles-ci, mais je n'ai pas réalisé d'observations permettant d'établir dans quel délai, ni même de l'assurer de façon certaine. J'ai pu observer de façon rare la présence de quatre stipules (au lieu de deux) à la base des feuilles. Psidium cattleianum Sab. : stipules au nombre de quatre au point d'attache du pétiole d'une feuille tombée.
COMPARAISON FEUILLAGE ESPÈCE TYPE ET VARIETÉ J'ai remarqué que le feuillage de la variété à fruits jaunes est légèrement plus clair que celui de l’espèce type à fruits rouges. Cette différence est visible à l'oeil nu, mais je concède aisément qu’il faut posséder un œil averti pour
la distinguer sur les plants. Psidium cattleianum Sab. : comparaison couleur des feuilles espèce type et variété à fruits jaunes.
Psidium cattleianum Sab. : comparaison couleur des feuilles espèce type et variété à fruits jaunes. Cette différence de couleur est plus ou moins marquée, mais existe toujours. Il convient d'examiner les feuilles du bois de 1 an et plus, de façon à éliminer les couleurs plus claires des jeunes feuilles des rameaux de l'année. Psidium cattleianum Sab. : comparaison des feuilles (espèce type, à gauche ; variété à fruits jaunes, à droite). Une deuxième différence visible à l'oeil nu est l'aspect de la nervure centrale sur l'avers de la feuille : verdâtre (parfois brunâtre) et fine chez l'espèce type, elle est jaunâtre et plus large chez la variété à fruits jaunes. La différence de largeur est plus nette sur les deux premiers tiers à partir du pétiole. Une troisième différence est souvent perceptible sur l'avers du limbe : la nervation est nettement plus visible chez la variété à fruits jaunes. En particulier, en périphérie (le long du bord de la feuille) et au niveau des nervures tertiaires qui constituent un maillage entre les nervures secondaires. Cependant, ce troisième critère de différenciation n'est pas toujours présent. Pour un même plant de la variété à fruits jaunes, il est visible à l'oeil nu sur certaines des feuilles, mais, pour d'autres, il n'existe pas ou il faut recourir à la loupe pour l'observer. De plus, de façon exceptionnelle, les nervures périphériques et tertiaires sont nettement perceptibles à la loupe sur certaines feuilles d'un plant de l'espèce type.
OBSERVATION DE LA FLORAISON
ÉPOQUE J'ai remarqué que la floraison de la variété à fruits jaunes de Psidium cattleianum Sab. est plus précoce que celle de l'espèce type à fruits rouges. Cela peut paraître surprenant car la fructification de la variété à fruits jaunes est plus tardive que celle de l'espèce type. J'ai pu observer que lors des hivers doux les premiers boutons floraux de la variété à fruits jaunes apparaissent dès la première décade de février. Ceux de l'espèce type à fruits rouges ne commençant à émerger qu'à la mi-mars.
POSITION DES FLEURS SUR LE PLANT J'ai noté que la floraison se produit uniquement sur les rameaux de l'année. Lors de leur émergence et pendant leur allongement, ceux-ci sont verdâtres lavés de rouge. Les feuilles les plus développées, situées à leur extrémité, sont de couleur rouille. Psidium cattleianum Sab. : rameaux de l'année florifères, tranchant par leur couleur sur le feuillage âgé. Les rameaux de l'année naissent principalement sur les rameaux de l'année précédente (bois de un an). Mais j'ai observé aussi, plus rarement, l'émergence de rameaux porteurs de fleurs sur du bois de charpentières âgées de plusieurs années. Sur le rameau de l'année précédente, les rameaux de l'année porteurs de fleurs sont souvent issus des bourgeons qui encadrent le bourgeon apical, à l'aisselle des deux dernières feuilles. Mais ils sont nombreux à naître de façon axillaire le long du rameau.
Psidium cattleianum Sab. : émergence des rameaux de l'année florifères.
Psidium cattleianum Sab. : émergence d'un rameau de l'année florifère au sommet d'un rameau de 1 an. Au fur et à mesure de l'allongement du rameau de l'année, des boutons floraux apparaissent et j'ai remarqué que ceux-ci se concentrent principalement au début du rameau (premiers nœuds).
ÉVOLUTION DES FEUILLES ACCOMPAGNATRICES DES FLEURS Sur les rameaux de l'année, les feuilles se présentent initialement sous forme d'écailles (d'abord verdâtres, puis rougeâtres) plaquées le long de la tige. Certaines de ces feuilles à l'état d'écailles rougeâtres s'écartent de la tige et laissent apparaître à leur aisselle un bouton floral verdâtre muni de deux bractéoles rougeâtres.
Psidium cattleianum Sab. : feuilles initialement sous forme d'écailles rougeâtres plaquées contre le rameau. Lorsque le bouton floral commence à grandir, dans un nombre important de cas, la feuille qui lui est accolée sèche et finit par tomber alors qu'elle est toujours au stade d'écaille. Psidium cattleianum Sab. : dessèchement et détachement à l'état d'écailles des feuilles accompagnant les boutons floraux. Mais, dans d'autres cas, la feuille accompagnatrice se développe en même temps que le bouton floral, en s'étirant et en quittant progressivement l'état d'écaille. Un pétiole court se forme et le limbe se constitue, prenant tout d'abord une couleur rouille. A complet développement, le limbe virera au vert clair (le vert deviendra plus foncé lorsque la feuille sera âgée). Psidium cattleianum Sab. : feuilles accompagnatrices de boutons floraux - 3 stades de développement.
ÉMERGENCE DE BOUTONS FLORAUX AU-DESSUS DE CICATRICES DE FEUILLES Sur les courts rameaux de l'année commençant à se développer (taille inférieure à 2 cm), j'ai pu examiner à la loupe des boutons floraux venant d'émerger (taille de 1 à 2 mm) et constater qu'ils se situaient à l'aisselle de cicatrices de feuilles tombées. Psidium cattleianum Sab. : rameau de l'année (rougeâtre) en cours de développement ; longueur réelle : 18 mm.
Psidium cattleianum Sab. : quatre boutons floraux (tailles 1 à 2 mm) à l'aisselle de cicatrices de feuilles tombées. Cette observation fait ressortir le caractère très précoce de la chute de certaines feuilles (en fait, au stade de minuscules écailles verdâtres) et révèle que l'absence de feuilles n'entrave pas l'émergence et le développement de boutons floraux à l'aisselle des cicatrices des feuilles tombées. La chute extrêmement précoce des feuilles n'inhibe pas l'activité des méristèmes situés à l'aisselle de celles-ci.
DISPOSITION DES FLEURS SUR LE RAMEAU La disposition des fleurs le long du rameau est opposée décussée, suivant celle des feuilles à l'aisselle desquelles elles se trouvent. Psidium cattleianum Sab. : boutons floraux, en position opposée décussée sur rameau de l'année.
Psidium cattleianum Sab. : boutons floraux, en position opposée décussée.
DÉTAIL DE LA FLEUR Lorsque le bouton floral apparaît nettement, je distingue 4 sépales courts verts collés les uns aux autres et surmontant un ovaire cunéiforme verdâtre lavé de rouge, porté par un court pédoncule de même couleur que lui. A la limite entre le pédoncule et l'ovaire se trouvent deux bractéoles (préfeuilles) assez larges et pointues, de couleur rougeâtre, en position opposée. Psidium cattleianum Sab. : boutons floraux non ouverts à l'aisselle de feuilles en forme d'écailles. J'ai remarqué que les bractéoles sèchent assez rapidement et tombent avant l'ouverture du bouton floral. Psidium cattleianum Sab. : dessèchement et chute des bractéoles du boutons floral. Sur les photographies en plan rapproché, je note que les deux stipules de la base des feuilles sont déjà présentes alors que la feuille est au stade d'une écaille rouge accompagnant les boutons floraux (sans pétiole différencié). Psidium cattleianum Sab. : stipules de part et d'autre de la base de la feuille rougeâtre accompagnant le bouton floral. Les agrandissements photographiques révèlent l'existence de deux stipules sétacées situées de part et d'autre de la base des bractéoles (à la jonction de l'ovaire et du pédoncule), minuscules et totalement invisibles à l'oeil nu. J'ai noté qu'elles ne tombent pas en même temps que les bractéoles. Psidium cattleianum Sab. : stipules de part et d'autre de la base des bractéoles de la fleur. Je pense que les stipules de la base des bractéoles finissent par se dessécher à la suite de la chute de celles-ci, mais je n'ai pas réalisé d'observations permettant d'établir dans quel délai, ni même de l'assurer de façon certaine.
ÉVALUATION DE LA FLORAISON Si, après mes nombreuses années d’observation, je considère que le feuillage de Psidium
cattleianum Sab. constitue un réel atout ornemental, il n’en est pas de même
pour sa floraison, en fait insignifiante. Celle-ci ne provoque pas d’effet de masse spectaculaire, tel qu'observé chez le Myrte. Les fleurs blanches minuscules s'ouvrent de façon échelonnée, par petits groupes de deux à quatre. Psidium cattleianum Sab. : fleurs. Les fleurs sont typiques de la famille des Myrtaceae. Qui a vu une fleur de
Myrte a vu une fleur de Goyavier de Cattley. Psidium cattleianum Sab. : fleur. La fanaison intervient rapidement. Psidium cattleianum Sab. : fleurs commençant à se faner.
Psidium cattleianum Sab. : fleurs fanées (noter la taille minuscule).
Psidium cattleianum Sab. : fleurs fanées.
Je livre dans un autre article mes observations de fructification de Psidium cattleianum Sab. et de sa variété à fruits jaunes, ainsi que mon expérience de la consommation de leurs fruits.
Début article Goyavier de Cattley
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