Les fruitiers rares |
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Article publié en 2014, enrichi en 2018. |
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Le curieux plaqueminier à fruits verts
Il y a une dizaine d'années, alors que j'exerçais encore mon activité de pépiniériste, un de mes correspondants résidant dans la région de Salon-de-Provence me fit part de l'existence d'un "Kaki à fruits verts" à proximité de chez lui. Des fruits verts à maturité ? Je fus très intrigué car au cours de ma carrière je m'étais particulièrement intéressé aux fruitiers méditerranéens et subtropicaux et je n'avais rencontré que des Kakis à fruits de couleur orange ou rougeâtre à maturité.Mais, ce correspondant étant sérieux, je lui demandai quelques informations complémentaires, et surtout la possibilité d'obtenir des greffons de ce mystérieux Kaki. Peut-être s'agissait-il d'une autre espèce de plaqueminier (Diospyros) que le Kaki ? Ce ne dut pas être aussi facile que je le pensais, car cela prit du temps ; mais je pus obtenir quelques greffons. Intrigué par le Plaqueminier à fruits verts que je pratiquais pour la première fois, j'ai noté mes observations de culture, et j'en rends compte ci-après selon le plan suivant : croissance / rusticité, bois, feuillage, floraison, fructification, consommation.
CROISSANCE / RUSTICITÉ
Je ne me souviens plus du taux de réussite des greffes, mais il fut faible et les scions étaient petits... J'ai planté directement mon arbre en pleine terre, et, au cours des hivers suivants, j'ai constaté des pertes de rameaux dues au froid, les dégâts étant d'autant plus importants que le végétal était affaibli. Je me suis demandé si ce plaqueminier n'était pas de rusticité limite par rapport à mon climat, mais le pied-mère se trouvant à proximité de Salon-de-Provence, cela aurait été surprenant qu'il résiste moins bien sous mon climat à Aubagne. A moins que le pied-mère n'ait bénéficié d'une protection particulière qui m'était inconnue... Le démarrage a été difficile et l'arbre a faiblement poussé les premières années. Je me suis interrogé sur la compatibilité avec le porte-greffe, qui est un Diospyros lotus. J'ai vérifié le point de greffe chaque année. L'affinité avec le porte-greffe m'a paru satisfaisante,
du moins au niveau des décollements/cassures que l'on observe parfois. Après un hiver doux au cours duquel il n'a pas perdu de bois, il a vigoureusement poussé : beaux rameaux sur les branches principales et même une pousse de 1,30 m près du point de greffe. Et ainsi, au bout de six ans, mon arbre faisait 2,60 m de haut. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : silhouette d'hiver d'un arbre de 6 ans, faisant 2,60 m de haut.
L'année suivante, l'arbre s'est significativement renforcé et il présentait un bel aspect général. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : aspect d'été d'un arbre de 7 ans.
Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : feuillage d'un arbre de 7 ans. Au-delà des difficultés de démarrage, le Plaqueminier à fruits verts me semble être de vigueur modérée. Je pense qu'il est 30 % moins vigoureux que mes variétés standard de Kaki. Sa vigueur est semblable à celle de Diospyros kaki 'Giant Fuyu' (faible vigueur pour un Kaki) ou de Diospyros virginiana 'Meader'. J'ai interrogé Raphaël Colicci, détenteur de la collection de Diospyros rustiques agréée par le CCVS, que je connais bien, sur sa pratique du Plaqueminier à fruits verts. Il m'a indiqué qu'il n'avait planté qu'un seul sujet de cette espèce et qu'il l'avait récemment perdu par dégâts de sangliers, comme cela a été le cas pour une partie de sa collection de Diospyros. Il m'a précisé qu'il avait prélevé ses greffons chez un agriculteur des Bouches-du-Rhône, originaire d'Afrique du Nord. Recoupement fait, il s'agit de la même source que celle de mon spécimen... Malgré la perte de son sujet, Raphaël Colicci a pu me fournir quelques observations de culture. Son spécimen a eu du mal à démarrer, comme le mien, mais, selon lui, dans des conditions climatiques et de sol beaucoup plus défavorables. L'arbre a en outre souffert du froid dans cette région de l'arrière-pays de Montpellier (pertes de rameaux gelés tous les ans). L'année précédant sa disparition, il a quand même produit deux fruits. Raphaël Colicci m'a également indiqué que, quelques années auparavant, il avait apporté un jeune scion (greffé) de l'espèce à François Drouet, collectionneur de fruitiers rares de la région de Toulon. Mais ce jeune plant est mort deux ans après sa plantation. Il s'est desséché pour des raisons inconnues. Cela confirme les difficultés de démarrage de l'espèce. La faible rusticité rapportée par Raphaël Colicci, comparée à celle du Kaki dont il cultive des dizaines de variétés sans problèmes, rejoint mon observation et induit une interrogation sur la véritable rusticité du Plaqueminier à fruits verts. Je pense que celle-ci reste à déterminer. L'hiver dernier a été doux et la présente année est la plus chaude depuis 1900... On ne peut donc pas se baser sur les deux dernières années pour juger de la rusticité de l'espèce. Louis Trabut, botaniste et médecin qui dirigeait le Service botanique d'Algérie, a étudié le Plaqueminier à fruits verts dans ce pays et le présente en 1925 dans un article de la Revue de botanique appliquée comme étant en limite de rusticité dans le Midi de la France. Références bibliographiques complètes et reproduction in extenso du texte de Louis Trabut dans un article de François Drouet relatif à l'identification du Plaqueminier à fruits verts (voir lien en fin du présent article).
BOIS
J'ai constaté que le bois est assez sensible au vent, qui peut être assez fort dans ma région. L'écorce est blanchâtre, plus claire que celle d'un Kaki. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : tronc double d'un arbre greffé de 7 ans. J’ai observé que la moelle du jeune bois est cloisonnée, comme l’est par
exemple celle des jeunes rameaux de noyer. Plaqueminier à fruits verts : moelle cloisonnée des jeunes rameaux.
Plaqueminier à fruits verts : cloisonnement de la moelle des jeunes rameaux.
FEUILLAGE
Mais c'est le feuillage qui m'a vraiment surpris. Il est différent de celui du Kaki. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : feuillage de début d'été d'un arbre de 7 ans.
Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : feuillage de début d'été.
Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : feuillage en début de saison. Les feuilles sont pendantes, probablement en raison de leur poids, et donnent à l'arbre un aspect singulier. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : rameau en cours d'été. On dirait même que l'arbre souffre de déshydratation. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : jeune rameau en cours d'été. La feuille est plus grande et plus allongée que celle du Kaki, mais beaucoup plus étroite par rapport à sa longueur. Sa forme générale est sub-lancéolée. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : feuilles en cours d'été.
Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : jeunes feuilles.
Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : feuilles en début de saison. Les feuilles les plus courantes sur l'arbre font environ 14 cm de long et 4 cm de large, mais les plus grandes atteignent 25 cm de long pour 8,5 cm de large. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : feuilles en fin de saison. Leur texture est particulière : elles sont légèrement pubescentes, épaisses, d'un tissu mou, comme feutré. Le Plaqueminier à fruits verts conserve ses feuilles plus longtemps que mes Kakis. La chute des feuilles intervient dix à vingt jours plus tard selon la variété considérée et à vigueur égale.
FLORAISON
CARACTERISTIQUES GÉNÉRALES Après son démarrage difficile, l'arbre a fleuri une première fois à l'âge de 5 ans, mais n'a pas fructifié. L'année suivante, âgé de 6 ans, il a fleuri plus abondamment et a fructifié. Comme pour le feuillage, j'ai été surpris par la floraison. Celle-ci est composée exclusivement de fleurs femelles, mais cela est vraisemblablement spécifique à mon spécimen. Comme nous le verrons infra par le témoignage d'un internaute, le Plaqueminier à fruits verts peut aussi porter des fleurs mâles. Les fleurs femelles que j'ai observées ont la structure générale des fleurs du genre Diospyros, mais elles sont différentes des fleurs femelles de Diospyros kaki. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : floraison femelle.
Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : fleurs femelles.
Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : fleur femelle dont les pétales commencent à s'ouvrir. De prime abord, avant tout examen détaillé de la fleur, on remarque deux caractéristiques générales. D'une part, les fleurs sont nettement plus petites que celles de Diospyros kaki (leur taille est de l'ordre de celle des fleurs de Diospyros virginiana). D'autre part, contrairement aux fleurs de Diospyros kaki, leur
port est nettement pendant (le pédoncule est plus mince et un peu plus long que celui de la fleur de Diospyros kaki). Voici, sur table, la comparaison des fleurs. Fleur femelle du Plaqueminier à fruits verts, à gauche, et de Diospyros kaki, à droite.
Fleur femelle du Plaqueminier à fruits verts, à gauche, et de Diospyros kaki, à droite.
BOUTONS FLORAUX La floraison a lieu sur le bois de l'année, c'est à dire sur les jeunes rameaux verts nés au printemps. Les bourgeons à fleur (boutons floraux) étant situés à l'aisselle des feuilles. Plaqueminier à fruits verts : bouton floral femelle.
Plaqueminier à fruits verts : bouton floral femelle. Sur la photographie ci-dessus, je ne sais pas expliquer la petite protubérance allongée velue située en bas à droite, à la base du sépale en formation (excroissance incontrôlée qui ne joue aucun rôle dans la fleur ?). J'ai remarqué que les boutons floraux femelles sont de petite taille et qu'ils sont particulièrement velus. Plaqueminier à fruits verts : boutons floraux femelles. Je note que : l'ovaire est infère, les deux bractées opposées (sur le pédoncule, nettement au-dessous de l'ovaire) sont bien développées, les bords de chacun des sépales sont déjà relevés et roulés l'un vers l'autre.
Plaqueminier à fruits verts : bouton floral femelle.
FLEURS MÂLES Le témoignage d'un lecteur m'a éclairé sur la présence de fleurs mâles sur le Plaqueminier à fruits verts. Cet internaute m'a indiqué avoir observé sur son spécimen âgé de 6 ans (ayant produit une centaine de fleurs cette saison) une très forte présence de fleurs mâles, portées par des rameaux très fins. Les tiges de l'année très fines sont présentes en grande quantité, ce qui l'a étonné au début. Mais ce phénomène est normal car chez les plaqueminiers les fleurs mâles apparaissent sur des tiges de l'année plus fines que celles sur lesquelles apparaissent les fleurs femelles. Tige fine (indice de fructification mâle) et feuilles du Plaqueminier à fruits verts. Il se demande même si son sujet n'est pas uniquement mâle, car il n'a obtenu aucune fructification. Cela ne serait pas étonnant car c'est le cas pour certains individus de l'espèce Diospyros kaki. L'examen des photographies des fleurs mâles aimablement envoyées par cet observateur montre une certaine analogie avec les fleurs mâles de Diospyros kaki. On remarque aussi sur ces photographies que les fleurs mâles, comme pour Diospyros kaki, se présentent souvent en cymes triflores. Fleur mâle du Plaqueminier à fruits verts. Les fleurs mâles du Plaqueminier à fruits verts sont de très petite taille, comme le montre la photographie ci-après sur laquelle on peut les comparer à la taille d'une cuillère à soupe. Fleurs mâles du Plaqueminier à fruits verts (noter leur très petite taille, la cuillère donnant l'échelle). La forme des fleurs mâles du Plaqueminier à fruits verts est en grelot, comme celles de Diospyros kaki, mais elles paraissent plus allongées que ces dernières. Fleurs mâles du Plaqueminier à fruits verts. Les sépales de la fleur mâle sont courts et plats. Même lorsque la fleur est épanouie, ils ne touchent pas le point où les pétales se retournent sur eux-mêmes et ils ne s'intercalent pas entre ceux-ci. Les pétales se retournent d'ailleurs faiblement, contrairement à ce que l'on constate chez la fleur femelle. On observe des étamines courtes groupées au centre de la fleur mâle, sans présence d'organes femelles (styles et stigmates). Fleurs mâles du Plaqueminier à fruits verts. La présence prédominante, voire exclusive, de fleurs mâles sur ce spécimen de Plaqueminier à fruits verts m'a conduit à réfléchir sur l'observation de seules fleurs femelles sur mon propre spécimen. En fait, mon observation a porté sur un nombre de fleurs peu élevé (sujet jeune et ayant été rabattu pour prélèvement de greffons), et, selon mon expérience de la floraison des plaqueminiers, je n'exclus pas que l'arbre produise des fleurs mâles sur certains rameaux à l'avenir. Une autre hypothèse pourrait être que je suis en possession d'un individu issu d'une souche sélectionnée pour sa productivité car elle ne présente que des fleurs femelles et produit sa fructification par parthénocarpie (sans fécondation).
DÉTAIL DE LA FLEUR FEMELLE L'examen détaillé des fleurs du Plaqueminier à fruits verts montre qu'en sus de la taille et du port elles diffèrent de celles de Diospyros kaki par plusieurs caractères : sépales et pétales velus, sépales très étroits et roulés en forme de double cône, sépales s'insérant entre
les pétales par la pointe, pétales fortement retournés. En outre, en enlevant les sépales et les pétales, on observe que l'ovaire est très velu, contrairement à celui de la fleur de Diospyros kaki qui est lisse. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : fleur femelle vue de dessous. Comme chez Diospyros kaki, la corolle est quadrilobée (4 pétales soudés entre eux par la base) et il en va de même pour le calice (4 sépales soudés entre eux par la base). Je n'ai pas noté de fleurs à calice et corolle pentalobés (5 sépales et 5 pétales soudés), mais je n'exclus pas qu'il
puisse en exister, comme c'est le cas, de façon minoritaire, chez les fleurs de Diospyros kaki. Les sépales et les pétales sont velus. Les sépales sont étroits, avec les bords roulés l'un vers l'autre en une sorte de cône fendu allongé. Leurs bords sont jointifs et, vus de dessous, ils apparaissent comme de simples pointes. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : fleur femelle.
Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : fleur femelle, forme du sépale. Les sépales s'insèrent par la pointe entre les pétales. Ceux-ci sont fortement retournés. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : fleurs femelles. Comme c'est le cas chez Diospyros kaki, j'ai noté la présence de deux bractées au niveau du pédoncule. Elles sont lancéolées et tombent avant que la fleur ne soit complètement éclose. J'ai pu en observé quelques unes, résiduelles et esseulées, sur certaines fleurs écloses. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : fleur femelle avec une bractée résiduelle sur le pédoncule. Une cicatrice au niveau du pédoncule montre l'emplacement des bractées qui sont tombées (deux par fleur). Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : fleur femelle, cicatrice de la bractée qui est tombée.
Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : fleur femelle avec une bractée résiduelle sur le pédoncule. Je n'ai pas pu dénombrer les styles, qui doivent être multiples et soudés sur une partie de leur longueur. Ils sont libres au sommet et porteurs de stigmates que je n'ai pas non plus pu dénombrer.
Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : fleur femelle (extrémités des styles et stigmates).
Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : fleur femelle (extrémités des styles et stigmates). Comme chez Diospyros kaki, j'ai pu observer à l'intérieur de la corolle de la fleur femelle la présence de staminodes (étamines incomplètement développées et stériles). Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : staminodes autour des styles et stigmates (fleur femelle). Les staminodes sont directement fixés sur le bas de la corolle. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : staminodes insérés à la base de la corolle (fleur femelle).
Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : détail d'un staminode implanté à la base de la corolle (fleur femelle). En enlevant la corolle et le calice, je constate que l'ovaire est velu, contrairement à celui de Diospyros kaki, qui est lisse. Il en est de même pour les styles. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : ovaire, styles et stigmates (fleur femelle).
FRUCTIFICATION
ÉPOQUE / PRODUCTIVITÉ Pour sa première fructification, à l'âge de 6 ans, mon plaqueminier à fruits verts a produit une quinzaine de fruits, ce qui est une bonne productivité compte tenu de sa taille. J'ai constaté que la floraison est abondante, et que beaucoup de fruits se forment, mais il se produit une importante chute de jeunes fruits en cours de développement ; toutefois pas plus que sur mes diverses variétés de Kaki. La fructification est tardive et les fruits tiennent longtemps sur l'arbre. Vers le 25 novembre, la majorité des fruits sur l'arbre n'étaient pas encore mûrs. Et, le 10 décembre, il restait encore deux fruits sur l'arbre et ils n'étaient pas complètement mûrs. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : la fructification est tardive. Le fruit est de taille moyenne à assez grosse, pour le fruit d'un plaqueminier (Diospyros). Plus grand qu'un fruit de Diospyros virginiana, mais plus petit qu'un gros fruit de Diospyros kaki. Le diamètre des fruits que j'ai récoltés variait entre 5 cm et 6,3 cm. L'année suivante, la récolte a été un peu plus importante et une dizaine de fruits étaient encore sur l'arbre (dépourvu de feuilles) à la mi-décembre. Plaqueminier à fruits verts : reliquat de fructification à la mi-décembre. Même à cette époque les fruits sont à différents stades d'évolution sur l'arbre, certains non encore complètement mûrs, d'autres mûrs et quelques uns en surmaturité. Plaqueminier à fruits verts : groupe de fruits à la mi-décembre.
OBSERVATION DES FRUITS EN COURS DE DÉVELOPPEMENT Le fruit ressemble à un kaki, mais il est vert sombre, d'un vert différent de celui des kakis immatures. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : fruits en cours de développement.
Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : fruit en cours de développement. Sa forme est sphérique déprimée à légèrement oblongue. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : fruit en cours de développement. Le fruit est duveteux, ce qui est un caractère distinctif par rapport au Kaki. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : le fruit est duveteux. Il semble que la face insolée du fruit en cours de maturation perde rapidement la plus grande partie de son duvet, contrairement aux autres parties du fruit. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : le fruit est presque glabre sur la face insolée, duveteux ailleurs. Plus généralement, la densité du duvet sur le fruit n'est pas uniforme. On observe des plaques presque glabres de différentes tailles. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : la densité de villosité du fruit n'est pas uniforme. En fait, la villosité diminue au fur et à mesure de la croissance du fruit. Toutefois, elle ne disparaît pas totalement à maturité, quoique faible à ce stade. Concernant le calice, j'observe que sa partie soudée est plaquée sur le fruit et que les parties libres des sépales se sont plus ou moins dépliées, mais pas complètement. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : fruit en cours de développement. Les bords de chaque sépale sont relevés par rapport à la surface du fruit et sont restés roulés l'un vers l'autre en une sorte de cône fendu. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : détail du calice sur le fruit en cours de développement.
ÉVOLUTION DE LA COULEUR DU FRUIT Lorsque le fruit atteint sa taille maximale, il commence à changer de couleur en passant du vert sombre au vert jaunâtre. Plaqueminier à fruits verts : fruit commençant à mûrir (couleur vert jaunâtre). Lorsque le fruit est mûr, il ne tourne pas à l'orange ou au rouge comme chez le Kaki. Il reste verdâtre mais sa couleur tire nettement sur le roux. Plaqueminier à fruits verts : fruit mûr (couleur verdâtre roux). Le fruit mûr est parsemé de taches noires, souvent en forme de raies. Les fruits mûrs tiennent longtemps sur l'arbre et finissent par tomber alors qu'ils sont de couleur verdâtre roux. Mais il arrive que des fruits en surmaturité prennent une teinte jaunâtre, qui attire les oiseaux qui délaissaient les fruits jusqu'alors. Plaqueminier à fruits verts : fruit en surmaturité (teinte jaunâtre). Cette teinte jaunâtre n'est pas la couleur jaune clair des kakis en cours d'évolution vers la maturité et est bien différente de la couleur orange des kakis mûrs, comme le montre la photographie ci-après. Diospyros kaki 'Farmacista Cicilia' : couleur du fruit mûr. L'échelonnement des maturités fait coexister les différentes couleurs du fruit dans les groupes de fruits tardifs. Plaqueminier à fruits verts : échelonnement de la maturité des fruits. Avec un oeil exercé, on reconnaît facilement les stades de maturité. J'en donne un exemple en commentant la photographie qui suit. Plaqueminier à fruits verts : groupe de fruits à la mi-décembre. Sur la photographie ci-dessus : les deux fruits jaunâtres, attaqués par les oiseaux du fait de leur couleur, sont en surmaturité ; les trois fruits roux sont mûrs et consommables (les deux en haut à gauche et celui en arrière-plan, en bas à droite) ; les trois autres fruits, plus verdâtres, ne sont pas encore complètement mûrs (les deux du bas et celui au centre, au-dessus d'eux).
OBSERVATION DES FRUITS MÛRS Fruits sur table. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : fruits.
Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : fruits (fruit à gauche vu de dessous).
Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : fruits (fruit à droite vu de dessus).
Particularités. En prenant pour exemple un fruit en surmaturité jaunâtre, je mets l'accent sur deux particularités. En premier lieu, la forme du calice. En fin de vie du fruit, elle conserve sa forme typique avec la partie libre de chaque sépale non plaquée sur la surface du fruit et dont les bords sont restés plus ou moins roulés l'un vers l'autre. Même si la couleur des fruits prévient toute confusion avec ceux de Diospyros kaki pour un oeil averti, il s'agit d'un indice d'identification qui peut servir en cas de doute. Plaqueminier à fruits verts : calice d'un fruit à surmaturité. En second lieu, la villosité résiduelle que l'on peut observer sur certaines zones du fruit, ce qui n'est pas le cas avec les fruits de Diospyros kaki dont la surface est lisse, quel que soit le stade d'évolution du fruit. Même si la villosité à la surface du fruit est très réduite par rapport à celle observée sur les fruits en formation, un examen attentif du fruit en fin de vie permet de constater qu'elle persiste à certains endroits. Plaqueminier à fruits verts : villosité résiduelle (réduite) sur un fruit en surmaturité.
Pulpe. La pulpe est jaune verdâtre, même à maturité, stade où elle fonce un peu. C'est une autre différence avec Diospyros kaki Thunb. On constate pour certains fruits que la columelle, au centre du fruit, est vide ou peu remplie, contrairement à ce que l'on observe dans un kaki. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : intérieur du fruit mûr. A titre de comparaison pour la texture et la couleur, voici l'intérieur d'un kaki blet. Diospyros kaki Thunb. : intérieur d'un fruit blet.
Pépins. J'ai remarqué une absence de pépins dans presque tous les fruits goûtés, avec, parfois, un ou deux pépins avortés. Ceci malgré la présence de nombreux sujets de Kaki à proximité. Raphaël Colicci a fait la même observation que moi. Les fruits qu'il a consommés ne contenaient pas de pépins, ou très peu. Toutefois, il peut arriver que le fruit comporte un nombre élevé de pépins, comme en témoigne la photographie ci-après que m'a fait parvenir François Drouet. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : fruit mûr en coupe transversale. Le fruit photographié provenait d'un des deux spécimens de la région de Salon-de-Provence, et faisait partie d'un lot dont tous les autres fruits étaient aspermes ou ne comportaient qu'un seul pépin. Il est possible que l'un des deux sujets précités porte quelques fleurs mâles qui pollinisent un faible nombre de fleurs femelles... Les loges carpellaires sont au nombre de 8. Le fruit peut donc potentiellement porter un nombre maximum de 8 pépins. Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : pépin et sa loge carpellaire. Les pépins sont assez grands, plutôt plats et ont une forme de demi-lune. Il est heureux que mon spécimen produise en quasi-totalité des fruits aspermes... Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : pépins.
CONSOMMATION
Il faut que le fruit soit bien mûr pour être consommable. Il convient donc de pleinement maîtriser la couleur de maturité car ce n'est qu'à ce stade que le fruit perd complètement son astringence Plaqueminier à fruits verts : fruit mûr (à droite) et non encore mûr (à gauche). Sa chair étant plus consistante que celle d'un kaki, le fruit bien mûr reste plus ferme qu'un kaki blet. En bouche, la chair est assez pâteuse. Sa consistance fait penser à un fruit tropical.
Plaqueminier (Diospyros) à fruits verts : fruits mûrs. Le fruit est peu (voire pas) sucré mais doux, sans note acide. Le goût est assez étrange : un mélange de tomate et de pastèque à confiture... Le fond gustatif reste un peu amer et très légèrement astringent. Peut-être que cela donne au fruit un cachet particulier convenant au goût des Chinois... Ce goût est très différent de celui d'un kaki, mais, bien qu'il ne soit pas désagréable, je lui préfère le goût du kaki. Je lui décerne toutefois la palme de l'originalité ... J'ai interrogé Raphaël Colicci sur son appréciation du goût des fruits. Outre les deux fruits de son arbre, il avait récolté beaucoup de fruits sur les deux pieds-mères de Salon-de-Provence lors de son opération de prélèvement de greffons. Il ne sait pas vraiment définir le goût, si ce n’est un fort pouvoir évocateur des Tropiques. Comme moi, il a noté une trace d’amertume qui ne rend pas le fruit désagréable. Le goût du fruit du Plaqueminier à fruits verts est, selon lui, tout à fait différent du goût du kaki. Il m'a précisé qu'il existe deux pieds-mères, sans doute issus de semis, et qu'ils produisent des fruits de qualité différente. Le premier produit des fruits assez gros (5 à 6 cm de diamètre) et de bonne qualité gustative. D'après lui, c'est celui dont on m'a fourni des greffons. Le second produit des fruits plus petits (3 à 4 cm de diamètre) et de moindre qualité gustative. Il n'a pas apprécié le goût des fruits de ce second pied-mère. Concernant le goût des fruits du Plaqueminier à fruits verts, j'ai également pu recueillir le ressenti de François Drouet. Il a goûté les fruits des deux variétés de Salon-de-Provence, et en a tiré la même opinion défavorable que Raphaël Colicci pour les fruits plus petits de la seconde variété. Il apprécie le goût des fruits de la variété produisant ceux qui sont les plus gros, mais, contrairement à moi, il n'arrive pas à en rattacher les nuances à des saveurs connues. Il le qualifie simplement de sui generis car, pour lui, il ne ressemble à nul autre. En n'évoquant pas du tout le goût du kaki, auquel certains pourraient s'attendre. Il est important de noter que la qualité des fruits du Plaqueminier à fruits verts peut varier significativement d'un individu à l'autre, du point de vue du goût, mais aussi de la taille. Nous avons également vu que la productivité dépend du taux de fleurs femelles présentes sur un sujet, une prédominance de fleurs mâles faisant chuter celle-ci. Il convient donc reproduire par voie végétative une variété sélectionnée (pour sa productivité, ainsi que pour la taille et le goût de ses fruits), même si elle n'est pas nommée, afin d'éviter les déceptions que pourraient engendrer les sujets issus de semis...
En conclusion de mon article, je souhaite une large diffusion au rarissime Plaqueminier à fruits verts, en raison de son originalité et de son intérêt. La Pépinière du Bosc vient de le multiplier à partir de greffons prélevés sur le pied-mère aux fruits de bonne qualité de la région de Salon-de-Provence, et le propose désormais à la vente. Pendant que je préparais le présent article, François Drouet s'est investi dans des recherches approfondies afin d'identifier le Plaqueminier à fruits verts. Je vous laisse découvrir ses conclusions dans l'article qu'il a publié simultanément au mien.
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