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Accueil > Espèces > Passiflores > Passiflora incarnata L. : observations et conseils de culture.

 

Article publié en 2018.
Auteur : François DROUET.
Photographies : François DROUET.
Tous droits réservés.

 

 

Passiflora incarnata L.

 

Observations et conseils de culture

 

 

 

Passiflora incarnata L., originaire des Etats-Unis, est une des deux passiflores fruitières rustiques que je préfère, avec Passiflora 'Fata Confetto'. Depuis une vingtaine d'années, je cultive en pleine terre dans la région de Toulon plusieurs plants de cette espèce, qui s'interpollinisent et fructifient régulièrement. Je livre ci-après mes observations et conseils de culture, selon le plan suivant : plantation, conduite, entretien, fructification, fruit, multiplication, cultivars.

 

PLANTATION

 

Le premier élément à prendre en compte est qu'il ne faut pas planter un seul pied de Passiflora incarnata L. En effet, l'espèce est autostérile et requiert une interpollinisation entre formes d'origine différente pour fructifier. J'ai constaté qu'une distance de 3 m entre les plants est l'espacement optimal pour cette passiflore de développement modéré. Si vous disposez de peu de place, vous pouvez les planter plus proches les uns des autres, et même planter deux pieds d'origine différente dans le même trou, puisque l'espèce est de comportement herbacé et forme de toute façon une touffe une fois établie. 

Dans le trou d'un diamètre de deux empans, faire un mélange moitié terre, moitié terreau. Si votre terre est lourde, ne pas hésiter à rajouter du sable de rivière, le mélange devenant alors terre (1/3), terreau (1/3) et sable de rivière (1/3). En effet, Passiflora incarnata L., qui disparaît l'hiver du fait d'un comportement herbacé, est assez souvent difficile de reprise la seconde année. Il m'est arrivé plusieurs fois de planter un sujet de 60/80 cm en pot de 3 L acheté en pépinière, de constater un bon développement du plant pendant la saison, puis de ne jamais plus le voir réapparaître.

J'ai également assez souvent pu observer que le plant ne reprend l'année suivante que de 20 à 50 cm de hauteur, et dans certains cas, j'ai attendu trois ans avant que la reprise s'effectue avec des pousses de hauteur supérieure. Sachant que mon terrain est une terre plutôt lourde sans l'être exagérément (limon argilo-sableux très profond). C'est pourquoi je déconseille de planter directement en pleine terre le rejet raciné d'une forme nouvelle à introduire pour assurer une interpollinisation. Il vaut mieux le planter en pot et attendre au moins une saison de pousse satisfaisante (1 m) avant de mettre en terre le plant obtenu.

Dans le cas de rejets d'une touffe en place apparus éloignés de celle-ci et que l'on veut remettre dans la touffe pour la densifier, on peut accepter une non reprise de certains d'entre eux et replanter en terre immédiatement. Dans tous les cas (plants de pépinière ou rejets forcis en pots), ne pas planter en automne, mais au printemps afin que les racines soient plus consistantes à l'automne pour affronter l'hiver suivant. Remiser les pots hors gel pendant l'hiver.

Le pH de mon terrain est de 7,4 et je n'ai pas constaté de chlorose sur le feuillage de mes plants de Passiflora incarnata L. Je n'ai pas l'expérience d'autres natures de terrain, mais j'ai noté que Torsten Ulmer indique qu'un sol acide est favorable aux passiflores. Il précise que dans les plantations commerciales tropicales et subtropicales la floraison optimale des plants est obtenue dans des terrains de pH 6 à 6,5.  Source :  Passiflora - Torsten Ulmer & John M. MacDougal - 2004 - Timber Press - page 47 (ISBN 0-88192-648-5).

Passiflora incarnata L. se plaît en plein soleil. Elle n'apprécie pas les sols mal drainés dans lesquels ses racines pourrissent. On peut alors essayer la plantation sur buttes larges pour obtenir un sol drainé. Les sols lourds lui sont défavorables, mais si l'on amende le sol trop richement en humus ou si l'on apporte du fumier, le développement des tiges et du feuillage s'effectue trop abondamment au détriment de la floraison. En sol très lourd, il vaut mieux apporter pour moitié dans les trous de plantation des gravats ou du gravier.

 

CONDUITE

 

PALISSAGE CONTRE UN GRILLAGE

Passiflora incarnata L. a un comportement herbacé et disparaît l’hiver. J’ai constaté que c’est le cas même si l'hiver est doux. Elle réapparaît au cours du printemps (en mai, d'où son nom américain "Maypop"), sous la forme d'une ou plusieurs tiges qui pointent au niveau du sol. Son développement est modéré. Les nouvelles tiges atteignent une longueur de 2,5 à 3 m dans la saison. Ainsi, je puis la conduire facilement sur un dispositif de palissage (piquets métalliques dans plots de béton et grillage) de 2,20 m hors sol, présenté sur la photographie ci-dessous.
 

Passiflora incarnata (L.) : dispositif de palissage

Passiflora incarnata L: dispositif de palissage.
(hauteur : 2,20 m hors sol ; noter le tuyau de goutte à goutte sur le fil de fer du bas).

 

Passiflora incarnata (L.) : plant s'étant développé sur le dispositif de palissage

Passiflora incarnata L. : plant s'étant développé sur le dispositif de palissage.
(jambes de force pour les piquets d'extrémité et d'angle ; jambes de force et piquets dans plots de béton larges).

 

Passiflora incarnata L. s'accroche seule à son support grâce à ses  vrilles, mais je guide et attache les principales tiges sur le grillage de palissage au fur et à mesure de leur développement. J'obtiens ainsi sur le grillage un tapis homogène bien étalé et de relative faible épaisseur.
 

Passiflora incarnata (L.) : feuillage palissé sur un grillage

Passiflora incarnata L. : feuillage palissé sur un grillage.
 

La structure aérée de la plante ainsi conduite est favorable à la floraison et à la fructification.
 

Passiflora incarnata (L.) : liane palissée sur grillage , avec fleur et fruit

Passiflora incarnata L. : liane palissée sur grillage, avec fleur et fruit.
 

Lors du palissage des plants, il faut prendre en compte deux caractéristiques de pousse de Passiflora incarnata L. La première est que cette espèce se développe de façon érigée, les nouvelles pousses prenant naturellement une structure verticale si elles sont livrées à elles-mêmes. Cela n'étant pas favorable à la floraison, donc à la fructification, je m'efforce d'arquer à 45 ° certaines des pousses principales et, pour les pousses secondaires, soit j'en fais de même, soit je les palisse horizontalement.

La seconde caractéristique de pousse est que les tiges principales se dégarnissent des feuilles dans leur partie basse, contrairement à ce que je puis observer pour d'autres passiflores. Pour pallier ce dégarnissement et assurer une couverture complète et homogène du support de palissage, je palisse horizontalement ou vers le bas (selon leur hauteur) les tiges secondaires les plus basses du plant.

Si on ne les taille pas, les lianes secondaires émises au bas des tiges principales traînent sur le sol et continuent à s'y développer. Elles s'y mélangent avec des rejets de faible hauteur qui ne se développent qu'à une hauteur de 20 à 30 cm au cours de la saison.
 

Passiflora incarnata (L.) : lianes secondaires basses et rejets mélangés au sol

Passiflora incarnata L. : lianes secondaires basses et rejets mélangés au sol.
(noter les capillaires d'arrosage avec goutteurs au sol pour la base des tiges palissées sur le grillage).

 

Dans ce tapis végétal apparaissent quelques fleurs et parfois même des fruits... Selon mon humeur, je laisse ce tapis naturel s'étendre plus ou moins, au moins sur un côté. Il peut atteindre 1,5 m de large, mais il n'est vraiment volumineux qu'en fin de saison et il est alors appelé à disparaître assez vite naturellement.
 

Passiflora incarnata (L.) : fruit issu d'une liane secondaire basse traînant sur le sol

Passiflora incarnata L. : fruit issu d'une liane secondaire basse traînant sur le sol.
 

Passiflora incarnata L. n'est pas vraiment envahissante : les rejets se tiennent dans une zone d’environ 3 m du pied-mère. Mais ils sont nombreux. En fin d'automne, je prélève les plus vigoureux pour les replanter en ligne sous le grillage du dispositif de palissage, et étoffer ainsi le rideau de végétation. Après avoir repéré les trous dans la ligne, je les bouche avec les rejets. S'il n'y a pas de trous, je continue la ligne en plantant les rejets d'un côté ou de l'autre de l'aplomb du grillage, à environ trois doigts de celui-ci. Si les rejets sont nombreux, ce qui est fréquent,  je creuse une tranchée de faible profondeur en veillant en ne pas détériorer de grosses racines que je rencontrerais le cas échéant. J'enfonce les rejets en terre jusqu'à deux doigts au-dessus de leurs premières radicelles.

Pour ne pas dépasser le volume de lianes palissées recevable par la surface de grillage considérée, je me fixe pour la ligne de rejets une largeur maximale d'un empan de part et d'autre de l'aplomb du grillage. Sur cette largeur, il m'arrive de doubler la ligne avec des petits rejets par crainte de non reprise la saison suivante de certains rejets de la ligne. Dans la mesure du possible, j'essaie de laisser autour du rejet déplacé une motte de la taille d'un poing.

Je peux être amené aussi à replacer plus près du grillage une tige forte s'étant développée à plus d'un empan de celui-ci. Dans ce cas, je veille à extraire la tige avec une motte d'un empan de diamètre. Je n'hésite pas à replanter les rejets extraits à racines nues car j'ai constaté pour ceux-ci un bon taux de reprise. Bien entendu, j'arrose abondamment les rejets après mise en place, quelle que soit leur taille.

 

PALISSAGE CONTRE UN MUR

Le dispositif de palissage précédemment décrit, qui requiert de la place, est celui utilisé dans mon jardin botanique situé en campagne, entre Toulon et Hyères. Dans le jardin de ville qui entoure ma villa, où la place est beaucoup plus restreinte, j’ai planté il y a trois ans deux plants de Passiflora incarnata L. d’origine différente contre un mur de clôture exposé à l’ouest, haut de 2 m. Je les ai placés à 1,5 m l'un de l'autre. Et j'utilise une forme de palissage qui requiert peu de place : des fils de fer tendus horizontalement le long du mur, sans pose de grillage.
 

Passiflora incarnata L. : palissage sur fils de fer le long d'un mur

Passiflora incarnata L. : palissage sur fils de fer le long d'un mur.

 

Passiflora incarnata L. : palissage sur fils de fer le long d'un mur

Passiflora incarnata L. : palissage sur fils de fer le long d'un mur.
(noter les morceaux de bambous permettant à la liane d'atteindre le premier fil de fer).

 

Les jeunes tiges sont tuteurées au départ sur un court morceau de bambou pour atteindre le premier fil de fer, auquel je les attache. Pour tendre les fils de fer, j'utilise des tendeurs à cage crochet-oeil.
 

Passiflora incarnata L. : tendeur à cage crochet-oeil utilisé pour le palissage sur fils de fer le long d'un mur

Passiflora incarnata L. : tendeur à cage crochet-oeil utilisé pour le palissage sur fils de fer le long du mur.
(noter, à droite, le piton en anneau fixé dans le mur avec une forte cheville).

 

Passiflora incarnata L. ne se fixe pas sur le mur par des racines crampons, comme le font certaines grimpantes, le lierre par exemple. Mais elle possède des vrilles (une vrille à l'aisselle de chaque feuille...) qui ont la faculté de s'enrouler autour de tout ce qui entre en contact avec elles. Ces vrilles s'accrochent aux fils de fer tendus, mais aussi aux tiges et aux autres vrilles. J'observe même qu'elles s'enroulent aussi autour des autres parties du plant : pétioles et limbes des feuilles, pédoncules des fleurs...  Elles forment ainsi un maillage qui assure le maintien général vertical du plant, en complément de la fixation de ce dernier au support lorsque les vrilles entrent en contact avec celui-ci.

Mais ce maintien naturel est désordonné, par superposition de tiges et courbure vers l'avant trop importante de certaines d'entre elles perpendiculairement au mur. C'est pourquoi, comme pour le palissage sur grillage, je guide les tiges principales et certaines tiges secondaires et les lie aux fils de fer. Lors du palissage, je prends soin de faire glisser entre le fil de fer et le mur les tiges principales et les tiges secondaires fortes, au cours de leur développement. De ce fait, l'essentiel de la masse végétale est maintenue vers l'avant par les fils de fer tendus.
 

Passiflora incarnata L. : ligature d'une tige principale sur fil de fer tendu

Passiflora incarnata L. : ligature d'une tige principale sur fil de fer tendu.
(noter que la tige a été glissée au cours de son développement entre le fil de fer et le mur).

 

J'obtiens sur les fils de fer tendus un tapis bien étalé et homogène en épaisseur.
 

Passiflora incarnata L. : feuillage sur fils de fers tendus contre un mur

Passiflora incarnata L. : feuillage sur fils de fers tendus contre un mur.

 

ENTRETIEN

 

ARROSAGE

Mes grimpantes sont arrosées via un dispositif de goutte à goutte. Je fais courir le tuyau principal du goutte à goutte sur le fil de fer le plus bas du palissage et je ne pose pas les goutteurs à même le tuyau principal. En effet, le vent qui souffle fréquemment sur la parcelle où sont installées mes grimpantes perturbe l'écoulement de l'eau si le départ de celle-ci est en hauteur. Je dispose les goutteurs au bout de capillaires qui font la jonction entre le tuyau principal en hauteur et le sol.

Pour Passiflora incarnata L., je commence à arroser dès que les tiges de l'année commencent à sortir du sol, et je me fixe l'objectif de prodiguer une fois par semaine la valeur d'un arrosoir (11 L) par pied, ou touffe issue d'un pied. Mon arrosage s'effectue en une tranche de 3 h un seul jour dans la semaine. Je pose donc un goutteur autorégulant de 4 l/h par touffe (assurant 12 litres par arrosage). Dans le cas de plusieurs plants contigus bien établis formant un rideau palissé, je pose un goutteur 4 l/h tous les mètres.  Le principe est le même pour les plants de Passiflora incarnata L. palissés sur fils de fer le long d'un mur, le tuyau de goutte à goutte étant posé sur le sol et fixé par des piquets posés tous les mètres.

 

TAILLE

Je ne pratique aucune taille sur mes pieds de Passiflora incarnata L. Du fait de leur développement modéré et de leur conduite en rideau palissé, mes plants n'ont pas besoin de taille de régularisation. Si l'on souhaite éviter un tapis végétal au sol, il convient de tailler les tiges secondaires basses en surplus par rapport à la capacité de palissage du grillage, qui traînent et continuent à s'allonger sur le sol. Passiflora incarnata L. ne nécessite pas de taille de fructification.

En cours d'hiver, lorsque les tiges principales ont séché, je les taille pour les enlever du grillage, mais je prends soin de ne pas les couper au ras du sol, mais plutôt à 10 cm au-dessus de celui-ci. Ainsi, je conserve des repères des tiges passées afin d'étudier à quelles distances de celles-ci, et dans quelles positions par rapport à celles-ci, les nouvelles tiges pointent du sol au mois de mai. Et pour détecter précocement si des plants n'ont pas repris.

 

ENGRAIS / AMENDEMENTS

Je n'ai jamais apporté d'engrais à mes plants de Passiflora incarnata L. et ai toujours constaté un bon développement. Comme pour toutes les passiflores, l'apport de fumier entraîne un développement excessif des tiges et des feuilles au détriment de la floraison.

 

RUSTICITÉ / PROTECTION CONTRE LE FROID 
 

Rusticité.

Passiflora incarnata L. est la passiflore fruitière la plus résistante au froid, en contrepartie de son comportement d'herbacée. C'est la seconde passiflore dans l'ordre de la résistance au froid, après Passiflora lutea L., autre passiflore au comportement herbacé dont la floraison jaune est minuscule. Des témoignages sérieux dans la littérature américaine attestent d’une résistance au froid de Passiflora incarnata L. pouvant aller jusqu'à - 15 °C. Ils concernent des plants âgés, car il faut que les racines soient devenues charnues pour qu'elles puissent résister aux grands froids.

Un témoignage publié le 2 août 2006 sur la page consacrée à Passiflora incarnata L. de l'excellent site GardenBreizh, fait état d'une résistance de souches de plus d'un an à - 17°C en Alsace. L'auteur de l'observation précise que son jardin est constitué de terre assez argileuse et pointe deux facteurs favorables à la résistance au froid : terrain en légère pente (donc bien drainé) et climat sec en période de froid (région à hivers semi-continentaux assez secs).

Pour ma part, je n'ai pas pu tester la résistance de Passiflora incarnata L. (souches) à des froids extrêmes, mes plantations se situant en zone climatique USDA 9a. Les racines de mes pieds de Passiflora incarnata L. ont subi régulièrement des froids de -5 °C à -7 °C (pointes de fin de nuit, survenant à quelques reprises au cours de l'hiver). Ce sont les températures hivernales limites que je constate dans la plaine littorale ventée mais très ensoleillée où se situent mes plantations, qui bénéficient en outre d'arrière-saisons longues et douces. Au cours de l'hiver 2005, deux pointes de froid à -10 °C ont été exceptionnellement enregistrées, une fin février et l'autre début mars, sur la parcelle de mon jardin botanique abritant les grimpantes. Les souches de Passiflora incarnata L. n'en ont nullement été affectées.
 

Protection contre le froid

Tout d'abord, il faut garder à l'esprit que pour essayer d'acclimater Passiflora incarnata L. dans les zones froides, il n'est pas nécessaire d'apporter une protection à la partie aérienne, celle-ci disparaissant l'hiver du fait du comportement herbacé de l'espèce. Je suggère un procédé simple de protection des souches en région froide. En taillant à 10 cm au-dessus du sol les tiges principales qui sèchent en début d'hiver, on conserve les repères de la position des souches. Au-dessus des bouts de tiges séchées sortant du sol, constituer un paillis épais. Au-dessus de ce paillis, disposer en plusieurs épaisseurs un voile d'hivernage (que l'on trouve en jardineries et en coopératives agricoles), débordant sur le sol et fixé par de lourdes pierres ou des piquets type tente de camping.

Les racines de Passiflora incarnata L. devenant charnues (donc résistantes au froid) après deux ans de plantation, en région froide l'hiver il vaut mieux appliquer la protection pendant les deux premières années même si les froids ne sont pas extrêmes. Au-delà de ce procédé, pour les régions très froides, je ne puis m'empêcher de songer à la plantation de Passiflora incarnata  L. en tranchées drainées couvertes de boucliers en bois et de paillassons l'hiver, à la manière dont étaient conduits les agrumes en URSS (voir article détaillant cette technique). Si j'avais à tenter la conduite en tranchée, j'envisagerais de planter 2 pieds d'origine différente dans une tranchée de 3 m de long sur 1,50 m de large et 1 m de profondeur. Mais il faudrait bien maîtriser le drainage...

 

ÉTAT SANITAIRE

Selon Torsten Ulmer, presque tous les plants de Passifora incarnata L. commercialisés en Europe montrent des symptômes viraux : taches claires sur les feuilles, déformation de la bordure des feuilles... Source : Passiflora - Torsten Ulmer & John M. MacDougal - 2004 - Timber Press - page 295 (ISBN 0-88192-648-5). J'ai remarqué ces symptômes sur certaines tiges de mes plants, mais, je constate que le virus n'anéantit pas les plants en cours de saison. Et, malgré les symptômes viraux, ceux-ci fleurissent et fructifient. J'ai même observé une fleur à l'aisselle d'une feuille particulièrement déformée. Du fait du comportement herbacé de l'espèce, je ne suis pas en mesure d'évaluer les conséquences éventuelles du virus sur la durée de vie des souches.

 

FRUCTIFICATION

 

La floraison débute courant juillet et est très échelonnée, jusqu'à début octobre. L'abondance de la floraison est un des facteurs qui conditionnent l'abondance de la fructification, sans assurer à elle seule de l'obtenir. La couleur dominante de la fleur épanouie est le violet léger. Mais j'ai noté l'apparition occasionnelle sur certains plants de fleurs d'un violet plus profond. L'observation détaillée de la fleur de Passiflora incarnata L. fait l'objet d'un article spécifique. La fructification est très échelonnée (juillet-octobre), et les derniers fruits requièrent une arrière-saison longue et chaude pour mûrir.
 

Passiflora incarnata L. : deux fleurs épanouies

Passiflora incarnata L. : deux fleurs épanouies.
(entre les deux fleurs épanouies, deux boutons floraux verticaux allongés).

 

Passiflora incarnata L. : fleur épanouie, à mi-ombre

Passiflora incarnata L. : fleur épanouie, à mi-ombre.

 

NÉCESSITÉ D'UNE INTERPOLLINISATION
 

Autostérilité.

La fleur de Passiflora incarnata L. est hermaphrodite. Mais, l'espèce est autostérile. Le pollen d'une fleur de Passiflora incarnata L. n'est pas efficient sur les stigmates de la même fleur. Il en est d'ailleurs de même avec les stigmates des autres fleurs du plant. Un plant unique fleurit mais ne fructifie pas. L'interpollinisation entre plants différents est nécessaire pour assurer la fructification. Par "plants différents", on entend des plants possédant un patrimoine génétique différent (plants issus de semis, plants issus de boutures ou rejets de pieds-mères différents).

Avec l'interpollinisation naturelle entre pieds d'origine différente, j'obtiens une fructification que je qualifie de moyenne pour une passiflore. Compte tenu que je cultive plusieurs plants d'origine différente et qu'ils sont bien établis, la fructification par interpollinisation naturelle me suffit (je récolte entre 70 et 80 fruits par an). Ainsi, je ne pratique pas régulièrement l'interpollinisation manuelle.

Mais, si l’on ne possède que deux pieds, celle-ci sera le moyen d’augmenter la récolte. Dans ce cas, il faudra prendre garde d'être en capacité de reconnaître les plants d'origine différente. En effet, lors des reprises annuelles de végétation, les tiges principales ne repoussent pas toutes strictement à l'endroit de la plantation initiale. Les plants d’origine différente finissent par se mélanger s’ils sont plantés proches les uns des autres (a fortiori dans le même trou...). Pour pouvoir conserver la distinction entre les sujets d’origines différentes, il convient que ceux-ci soient plantés à 5 m l’un de l’autre. Il faut veiller en outre à ne pas prélever le pollen sur des rejets distants non identifiables.
 

Interpollinisation avec une autre espèce.

Concernant l'interpollinisation éventuelle de Passiflora incarnata L. par une espèce différente, je puis dire qu'elle est possible, mais je ne puis assurer qu'elle provoque une fructification abondante. Il faut bien entendu utiliser une espèce diploïde car Passiflora incarnata L. est diploïde dans l'espèce type (bien qu'il existe des formes sauvages et quelques cultivars tétraploïdes...).

Il existe de nombreux hybrides issus de croisements avec pour fleur femelle Passiflora incarnata L., ce qui établit que celle-ci est réceptive au pollen de certaines autres espèces de passiflores. En particulier, le pollen de Passiflora.caerulea L. a été utilisé pour féconder une fleur femelle de Passiflora incarnata L. et donner le très ancien hybride Passiflora x colvillii, obtenu en 1824 par la pépinière anglaise Colvills.
 

Fleur de Passiflora x colvilli (plant de ma collection)

Fleur de Passiflora x colvillii (plant de ma collection).
 

Mais, je ne sais pas si le pollen de Passiflora caerulea L. assure l'abondance de la fructification de Passiflora incarnata L. De ce fait, je n'ai pratiqué que l'interpollinisation entre plants différents de Passiflora incarnata L. Toutefois, à titre de test, j'ai réalisé douze fois au cours du mois de septembre 2018 la pollinisation manuelle d'une fleur de Passiflora incarnata L. avec du pollen de Passiflora caerulea L. J'ai obtenu la formation de trois fruits, soit seulement 25 % de réussite.

Pourtant, par expérience, je préconise la plantation d’un plant de Passiflora caerulea L. à proximité de plants de passiflores présentant des problèmes de pollinisation (fruit vides...). La floraison généreuse et le pollen à large spectre de celle-ci assurent une pollinisation naturelle sur la plupart des espèces et variétés de passiflores (non stériles et diploïdes, bien entendu...). Sachant que la quasi-totalité des passiflores est diploïde.

Pendant le même mois, j'ai également tenté à quatre reprises, sans aucun succès, la fécondation manuelle d'une fleur de Passiflora incarnata L. en utilisant le pollen de l'hybride fruitier rustique Passiflora 'Fata Confetto' (obtenu par Maurizio Vecchia).

 

Interpollinisation des formes tétraploïdes.

Concernant les formes tétraploïdes de Passiflora incarnata L., rares en culture, il convient de mettre en oeuvre une interpollinisation (naturelle et / ou artificielle) avec une espèce ou forme tétraploïde. Sous peine que les fruits qui se forment (s'ils se forment...) soient vides par défaut de pollinisation. Par exemple, en plantant la forme tétraploïde de Passiflora tucumanensis Hook. (sachant que l'espèce type de Passiflora tucumanensis Hook. est diploïde...).

Je ne possède pas de formes tétraploïdes de Passiflora incarnata L., très difficiles à trouver.  Toutefois, je viens de planter Passiflora tucumanensis Hook. tétraploïde pour essayer d'assurer l'interpollinisation de l’hybride Passiflora ‘Byron Beauty’, qui connaît un succès grandissant dans les jardins. Celui-ci est tétraploïde et, selon mon expérience, ne fructifie pas (absence de fruits ou fruits vides) sans pollinisation croisée avec une espèce tétraploïde différente. Je ne sais pas s'il fructifie avec une pollinisation croisée de deux plants de lui-même d'origine différente.

 

ANDROMONOÉCIE FONCTIONNELLE (DIFFICULTÉS DE FRUCTIFICATION)

Certains plants de Passiflora incarnata L. présentent à des degrés divers une andromonoécie fonctionnelle, qui pénalise la pollinisation (donc la fructification) et qu'il faut savoir reconnaïtre. Les fleurs concernées par ce phénomène présentent un mauvais positionnement des styles et stigmates (abaissement partiel des styles après l'ouverture ou, plus rarement, position verticale atypique des styles dès l'ouverture). De ce mauvais positionnement résulte un éloignement des stigmates par rapport aux anthères qui empêche l'interpollinisation par les insectes.

Bien que structurellement hermaphrodites, les fleurs concernées se comportent au plan fonctionnel comme des fleurs mâles, ce qui diminue les possibilités de fructification sur le plant considéré. Ce phénomène sévit de manière significative sur les deux plants de Passiflora incarnata L. que j'ai plantés récemment contre un mur dans mon jardin de ville. Voir détails et photographies dans le chapitre relatif aux styles et stigmates de l'article relatif à l'observation détaillée de la fleur.

Je tente de contrer l'andromonoécie fonctionnelle par une interpollinisation manuelle des fleurs concernées (sauf pour celles dont le gynécée s'est visiblement développé de façon anormale). Sachant que je n'ai pas encore pu savoir par la littérature, ou déterminer par l'expérimentation, si le mauvais positionnement des styles et stigmates ne s'accompagnerait pas systématiquement d'une stérilité du gynécée. Dans l'affirmative, cela signifierait qu'il est inutile de pratiquer l'interpollinisation manuelle des fleurs présentant ce mauvais positionnement pour pallier celui-ci. En tout état de cause, si l'on identifie ce phénomène de façon forte sur un plant de Passiflora incarnata L., il vaut mieux remplacer ce dernier par un plant d'origine différente.

 

LE FRUIT

 

DESCRIPTION

Le fruit de Passiflora incarnata L. est de la forme et de la taille (moyenne) d'un oeuf de poule, parfois de forme plus allongée. Sa particularité est de rester de couleur verte à maturité (en pâlissant ; le vert de la maturité est nettement plus clair).
 

Passiflora incarnata L. : fruit mûr

Passiflora incarnata L. : fruit mûr.
(noter que le fruit reste vert clair à maturité).

 

La variabilité de la taille des fruits existe, mais elle ne concerne pas un nombre important de fruits, tant d'un plant à un autre que sur le même plant.
 

Passiflora incarnata L. : fruits

Passiflora incarnata L. : fruits.

 

Passiflora incarnata L. : groupe de fruits

Passiflora incarnata L. : groupe de fruits.
 

Les fruits à surmaturité prennent une teinte jaunâtre et chutent au sol.
 

Passiflora incarnata L. : fruit ayant chuté au sol à surmaturité

Passiflora incarnata L. : fruit ayant chuté au sol à surmaturité.

 

CONSOMMATION

Selon mon expérience, je distingue quatre stades d'évolution du fruit : fruit immature, fruit mûr, fruit bien mûr, fruit à surmaturité

Stade 1 - fruit immature : le fruit immature est dur et de couleur vert foncé.
 

Passiflora incarnata L. : fruit immature

Passiflora incarnata L. : fruit immature.
(noter la couleur vert foncé ; la bande noire longitudinale apparaît sur certains fruits de façon exceptionnelle).

 

Passiflora incarnata L. : fruit immature

Passiflora incarnata L. : fruit immature.
 

Si l'on ouvre un fruit immature, on constate sous la peau une épaisse couche spongieuse blanche. La pulpe n'est pas encore totalement développée. Elle est sèche et très acide. Les graines sont de couleur brun clair.
 

Passiflora incarnata L. : intérieur d'un fruit immature

Passiflora incarnata L. : intérieur d'un fruit immature.
 

Stade 2 - fruit mûr : au fur et à mesure de l'avancée vers la maturité, la couleur verte du fruit va en s'éclaircissant. A maturité, le fruit est vert clair, légèrement voilé de jaune dans certains cas. Il n'est plus dur, sans être mou. Il reste ferme mais sa peau se distend sous la pression.
 

Passiflora incarnata L. : fruit mûr

Passiflora incarnata L. : fruit mûr.
 

A l'intérieur, la pulpe blanchâtre est juteuse (sans être liquide) et remplit presque entièrement le fruit.
 

Passiflora incarnata L. : intérieur de deux fruit mûrs

Passiflora incarnata L. : intérieur de deux fruit mûrs.
 

Mais elle est moins dense et moins juteuse que la pulpe de Passiflora edulis Sims. La pulpe du fruit mûr de Passiflora incarnata L. est de saveur plaisante, de type "fruit de la passion". Mais son parfum est moins prononcé que celui de la pulpe de l'espèce précitée. Le fruit mûr n'est pas acide, mais on perçoit une note acidulée plus ou moins prononcée selon son degré de fermeté.
 

Passiflora incarnata L. : fruits mûrs et leur pulpe

Passiflora incarnata L. : fruits mûrs et leur pulpe.
(noter la couleur vert clair voilée de jaune de la peau et le volume de pulpe pour deux fruits).
 

Les graines, brun clair dans le fruit immature, deviennent noires dans le fruit mûr.
 

Passiflora incarnata L. : graines de couleur noire du fruit à maturité

Passiflora incarnata L. : graines de couleur noire du fruit à maturité.
 

Stade 3 - Fruit bien mûr : lorsque le fruit est bien mûr, il est mou et sa peau commence à se friper.
 

Passiflora incarnata L. : fruit très mûr

Passiflora incarnata L. : fruit très mûr.
 

Lorsque l'on ouvre un fruit bien mûr, on constate que la pulpe est toujours blanchâtre, mais qu'elle est plus foncée et plus liquide.
 

Passiflora incarnata L. : intérieur d'un fruit très mûr

Passiflora incarnata L. : intérieur d'un fruit très mûr.
(la couche spongieuse sous la peau est mince, la pulpe est juteuse
).
 

Pour moi, c'est à ce stade que la pulpe a la texture la plus plaisante et un goût optimal (prononcé et doux, sans être écoeurant). Certaines personnes préfèrent toutefois la note acidulée de la pulpe des fruits à peine mûrs. C'est à chacun, selon ses goûts, avec l'expérience, de cueillir le fruit au stade de mollesse et de couleur qui correspond à un certain degré d'acidité de la pulpe ou qui dénote une absence d'acidité de celle-ci.
 

Stade 4 - Fruit à surmaturité : à surmaturité, la couleur jaune s'accentue et le fruit se fripe profondément. A ce stade, la pulpe prend un goût prononcé que la plupart des personnes n'apprécient pas ou trouvent moins plaisant que celui des fruits de couleur verte et à peine mous (je suis dans ce cas...).
 

Passiflora incarnata L. : fruit à surmaturité

Passiflora incarnata L. : fruit à surmaturité.
(fruit jaunâtre et très fripé).

 

AUTRES UTILISATIONS DE LA PLANTE

L’utilisation de Passiflora incarnata L. dans la pharmacopée est très importante. L’industrie pharmaceutique fait appel à des producteurs spécialisés qui cultivent cette espèce en champs de production et qui récoltent la partie aérienne tous les ans. Celle-ci se reconstituant d’une année sur l’autre, l’espèce étant herbacée. Je n'ai jamais approfondi ce domaine, n'en ai aucune expérience, et ne suis donc pas compétent.

Je donne cette indication pour permettre à ceux qui ignorent tout de Passiflora incarnata L. de s'en enquérir éventuellement plus largement. On trouve sur Internet de nombreuses informations sur le sujet. Je cite simplement le site de l'association Plants for a Future, dont la page consacrée à Passiflora incarnata L. constitue un bon début de documentation sur le caractère utilitaire de celle-ci.

 

MULTIPLICATION

 

MA MÉTHODE

Je pratique exclusivement le prélèvement de rejets. En effet, je possède des plants bien établis conduits en rideaux et les rejets ne manquent pas, même si Passiflora incarnata L. est moins envahissante que d'autres passiflores, au premier chef Passiflora caerulea L. Dans la mesure du possible, j'essaie de prélever les rejets avec une motte (de la taille d'un poing pour les petits rejets et d'un diamètre d'un empan pour les tiges fortes).
 

Passiflora incarnata L. : rejet de fin de saison, à prélever

Passiflora incarnata L. : rejet de fin de saison, à prélever.
 

Dans le cas d'une implantation nouvelle (à un autre endroit que les plantations actuelles, chez un tiers...),ou de l'introduction d'un rejet d'une origine différente pour assurer l'interpollinisation, je déconseille de mettre le rejet directement en terre, compte tenu des difficultés de reprise déjà évoquées qui ne sont pas rares. Il convient de mettre le rejet en pot et de le laisser forcir en pot au moins une saison avant de le planter en pleine terre. Cela signifie qu'il faut que le rejet émette une ou plusieurs tiges au printemps, qu'il se développe jusqu'à la fin de l'automne, que la partie aérienne disparaisse, et que l'on mette en terre le contenu du pot au début du printemps suivant, lorsque les tiges réapparaissent à nouveau.

Dans le cas où le rejet vient sans motte, il ne faut pas s'inquiéter. La reprise en pot des rejets à racines nues ne pose d'ordinaire aucun problème. Pour la reprise en pot, mon mélange est de moitié terre et moitié terreau. J'enterre le rejet à deux doigts au-dessus des premières radicelles. Je laisse le pot à mi-ombre, et je l'arrose tous les deux jours en période sèche.

 

AUTRES PROCÉDÉS DE MULTIPLICATION

Passiflora incarnata L. n'a pas donné lieu à sélection de variétés fruitières, qui imposeraient la reproduction végétative pour être conservées. On la multiplie donc principalement par semis. Je n'ai jamais pratiqué ce type de multiplication pour cette passiflore, mais je renvoie les lecteurs intéressés par le semis de Passiflora incarnata L. au très intéressant article rédigé par Charles Gratien.

S'agissant d'une plante herbacée, le greffage n'a pas de sens. Mais le bouturage est possible. Je n'ai pas approfondi cette technique pour les passiflores, mais John Vanderplank, pépiniériste détenteur de la collection nationale anglaise de passiflores, indique qu'elle est facile. Il préconise les boutures terminale, nodale et de racines. Il déconseille la bouture internodale, sauf si le matériel végétal de propagation est rare. John Vanderplank indique aussi que le marcottage donne de bons résultats et que le marcottage aérien est possible. Source : Passion flowers - John Vanderplank - 2000 (third edition) - Marston House - pages 37-39 (ISBN 1 899296 12 3)

 

CULTIVARS

 

Les cultivars de Passiflora incarnata L. sont peu nombreux et certains sont tétraploïdes (4n = 36), sachant que l'espèce type de Passiflora incarnata L. est diploïde (2n = 18). Il ne s'agit pas d'hybrides. Les hybrides de Passiflora incarnata L. (tels P. 'Incense', P. 'Byron Beauty'...) sont très nombreux et je ne les aborde pas dans le présent article.
 

CULTIVARS DIPLOÏDES (2 n = 18)

Passiflora incarnata 'Alba', à fleurs blanches. Même rusticité que l'espèce type. Passiflora incarnata 'Alabama', à fleurs mauve violacé. Passiflora incarnata  'Lorayne', à fleurs mauves. Parmi les trois cultivars précités, c'est le premier, aux fleurs blanches vraiment atypiques pour un sujet de Passiflora incarnata L., qui sera la prochaine introduction parmi mes plantations. Les deux autres cultivars sont cités dans des collections d'amateurs européens, mais je n'ai pas trouvé de fournisseurs. En tout état de cause, à ma connaissance, il n'existe pas de cultivars de Passiflora incarnata L. fixés et commercialisés pour des qualités fruitières particulières.

 

FORMES TÉTRAPLOÏDES (4n = 36)

Dans l'édition Passiflora, vol. 8, n° 1 du printemps 1998 (il s'agit du bulletin d'information de l'association Passiflora Society International), en pages 1 et 4, William R. BRUNER consacre un article à la forme tétraploïde de Passiflora incarnata L. (intitulé de l'article : Tetraploid Passiflora incarnata). Il indique que dans le cadre d'un programme d'amélioration de la qualité du fruit de Passiflora incarnata L., il a obtenu en 1994 une forme tétraploïde (4n = 36) de cette espèce, par traitement de la graine à la colchicine en début de germination. Il décrit les principaux caractères botaniques de Passiflora incarnata L. tétraploïde en précisant que ses fleurs ont un diamètre de 8,19 à 9,94 cm et, surtout, que ses fruits (longs de 5,8 à 7,6 cm) contiennent presque deux fois plus de pulpe qu'un fruit de la forme diploïde.

La plantation d'une forme tétraploïde de Passiflora incarnata L. pourrait constituer le moyen d'augmenter la production fruitière de l'espèce dans les jardins et vergers. Mais, il faudrait vérifier en culture que la forme tétraploïde ne présente pas une productivité (nombre de fruits par plant) nettement inférieure à celle de l'espèce type diploïde. Et il faudrait trouver des fournisseurs de plants tétraploïdes. Ainsi qu'être sûr de pouvoir assurer l'interpollinisation, soit par des pieds tétraploïdes d'origine différente, soit par des espèces ou hybrides tétraploïdes.

 

La pratique concrète de Passiflora incarnata L. m'a amené à observer avec intérêt au fil des années les caractères botaniques de l'espèce, qui ont fait l'objet d'un article spécifique.

 

 

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