Les fruitiers rares |
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Article publié en 2022. |
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Le Pacanier : observations de culture
(cultivars de l'extrême nord, cultivars du sud)
Dans ma longue carrière de pépiniériste, je me suis intéressé très tôt au Pacanier, Carya illinoinensis (Wangenh.) K.Koch, appelé Pecan aux Etats-Unis. J'ai pu en diffuser des cultivars greffés auprès de mes clients, tant en France qu'à l'étranger. A mon départ à la retraite, à la fin de l'année 2011, j'ai planté une collection de 11 cultivars dans mon verger personnel situé à Aubagne, près de Marseille.Je livre ci-après mes observations de culture, selon le plan suivant : problématiques de culture, ma collection de pacaniers, observation des fructifications, conclusions de mes observations de culture, observation des maladies et ravageurs. Convention d'écriture : Pacanier avec majuscule au début lorsqu'il s'agit de l'espèce considérée comme taxon botanique, pacanier(s) entièrement en minuscule lorsqu'il s'agit d'un ou plusieurs individu(s) de l'espèce dans la nature ou en culture.
PROBLÉMATIQUES DE CULTURE
La culture des pacaniers passe par la maîtrise de quatre problématiques : l'adéquation des cultivars à la région, la pollinisation, l'alternance, la sensibilité à la tavelure. ADÉQUATION DES CULTIVARS A LA RÉGION Il existe plus d'une centaine de cultivars de Pacanier d'utilisation courante aux Etats-Unis et dans diverses parties du monde. Le nombre de cultivars est de plusieurs centaines, si l'on considère les sélections qui ont été, ou qui sont, testées à des titres divers. Les pacaniers fructifient à l'automne, plus ou moins précocément selon les cultivars. La plupart de ceux-ci ont besoin d’étés longs et chauds pour fructifier. Il s’agit du groupe de cultivars appelés southern pecans (pacaniers du sud). Dans les régions du nord, à étés courts et frais, seuls certains cultivars peuvent fructifier et mener leurs fruits à maturité. Ils font partie du groupe des northern pecans (pacaniers du nord), et pour les plus septentrionauxd’entre eux, de celui des ultra northern pecans (pacaniers de l'extrême nord, cultivés dans la province de l’Ontario, au Canada). Les exigences climatiques du Pacanier sont traitées plus en détails dans un article spécifique. Au sein de ma collection de pacaniers figurent des cultivars de l’extrême nord (ultra northern pecans), qui font l’objet d’une observation particulière car ils pourraient être adaptés pour la culture en toutes régions de France, y compris les régions les plus septentrionales. Carya illinoinensis (Pacanier) : fruits (pacanes, noix de pécan).
PROBLÉMATIQUE DE POLLINISATION Le Pacanier est monoïque (le même arbre porte des fleurs mâles et des fleurs femelles). Et il possède un pollen autocompatible : le pollen des fleurs mâles d'un arbre donné peut féconder les fleurs femelles de celui-ci. C'est en ce sens que l'on voit parfois écrit que le Pacanier est autofertile. Mais ce terme est trompeur et ne doit pas être utilisé. En effet, l'espèce est dichogame : sur le même arbre, les fleurs mâles libèrent le pollen à une époque différente de celle de la réceptivité des stigmates des fleurs femelles. De ce fait, sur un arbre isolé, il ne pourra pas y avoir de fructification. C'est une caractéristique supplémentaire du Pacanier, toutes les espèces monoïques ne sont pas dichogames. Les cultivars de Pacanier sont soit protandres (lâcher de pollen avant la réceptivité des stigmates), soit protogynes (réceptivité des stigmates avant le lâcher de pollen). Pour obtenir une fructification satisfaisante, il faut associer deux cultivars de types différents (protandre et protogyne), et veiller de plus à ce qu’ils soient synchrones en ce qui concerne le lâcher de pollen de l'un et la réceptivité des stigmates de l'autre. Mais la dichogamie est le plus souvent partielle. Pour un cultivar donné, il existe alors une période de recouvrement entre le lâcher de pollen par les fleurs mâles et la réceptivité des stigmates des fleurs femelles. Le niveau de dichogamie varie d'un cultivar à l'autre. Selon l'importance de la période de recouvrement, on pourra
identifier des cultivars partiellement autofertiles, ou complètement autofertiles (ce dernier cas étant peu fréquent). La pollinisation des pacaniers est exclusivement anémophile (réalisée par le vent). Carya illinoinensis (Pacanier) : fleurs mâles (longs chatons pendants).
Carya illinoinensis (Pacanier) : fleurs femelles (court épi dressé). ALTERNANCE L'alternance (production une année sur deux) est un phénomène qui touche de façon plus ou moins marquée la plupart des cultivars de Pacanier. En fait, les années de production celle-ci est très importante, et les autres années elle est très faible ou nulle. L'alternance est l'un des principaux facteurs limitants du rendement des vergers commerciaux de pacaniers aux Etats-Unis. L'irrigation, l'application annuelle d'engrais, l'utilisation de fongicides sur les feuilles, l'éclaircissage des fruits (moyens mécaniques), et la taille peuvent contribuer à réduire l'alternance. Il est possible de trouver des cultivars de Pacanier qui n'alternent pas, ou alternent peu. En agronomie, l'alternance d'un cultivar fruitier est mesurée par l'indice d'alternance de production, déduit des variations de récoltes sur plusieurs années successives, qui prend une valeur de 0 (pas d'alternance) à 1 (alternance complète). L'institut de recherche IPBGG (Institute of plant breeding, genetics and genomics) de l'université de Géorgie, spécialisé dans le développement de nouveaux cultivars de Pacanier, fournit l'indice d'alternance de production des cultivars inclus dans ses expérimentations. Les tests de culture ont été menés pendant 75 ans à la station expérimentale de Costal Plain (Tifton), dépendant de l'université précitée, et ont permis d'établir l'indice d'alternance de production pour 66 cultivars. Les résultats ont été publiés dans un article de HortScience (référence : CONNER P. J., WORLEY R. E., 2000. Alternate bearing intensity of pecan cultivars. HortScience 35(6): 1067-1069). Je relève que l'indice d'alternance de production moyen pour des arbres adultes a été de 0.70 sans soins suivis, et qu'il a baissé à 0.55 depuis que des traitements fongicides et insecticides systématiques sont appliqués et que l'irrigation est soignée (1970), même si, pour quelques cultivars, la baisse a été nulle. Je note aussi que l'indice d'alternance de production constaté sur des arbres soumis aux traitements phytosanitaires s'échelonne de 0.19 (Gloria Grande) à 0.93 (Cherokee) pour les individus jeunes (jusqu'à 20 ans), et de 0.27 à 0.91 (même cultivars) pour les individus adultes. Il apparaît entre ces valeurs extrêmes une forte variabilité : cet indice est modéré pour certains cultivars (par exemple : 0,29 pour Burkett et 0.31 pour Oklahoma - arbres adultes), et est fort pour d'autres (par exemple : 0,81 pour Barton et 0.74 pour Mahan). Toutefois, pour de nombreux cultivars le niveau de l'indice d'alternance de production est significatif (supérieur à 0.45 pour 55 % d'entre eux). Ce qui met en exergue l'importance du phénomène d'alternance chez le Pacanier, et la nécessaire prise en compte de ce critère dans le choix des cultivars que l'on souhaite planter.
SENSIBILITÉ A LA TAVELURE (SCAB) La tavelure (en englais : scab) est le problème sanitaire le plus important rencontré chez le Pacanier aux Etats-Unis. Ce n'est pas une maladie cryptogamique parmi d'autres que peut contracter le Pacanier, mais un véritable fléau redouté des producteurs, qui détruit les récoltes. C'est la raison pour laquelle l'USDA-ARS inclut la sensibilité
à la tavelure dans ses descriptions de cultivars de Pacanier. Cette maladie se manifeste par des taches noires sur les feuilles, les rameaux et les fruits. Elle est provoquée par les spores du champignon Venturia effusa (G.Winter) Rossman & W.C.Allen. Tavelure sur feuille de pacanier (pecan scab).
Tavelure sur fruits de pacanier (pecan scab). La sensibilité à la tavelure varie d'un cultivar à l'autre, et, pour le même cultivar, peut varier d'une région à une autre. Si les conditions du lieu de plantation sont favorables aux maladies cryptogamiques, il faut restreindre son choix de plantation aux quelques cultivars de Pacanier très résistants à cette maladie (tels que Amling, Kanza). Ou, au moins, éviter de planter un cultivar très sensible à cette maladie (tel que Desirable).
MA COLLECTION DE PACANIERS
COMPOSITION Ma collection de pacaniers se compose de onze cultivars. Six cultivars de l'extrême nord (ultra northern pecans) : Campbell NC 4, Carlson 3, Deerstand, Fisher, Lucas, Warren 346. Quatre cultivars pour les régions méridionales (southern pecans) : Apache, Delmas, Mahan, Mohawk. Un hybride de Pacanier, également pour l'extrême nord : Burton (hybridation avec le Shagbark Hickory, un autre noyer d'Amérique). Les spécimens que je cultive sont âgés de quatorze ans, et mesurent environ 10 m de hauteur (2022). Je les ai plantés l'année de mon départ à la retraite (2011). Ils étaient âgés de trois ans pour les cultivars et de deux à trois ans de plus pour les porte-greffes. Carya illinoinensis (Pacanier) : jeune arbre. Mes cultivars sont tous greffés sur Pacanier. On ne peut parler de cultivars que si les plant sont multipliés de façon végétative (la greffe, pour le Pacanier). Les plants issus de semis présentent des qualités fruitières dégradées par rapport à celles des cultivars d’origine. Je déconseille l'achat
de tels plants, si ce n'est pour les utiliser comme porte-greffes. Attention, certains vendeurs conservent le nom du cultivar pour un plant issu du semis d'une noix d'un cultivar. Il convient donc, avant d'acheter un plant de pacanier, de scrupuleusement vérifier qu'il s'agit bien d'un plant greffé d'un cultivar identifiable. Au-delà de la préservation des caractères du cultivar, la plantation d'individus greffés permet d'obtenir une mise à fruit plus rapide : 5 à 10 ans, contre 10 à 15 ans pour les pacaniers issus de semis. Carya illinoinensis (Pacanier) : point de greffe (le porte-greffe est un pacanier).
CONDITIONS DE CULTURE DANS MON VERGER Terrain : alluvion argilo-calcaire profond. Endroit sain, peu propice aux maladies cryptogamiques, donc aux attaques de tavelure (cloque sur pêcher les années humides, un peu de moniliose sur abricotier si forte humidité). Températures minimales hivernales : j'observe chaque année à quelques reprises -4/-6 °C (thermomètre sous abri). Cela équivaut à des pointes ressenties par les pacaniers de -6/-8 °C. Un froid exceptionnel (-10 °C) est survenu au cours de l'hiver 2012. Vents : ma région est soumise régulièrement au mistral avec fortes bourrasques, ce qui est favorable à la pollinisation anémophile des pacaniers, mais ce qui contrarie la tenue des noix de pécan sur l'arbre. Arrosage : à la plantation, confection d'une cuvette d'arrosage circulaire autour du tronc, d'environ 80 cm de diamètre. Arrosage copieux tous les 15 jours, les trois premières années. Plus aucun arrosage ensuite. Engrais : à la plantation, une faible quantité d'engrais organique mélangé à la terre au fond du trou. Puis, chaque année, léger apport d'engrais organique sur l'inter-rang. Travail du sol : je passe le cultivateur une fois par an (fin d'hiver), et la herse plusieurs fois par an selon la hauteur de l'herbe. Travail peu profond (15 à 25 cm). J'effectue un sous-solage à environ 40 cm tous les trois ans. Travail sur l'inter-rang proche des pieds pour les deux premiers travaux, plus loin pour le dernier.
DESCRIPTION DE MES CULTIVARS POUR L'EXTRÊME NORD Sources des descriptions. Source 1 : Ernie Grimo, producteur de noix de pécans et pépiniériste, établi à Niagara-on-the-Lake (Ontario, Canada), principal promoteur des cultivars de Pacanier pour l'extrême nord (site Internet). Source 2 : page cultivars du blog Northern Pecans géré par W. Reid, ancien chercheur agronome spécialiste du Pacanier à l'USDA - Kansas / Missouri, qui cultive douze hectares de pacaniers en relatant ses observations de culture. Source 3 : pépinière Rock Bridge Trees (Bethpage, Tennessee), qui présente une gamme importante de cultivars de Pacanier pour le nord et l'extrême nord. Descriptions. Campbell NC 4 : noix de taille moyenne. 160 noix/kg. 58 % d'amandon. Protandre. Maturité précoce (14 jours avant Pawnee), à la fin du mois d'octobre dans l'Ontario. Rustique. Issu d'un semis du cultivar Colby. Sélection de R. Douglas Campbell, à Niagara (Ontario). Carlson 3 : petite noix, qui se casse bien. Commence à fleurir dès sa troisième ou quatrième année. Maturité début à mi-octobre (Ontario). Production annuelle régulière. Un des cultivars de l'extrême nord les plus rustiques (convient pour les zones USDA 5 à 9). Probablement autofertile selon Ernie Grimo. Bonne association avec le cultivar Snaps. Sélectionné par R. D. Campbell à New Boston (Illinois). Deerstand : noix de taille moyenne, qui se casse bien. 220 noix/kg. 52 % d'amandon. Protogyne. Mûrit vers la fin octobre (Ontario). Productif, mais a tendance à produire une bonne récolte deux années sur trois. Rustique (convient pour les zones USDA 5b-8). Trouvé à Green Island (Iowa). Fisher : noix de taille moyenne, bien remplie, qui se casse bien. Forme oblongue/elliptique, avec apex obtus et base aigüe, ronde en coupe transversale. Amande de couleur crème, avec des rainures dorsales moyennes et une crête dorsale étroite. 160 noix/ kg. 48 % d'amande. Production importante et régulière. Protandre. Maturité de mi-saison (quelques jours après Stark Hardy Giant). Convient pour les zones USDA 5b-8. Trouvé à New Memphis (Illinois) par Jacob Fisher. Diffusé commercialement en 1938 par Joseph Gerardi (O'Fallon, Illinois). Lucas : noix petite à moyenne qui se casse bien. 220 à 260 noix/kg. 53 % d'amandon. La noix se remplit bien même dans les contrées les plus septentrionales. Maturité fin octobre (Ontario). Amande de bonne qualité (riche en huile, saveur délicate). Rustique (convient pour les zones USDA 5b-8). Production régulière au Canada. Protogyne. Petit arbre à la silhouette élancée inhabituelle pour l'espèce. Cultivar trouvé dans la région de Goshen (Ohio) en 1965. Warren 346 : noix de taille moyenne, qui se casse bien. 200 noix/kg. 51 % d'amandon. Maturité très précoce (27 jours avant Pawnee). Résistant à la tavelure. Protandre. Arbre de port érigé, branches formant des angles étroits. Sélectionné dans la région de Wheeling (nord du Missouri) par Dale Warren. Burton (hybride) : l'autre parent est le Shagbark Hickory, Carya ovata (Mill.) K.Koch. Noix de taille moyenne, de bonne saveur. Maturité de mi-saison. Autofertile. Production annuelle régulière (n'alterne pas). Convient pour les zones USDA 5b à 8. Originaire du Kentucky. Ne pas confondre l'hybride Burton avec le pacanier Barton (southern pecan). Note : la pépinière Grimo précise que, la coque ayant la forme d'une noix de pécan, l'extraction de l'amande est plus facile. Je trouve que la forme de la coque rappelle celle du Shagbark Hickory. Et, selon ma pratique, même si la coque se casse assez facilement, l'extraction de l'amande en morceaux est assez difficile (mais, sans doute, plus facile que pour la noix du Shagbark Hickory).
DESCRIPTION DE MES CULTIVARS POUR LE SUD Source des descriptions : USDA-ARS Pecan Breeding & Genetics, Somerville, Texas (site Internet ; liste des cultivars). Apache : obtenu par croisement contrôlé Burkett x Schley, réalisé en 1940 par L. D. Romberg (USDA-ARS, Brownwood, Texas). Plant de semis enregistré sous le numéro 40-4-17. Première fructification en 1945. Sélectionné en 1947. Testé sous l'identifiant T-110 et diffusé en 1962. Noix ovale elliptique à elliptique, à sommet aigu et à base arrondie, ronde en coupe transversale. 100 noix/kg. 59 % d'amandon (graine). Amandon de couleur dorée, avec une fente basale proéminente. Protogyne. Lâcher de pollen : mi-saison et tardif. Réceptivité fleurs femelles : mi-saison. Mise à fruit précoce. Prolifique. Maturité : mi-saison à tardive. Sensible à la tavelure. Utilisé comme porte-greffe au Texas, au Nouveau-Mexique et en Arizona. Delmas : sélection de semis du verger d'A.G. Delmas. Planté vers 1877 à Scranton, comté de Jackson, Mississippi. L'arbre a commencé à produire en 1884, a été nommé en 1885 et a été introduit commercialement en 1890. Noix elliptique, avec un sommet et une base arrondis, ronde en coupe transversale. Coque lisse, avec peu de bandes, crêtes proéminentes. 110 noix/kg. 48 % d'amandon. Amandon doré, à larges sillons dorsaux, ridé sur la face ventrale. Protogyne. Lâcher de pollen : milieu à fin de saison. Réceptivité des fleurs femelles : mi-saison. Sensible à la tavelure. Un cultivar important en Israël. Connu sous le nom de 'Nellie' en Australie. Mahan (synonymes : Chestnut, Florida Giant, Georgia Giant, Masterpiece, Mayhan, Mississippi Giant) : semis de hasard planté vers 1910 par J. M. Chestnutt. Droits de multiplication vendus en 1927 à F. A. Mahan, pépinière Monticello, Floride. Noix oblongue, avec un sommet et une base aigus. Noix souvent asymétrique, apparaissant pincée au milieu en raison de l'aplatissement des surfaces abaxiales et adaxiales, aplatie en coupe transversale. 70 noix/kg. 58 % d'amandon. Amandon avec de profondes rainures dorsales secondaires et une fente basale, souvent mal rempli à la base, de texture ligneuse. Homozygote pour la protogynie (PP) qui est un allèle dominant, rendant protogyne toute la progéniture de Mahan. Lâcher de pollen : mi-saison à tardif. Réceptivité des fleurs femelles : début de saison à mi-saison. Mise à fruit très précoce. Prolifique, avec une forte tendance à produire en excès à l'âge adulte. Maturité tardive, environ 12 jours environ après Stuart. Très sensible à la tavelure. 'Mahan' est le parent femelle de 'Tejas', 'Kiowa', 'Harper', 'Mahan-Stuart' et 'Maramec', et le parent mâle de 'Choctaw', 'Wichita' et 'Mohawk'. Recommandé pour une plantation uniquement en Arizona. Mohawk : issu d'un croisement contrôlé Success x Mahan, réalisé en 1946 par L. D. Romberg (USDA-ARS, Brownwood, Texas). Premier fruit en 1953, sélectionné en 1954, testé sous l'identifiant 46-15-195. Diffusé en 1965. Noix oblongue, à sommet et base arrondis, légèrement aplatie en coupe transversale. Coque rugueuse, avec bandes noires. 70 noix/kg. 59 % d'amandon. Amandon doré à brun clair, avec d'étroites rainures dorsales lorsqu'il est bien rempli. Protogyne. Lâcher de pollen : mi-saison. Réceptivité des fleurs femelles : précoce à mi-saison. Mise à fruit très précoce. Prolifique, avec une tendance à l'alternance pour les arbres adultes. Sensible au gel, surtout après une grosse récolte. Maturité de mi-saison, environ 9 jours avant Stuart. Sensible à la tavelure en Louisiane et dans certaines localités de Géorgie, mais généralement résistant au Texas et en Oklahoma. Recommandé en Arizona, Arkansas, Mississippi, Oklaohma, Caroline du Sud, et Tennessee.
POSSIBILITÉS D'INTERPOLLINISATION ENTRE MES CULTIVARS Je n'ai pas réalisé d'observations relatives à l'interpollinisation entre mes cultivars. Pour les cultivars de l'extrême nord, j'ai adressé un courriel à Ernie Grimo (site Internet), pour lui demander quels sont les éventuels impératifs de pollinisation pour les cultivars qu'il propose à la vente. La réponse fut rapide, mais aussi brève qu'incomplète : "Carlson 3, Snaps and Lucas are likely self-pollinating but they will pollinate Campbell NC 4 and Warren 346. Deerstand is later but is self-pollinating also" (Carlson 3, Snaps et Lucas sont vraisemblablement autofertiles, mais ils pollinisent Campbell NC 4 et Warren 346. Deerstand est plus tardif, mais il est lui aussi autofertile). Selon cette réponse et les indications trouvées dans la description des cultivars ci-dessus, les informations relatives à la pollinisation sont les suivantes. Campbell NC 4 : protandre. Pollinisé par Carlson 3 et Lucas. Carlson 3 : probablement autofertile selon Ernie Grimo. Pollinise Campbell NC 4 et Warren 346. Deerstand : protogyne. Autofertile selon Ernie Grimo. Fisher : protandre. Lucas : protogyne. Probablement autofertile selon Ernie Grimo. Pollinise Campbell NC 4 et Warren 346. Warren 346 : protandre. Pollinisé par Carlson 3 et Lucas. Hybride Burton : autofertile. Pour les cultivars du sud, les indications de l'USDA-ARS figurant dans les descriptions des cultivars fournies précédemment sont reprises ci-dessous. Apache : protogyne. Réceptivité des fleurs femelles : mi-saison. Lâcher de pollen : mi-saison et tardif. Delmas : protogyne. Réceptivité des fleurs femelles : mi-saison. Lâcher de pollen : mi-saison à fin de saison. Mahan : protogyne. Réceptivité des fleurs femelles : début de saison à mi-saison. Lâcher de pollen : mi-saison à tardif. Mohawk : protogyne. Réceptivité des fleurs femelles : précoce à mi-saison. Lâcher de pollen : mi-saison.
OBSERVATION DES FRUCTIFICATIONS
Remarque : pour des raisons de commodité, j'utilise le terme "enveloppe" pour désigner la partie de la drupe qui entoure le noyau (épicarpe + mésocarpe). Certains l'appellent le brou. Et j'emploie le terme "coque" pour désigner l'endocarpe ligneux qui entoure la graine comestible (amande).
ANNÉE 2014 Fin novembre, j'ai observé les premières fructifications des cultivars de l'extrême nord et du cultivar pour le sud Delmas, tous âgés de 6 ans pour le cultivar et de 2 à 3 ans de plus pour le porte-greffe. Carya illinoinensis (Pacanier) : fruit (libération du noyau). Le cultivar pour le sud Delmas me semble intéressant à suivre, compte tenu de sa productivité, de la taille importante de ses fruits et de son époque de maturité très tardive. Je note que les fruits des cultivars de l'extrême nord sont nettement plus petits que ceux de Delmas. Selon les descriptions des cultivars fournies plus haut, Carlson 3 produit des fruits de petite taille, Lucas des fruits petits à moyens, Campbell NC 4 des fruits moyens. Il ne faut donc pas être étonné de la taille des fruits, sauf pour Campbell NC 4, pour lequel ils devraient être plus gros que ceux de Lucas et Carlson 3. Ces fruits ne sont vraisemblablement pas encore ceux d’une récolte régulière d’un arbre bien établi. Je constate aussi que les noix des cultivars de l'extrême nord mûrissent pratiquement en même temps que celles de Delmas. Etant précisé que l'été n'a pas été très chaud, et que l'automne a été assez chaud et humide. Les époques de maturité dans le nord des USA et le Canada sont septembre pour Carlson 3, début à mi-octobre pour Lucas et fin octobre pour Campbell NC 4. Il semble incompréhensible que leurs fruits mûrissent fin novembre à Aubagne... Je m'attendais à qu’ils y mûrissent plus tôt que dans les régions nordiques des USA et dans l’Ontario. Pour le moment, le seul élément qui différencie les deux types est la perte des feuilles, qui s'effectue de façon plus précoce chez les pacaniers de l'extrême nord. La perte des feuilles plus précoce me paraît logique pour des cultivars adaptés à des saisons courtes. Mais, si le cultivar est adapté à des saisons courtes, la fructification devrait également atteindre sa maturité de façon plus précoce... Si c’est notre climat qui est en cause et qu’il a pour effet de ne pas donner aux cultivars la précocité espérée, les pacaniers de l’extrême nord auraient alors peu d’intérêt en région méditerranéenne (où leur bénéfice est l'allongement de la saison de récolte, qui commencerait nettement plus tôt pour ce type de cultivars que pour les cultivars du sud). En fait, je constate début décembre que les fruits ne sont pas complètement mûrs pour les deux types de pacaniers (de l'extrême nord et du sud). J'ai ouvert deux noix de chacun des types : la noix est très bien formée, mais demande encore plusieurs jours pour une complète maturité. La noix de Delmas (pacanier du sud) est meilleure que celle de Carlson 3, qui présente une légère amertume.
ANNÉE 2015 Début décembre, je peux faire le bilan des fructifications. Campbell NC 4, et surtout Carlson 3, ont été très productifs cette année, avec des noix un peu plus grosses que l'année précédente, sans atteindre la taille de celles des cultivars du sud. Les autres cultivars de l'extrême nord ont porté peu de noix, ou n'en ont pas produit. L'hybride Burton a produit deux noix cette année (au 24 août, elles étaient déjà de taille importante : 6,5 cm de long, et 3,5 cm de large). Les noix chutent maintenant, soit peu avant celles des cultivars du sud,. En revanche, la chute des feuilles est nettement décalée entre les cultivars de l'extrême nord et les cultivars du sud. A l'issue de cette deuxième année de fructification, l'absence de décalage des récoltes entre cultivars de l'extrême nord et cultivars du sud se confirme. Je reste interrogatif sur l’intérêt des pacaniers de l'extrême nord dans notre région, d'autant plus que l'été a été chaud.
ANNÉE 2016 A la mi-octobre, j'ai pu observer que les cultivars de l'extrême nord commencent à montrer une différence d'époque de maturité avec ceux du sud : ouverture des enveloppes et récolte possible deux à trois semaines avant. Campbell NC 4, Deersand et Fisher ont eu une production acceptable et des noix de taille très satisfaisante, compte tenu de leur âge. Carlson 3 présente une production plus importante, mais avec des noix plus petites. Lucas a une forte production, mais les noix sont assez petites. Warren 346 n'a pas produit. L'hybride Burton porte cette année environ 15 noix. Je pense que la taille des fruits reflète maintenant celle d'arbres établis. Pour les cultivars du sud, très peu de production, sauf pour Apache qui a une production satisfaisante de belles noix.
ANNÉE 2017 A la fin septembre, je constate que tous les cultivars produisent et que la production des fruits est en augmentation cette année, sauf pour Warren 346. Ce cultivar présente un port très lâche par rapport à celui des autres cultivars, et il est toujours très peu productif. Parmi les cultivars de l'extrême nord, Carlson 3 est très productif, mais la noix reste petite. En revanche, c'est le plus précoce : je peux le récolter depuis une semaine, même si les noix sont encore dans l'enveloppe ouverte. Début octobre, j'ai noté l'ordre des ouvertures d'enveloppes des noix : Campbell NC 4, Deerstand, Lucas et Warren 346. A la mi-octobre, les fruits des cultivars de l'extrême nord sont bien ouverts, et les noix commencent à tomber au sol avec le vent. Le début du jaunissement des feuilles semble coïncider avec l'ouverture de l'ensemble des enveloppes des noix et la chute de celles-ci. Pour l'hybride Burton, toutes les enveloppes des noix sont ouvertes, et la chute des noix est bien entamée (première chute de certains fruits et possibilité de récolte manuelle en écartant l'enveloppe, il y a 10 jours). Fin octobre, pour les cultivars du sud : Apache est bien chargé, avec 80 % des enveloppes de noix ouvertes, rendant possible une récolte manuelle. Les noix sont de belle taille. Les trois autres cultivars du sud ont les enveloppes encore fermées. Le décalage des dates de récolte entre les cultivars du sud et ceux de l’extrême nord montre l’intérêt de ces derniers en régions méridionales (pour l’échelonnement des récoltes) et dans les régions septentrionales (pour l’obtention d'une récolte). A la fin octobre, je peux dresser le bilan suivant pour les cultivars de l'extrême nord : Campbell NC 4 est le numéro 1 chez moi, Fisher est en seconde place pour la production et la taille de la noix, Deerstand se classe en troisième position. Warren 346 n'a toujours pas produit. Les deux autres cultivars, Carlson 3 et Lucas, ont des noix vraiment petites. Carya illinoinensis : fruits (pacanes) - Apache (gauche), Campbell NC 4 (droite), Delmas (bas). L'hybride Burton produit des noix de taille moyenne, dont la forme rappelle celle du Shagbark Hickory (qui est son autre parent). Sa productivité est moyenne et
semble augmenter chaque année. Hybride de Pacanier Burton : fruits. J’ai essayé de comparer les dates de début de récolte avec celles mentionnées sur le site de Grimo Nut Nursery pour l’Ontario, plus précisément pour Niagara-on-the-Lake où se situe la pépinière. Bien évidemment, les périodes de début de récolte en Ontario (et donc les écarts qui en résultent entre Aubagne et l’Ontario) sont des approximations. Carlson 3 est indiqué, avec Snaps, comme étant plus précoce que les autres cultivars de type ultra northern pecans. Le début de récolte pour Carlson 3 est donné dans l’Ontario pour la période des premiers jours d’octobre (early october) à la mi-octobre. Ce qui signifie que l’on peut retenir entre le 5 et le 15 octobre. J'ai observé que les noix de Carlson 3 sont récoltables depuis le 21 septembre, même si elles sont encore dans l’enveloppe ouverte. Si je rapporte la date du 21 septembre chez moi à la période 5-15 octobre à Niagara-on-the-Lake, Carlson 3 est plus précoce de 14 à 24 jours (2 à 3 semaines) à Aubagne. Au 1er octobre, j'ai pu commencer à récolter les noix de Lucas et Campbell NC 4. Les cultivars Lucas, Fisher et Campbell NC 4 sont donnés pour un début de récolte dans les derniers jours d’octobre (late october) à Niagara-on-the-Lake, disons la dernière semaine d’octobre soit à partir du 24 octobre. Ainsi, ces deux cultivars sont plus précoces de 3 semaines à Aubagne par rapport à Niagara-on-the-Lake. A la même date, j'ai pu aussi débuter la récolte pour Deerstand. Pour Deerstand, le début de récolte est donné pour la toute fin d’octobre (near the end of october), disons à partir du 29 octobre, à Niagara-on-the-Lake. Ce cultivar est plus précoce d’un mois à Aubagne par rapport à Niagara-on-the-Lake. Pour le cultivar Warren 46, indiqué en cours d’évaluation à Niagara-on-the-Lake, la date de début de récolte n’est pas précisée. Selon mes observations, il est un peu plus tardif que Lucas et Deerstand, et le 1er octobre le début de récolte a déjà eu lieu à Aubagne. Il semble que plus le cultivar est tardif, plus l’écart de précocité entre Aubagne et Niagara-on-the-Lake est important (Carlson 3 : 2 à trois semaines ; Lucas et Campbell NC 4 : 3 semaines ; Deerstand : 1 mois).
ANNÉE 2018 Début octobre, les enveloppes des cultivars de l'extrême nord sont bien entrouvertes depuis 10 jours. A la mi-octobre, je peux affiner mes observations. Pour les cultivars de l'extrême nord, le trio Campbell NC 4, Carlson3 et Lucas confirme la production élevée constatée l'année passée. Campbell NC 4 se distingue pour la taille des noix et il mérite la première place du trio. Fisher, Deerstand et Warren 346 ont peu produit cette année. Mais Fisher, moyennement productif, confirme son intérêt pour la taille de ses fruits, constat déjà fait en 2017. Il faut aussi remarquer que cette année les noix des cultivars de l'extrême nord sont de taille un peu supérieure à celle de 2017 (maturité des arbres, ou plus de pluie ?).
Les cultivars du sud ont peu à très peu produit cette année. Parmi ceux-ci, Apache a été plus productif que les autres. Mais une grande partie de sa récolte est tombée avec les noix moisies ou mal fécondées, ce qui semble confirmer l'origine climatique des problèmes rencontrés pour les cultivars du sud. Il reste tout de même des noix de ce cultivar en faible nombre qui arrivent maintenant à maturité, et dont la taille est très satisfaisante. J'explique la différence de production entre les deux types de cultivars (avec une telle homogénéité de faiblesse de production pour les cultivars du sud) par les conditions climatiques froides et humides du printemps.
ANNÉE 2019 Début octobre, les noix des cultivars de l'extrême nord commencent à tomber, particulièrement celles de Campbell NC 4, qui confirme à nouveau sa première place au niveau taille, production et précocité. Parmi les cultivars du sud, Apache confirme aussi sa productivité et la grande taille de ses fruits, même
si le vent a fait tomber un nombre important de fruits non ouverts, au sein desquels la graine est avortée. Carya illinoinensis 'Campbell NC 4' : fruits (pacanes) - cultivar de l'extrême nord. Début novembre, confirmation de la taille des fruits et de la production pour les cultivars de l'extrême nord. Warren 346 constitue une exception, ce cultivar continuant à ne pas produire ou très peu (moins de 10 noix). Et, pour les cultivars du sud, Apache confirme sa production importante et la grande taille de ses fruits. Carya illinoinensis 'Apache' : fruits (pacanes) - cultivar pour le sud. Delmas et Mohawk produisent de façon appréciable, mais la taille de leurs fruits est plus petite, quoique satisfaisante. Carya illinoinensis 'Delmas' : fruits (pacanes) - cultivar pour le sud.
Carya illinoinensis 'Mohawk' : fruits (pacanes) - cultivar pour le sud. Le cultivar Mahan a bien produit cette année, mais permet de confirmer une observation que j'avais déjà faite : les pacaniers n'aiment pas le vent.
Carya illinoinensis (Pacanier) : noix - Mahan (en bas) et Apache (en haut). Les coups de vent de ces derniers jours ont fait tomber beaucoup de noix pour les cultivars du sud à grosses noix Mahan et Apache. Mahan a perdu entre 50 et 60 % de la récolte, et les noix au sol ne sont pas récupérables (maturité insuffisante). Pour Apache, chute d'environ 30 à 40 % des noix, mais c'est moins grave car la majorité d'entre elles sont suffisamment mûres pour être consommées. Pour les deux autres cultivars du sud, Mohawk et Delmas, aux noix moins grandes : chute négligeable (environ 5 %), mais les noix tombées sont immatures. Pour les cultivars de l'extrême nord, qui produisenrt des petites noix, pratiquement pas de chutes. Il existe une relation entre le poids des noix et leur résistance aux forts coups de vent. Plus les noix sont grosses, plus elles tombent sous l'effet des bourrasques de vent. La sensibilité au vent des pacaniers est inquiétante pour notre région (et d’autres...). En région venteuse, il faudrait peut-être préférer des cultivars à noix plus petites, mais qui résistent mieux au vent. Et prévoir un rideau végétal brise-vent.
ANNÉE 2020 Confirmation des observations des années précédentes, en particulier du classement des cultivars de l'extrême nord. Rien de particulier à noter. Je dispose maintenant d'un recul suffisant pour donner une appréciation du goût : la pacane possède un goût agréable et fin, quel que soit le cultivar. Je n'ai pas noté de différences importantes de goût entre les différents cultivars, mais c'est Campbell NC 4 qui emporte ma faveur. Je n'ai pas remarqué de différences de goût d'une année sur l'autre selon les variations climatiques. Concernant l’accessibilité de l’amande : pour le cultivar Apache, la coque se casse très facilement, et l'amande s’extrait très facilement et souvent entière. Pour les autres cultivars, la coque se casse assez facilement, mais l’amande s’extrait assez difficilement et en morceaux. Les noix de l'hybride Burton sont excellentes (plus douces que les pacanes), mais l'extraction de l'amande est relativement difficile. Le cultivar Carlson 3, pour lequel j'avais noté une certaine amertume l'année de la première fructification, n'a plus présenté ce défaut les années suivantes.
ANNÉE 2021 Le 8 avril, un coup de gel est survenu dans mon verger : - 2 °C sous abri (vraisemblablement - 4 °C en température ressentie au niveau des pacaniers). J'ai constaté le gel des bourgeons et des fleurs chez les cultivars qui avaient débourré. Les cultivars de l'extrême nord étant les plus impactés, en raison d'un débourrement plus précoce. A l'automne, production très faible à nulle pour les six cultivars de l'extrême nord et pour l'hybride Burton. Quand il y a eu production, les noix sont restées plus petites que celles des années précédentes. Pour les cultivars du sud, l'impact du coup de gel a été moindre, mais la production a été faible. Pour les deux types de pacaniers, j'ai observé une maturité des fruits plus tardive et souvent incomplète. J'ai toutefois noté que le cultivar Delmas s'est montré nettement supérieur aux autres cutivars du sud pour la production de noix et pour le pourcentage d'entre elles qui sont parvenues à maturité complète.
ANNÉE 2022 Pendant cet été particulièrement chaud et sec, les pacaniers de l'extrême nord ont bien résisté à la sècheresse, mais en fin d'été quelques feuilles ont jauni. J'ai noté des différences au niveau de la taille des noix par rapport aux années précédentes. Campbell NC 4 a eu une très bonne production, avec des noix d'un volume habituel mais un peu plus arrondies que les années précédentes. Les autres cultivars (y compris l'hybride Burton) ont produit des noix 40 à 50 % plus petites que les autres années (voir exemple ci-après des fruits de Carlson 3, déjà habituellement petits, rapportés à une pièce de 10 centimes...). Et ces cultivars ont produit moins de noix qu'habituellement, sauf l'hybride Burton dont la production a été légèrement plus élevée que les années précédentes. Carya illinoinensis (Pacanier), cultivar Carlson 3 : fruits anormalements petits de la récolte 2022. Contrairement aux cultivars précédents, les cultivars pour le sud ont bénéficié d'un arrosage (de volume moyen), du fait d'une culture de légumes dans l'interligne pendant tout l'été. Production décevante pour Delmas et Mohawk : noix de taille normale, mais en très faible quantité malgré une floraison abondante (conséquence sans doute du gel tardif dont j'ai pu constater les effets sur certaines variétés de fruitiers traditionnels). Mahan a connu une bonne production, avec de très belles noix. La récolte du cultivar Apache a été excellente, tant en quantité qu'en qualité. Carya illinoinensis (Pacanier) : récolte 2022 du cultivar Apache.
Carya illinoinensis (Pacanier) : récolte 2022 du cultivar Apache. En cette fin d'année, François DROUET (coordinateur éditorial du présent site Internet) m'a fait part d'observations relatives aux pacaniers en régions septentrionales émanant d'un de ses correspondants, qui l'a autorisé à le citer. Il s'agit de Laurent GALLET, âgé de 36 ans, résidant dans le département du Nord. Ce passionné expérimenté cultive de nombreux fruitiers rares, et a débuté en 2019 une collection de pacaniers de l'extrême nord (Campbell NC 4, Carlson 3, Snaps, Deerstand, Lucas, hybride Burton), acquis auprès de la très intéressante pépinière hollandaise DE SMALLEKAMPE. Voici ses informations. "Je remarque la même chose que M. PÉLISSIER concernant les ultra northern pecans : démarrage très précoce, ce qui les expose au gel (dans mon département, le temps varie facilement au printemps en fonction du sens du vent, et il peut geler plus en avril / mai que pendant tout l'hiver). Mes ultra northern pecans (jusqu'au printemps dernier très proches du sol) sont réchauffés aux premières chaleurs, mi-mars - fin mars, avec des pics à 20 °C dans la journée et des nuits à 10 °C, ce qui les fait immédiatement débourrer. Alors que nos sélections de Noyer européen ne se réveillent que début mai et échappent au gel. Cependant, Carlson 3 et Snaps semblent présenter une bonne résistance aux petits épisodes de gel blanc (il peut faire 5 °C , mais l'air est assez humide pour donner du givre au sol). Les northern pecans semblent se révéler plus adaptés au nord de la France que les ultra northern pecans. Le northern pecan Busseron possède une bonne résistance au gel, il démarre un peu plus tard et se révèle vraiment solide. Selon mes nombreux contacts, Carlson 3 et Snaps produisent en Belgique, et des northern pecans (tels Kanza, Giles, Major, Starking Hardy Giant, et d'autres) fructifient en Allemagne. Je remarque d'ailleurs que tous les cultivars de Pacanier proposés sur le site de la pépinière DE SMALLEKAMPE donnent des fruits sur le site de production en Hollande. La pépinière produit ses porte-greffes francs à partir des noix de pécan récoltées dans son propre verger. Mais je souhaiterais assurer une production régulière en réalisant moi-même une sélection de semis qui aboutirait à des cultivars de période de fructification à peu près identique à celle du Noyer européen (septembre - novembre), et à débourrement tardif (mai, voire mi-mai). Cela sera sûrement une oeuvre de longue haleine... Concernant l'adaptation au sol, j'observe pour le moment une bonne résistance de mes pacaniers à l'humidité stagnante l'hiver (notre biotope est un vaste marais qui a été draîné il y a bien longtemps). Le seul élément qui aurait pu générer de réels problèmes de culture est la carence (du point de vue disponibilité) en zinc et en soufre. J'ai cette fois fait le choix du traitement chimique, et le sulfate d'ammonium a fait des merveilles (il faut toutefois procéder à petites doses). Aucun signe de pecan scab, ni de changement d'hôte de l'anthracnose du Noyer. Pourtant, notre biotope est idéal pour tester la résistance à toutes les maladies cryptogamiques racinaires et foliaires."
ANNÉE 2023 Les cultivars pour le sud ont relativement peu produit (sauf Delmas). Pour les cultivars de l'extrême nord : les noix ont commencé à tomber le 5 octobre ; la production a été bonne à forte, mais pour Deerstand, Fischer et Lucas, les noix sont restées de très petite taille, probablement à cause du manque d'eau. Warren 346 a enfin produit quelques noix, mais elles ausi de très petite taille (à suivre...). Production normale pour l'hybride Burton. Campbell NC 4 s'est montré cette année encore le meilleur cultivar de l'extrême nord.
CONCLUSIONS DE MES OBSERVATIONS DE CULTURE
1. Je constate que l'enracinement très pivotant, et sans doute profond dans des types de terrains comme le mien, confère aux pacaniers une résistance à la sécheresse assez étonnante. 2. La sensibilité au vent des pacaniers est préoccupante pour ma région (et d’autres...). Il existe une relation entre le poids des noix et leur résistance aux forts coups de vent. Dans les régions très ventées, les cultivars à petite noix sont peut-être préférables. Un rideau végétal brise-vent serait aussi à conseiller. 3. L'occurrence de gelées tardives (fin mars/début avril) paraît une entrave à la régularité d'obtention des récoltes pour les cultivars de l'extrême nord, et même, dans une moindre mesure, pour les cultivars du sud. 4. Le décalage des dates de récolte entre les cultivars du sud et ceux de l’extrême nord montre l’intérêt de ces derniers en régions méridionales (pour l’échelonnement des récoltes) et dans les régions septentrionales (pour l’obtention d'une récolte). 5. Les premières fructifications ne sont pas représentatives de la taille des noix et de l'époque de maturité du cultivar bien établi. 6. Classement des cultivars de l'extrême nord : Campbell NC 4 est au-dessus du lot (précocité, productivité, taille des noix). Fisher est en seconde place pour sa production et la taille de ses noix. Deerstand se classe en troisième position. Carlson 3 et Lucas ont des noix vraiment petites. Toutefois, Carlson 3 est à prendre en considération car, d'une part, c'est le plus précoce des sept cultivars, d'autre part, c'est un pollinisateur pour Campbell NC 4. Le seul cultivar décevant est Warren 346, qui n'a pratiquement jamais produit de fruits à ce jour. L'hybride Burton a une productivité moyenne, et il produit des fruits délicieux de taille moyenne. 7. Classement des cultivars du sud : Mahan se classe premier, compte tenu de sa bonne productivité et de la grande taille de ses noix. Delmas pourrait prendre la seconde place car il paraît un peu plus productif que Mohawk et Apache, et ses noix sont de bonne taille. Mais ces observations méritent d'être affinées. Il me faut plus d'années d'observation pour classer ces trois cultivars de façon certaine. 8. La sélection des cultivars par le goût des fruits est sans objet, celui-ci étant agréable et fin pour tous les cultivars. 9. Le principal point faible que j'ai constaté pour les cultivars de l'extrême nord est la petitesse des noix. Ma collection de pacaniers ne comporte pas de cultivars pour le nord (northern pecans). Il est possible que certains cultivars de ce groupe permettent d'obtenir dans les zones septentrionales françaises une récolte avec des noix de taille plus importante que celles des cultivars de l'extrême nord. Je n'ai pas connaissance en France de plantations bien établies, ou d'expérimentations de culture, de cultivars du groupe northern pecans.
OBSERVATION DES MALADIES ET RAVAGEURS
CHARENÇON DE LA PACANE A l'automne 2016, j'ai consaté la présence d'une grosse larve dans quelques noix de pécan. Dans celles-ci, environ la moitié de la graine était réduite en poussière. Carya illinoinensis (Pacanier) : larve trouvée dans quelques noix de pécan en 2016. Selon mes recherches sur les sites Internet américains, il semble s'agir du pecan weevil (Curculio caryae Horn), le charençon de la pacane. Je ne m'explique pas comment il a pu arriver là... Je n'ai pas planté de pacanes venant d'ailleurs dans mon verger personnel pour l'obtention de porte-greffes. Une hypothèse est que des pacanes infestées achetées en magasin bio auraient été perdues ou plantées sur un terrain de la région, et auraient produit des charençons de la pacane qui se seraient introduits dans mon verger. En y réfléchissant, je me dis aussi que si le charençon de la pacane est inconnu chez nous, nous avons un charençon attaquant un fruit à coque : le balanin des noisettes (Curculio nucum L.). La larve que j'ai trouvée a aussi l’aspect de la larve du balanin des noisettes. La charençon de la pacane a été signalé aux USA.sur noyer européen (Juglans regia L.). Chez nous, le balanin des noisettes ne pourrait-il pas attaquer le Pacanier ? Le site de l’INRA précise que la larve de Curculio nucum L. n’attaque que les noisettes, mais je pense que l’éventualité des attaques sur Pacanier n'a pas dû être étudiée. Je n'ai jamais eu d'attaques de balanin des noisettes dans mon verger. Pour déterminer l'espèce à laquelle appartient la larve, il faudrait enfouir les pacanes infestées dans un récipient contenant 10 cm de terre, fermé sur le dessus par un film en plastique alimentaire maintenu par un élastique, afin que les larves effectuent leur nymphose et que les adultes émergent de la terre. Bien que les deux espèces de charençon soient proches, je devrais arriver à déterminer à quelle espèce appartiennent les adultes qui ont émergé. Mais cette méthode demanderait du temps car, selon le site INRA précité, les charençons ne sortiront de terre que 2 à 4 ans plus tard. Depuis l'observation de la larve en 2016, je n'ai plus trouvé de larves dans mes noix de pécan, et je n'ai pas observé d'attaques de balanin des noisettes dans mon verger.
AUTRES INSECTES Aux Etats-Unis, ll existe d'autres insectes ravageurs de la noix de pécan : Hickory schuck worm (Cydia caryana Fitch), Pecan nut casebearer (Acrobasis nuxvorella Neunzig), Nut curculio (Conotrachelus hicoriae Schoof). Je n'ai observé aucune attaque de ceux-ci sur mes pacaniers.
CHAMPIGNONS Attaque ponctuelle : fin septembre 2017, j'ai connu une déconvenue avec le cultivar du sud Delmas, qui a présenté une importante chute prématurée de noix. Les noix étaient pleines, mais à l'intérieur de celles-ci une partie de l'amande s'était transformée en un liquide noirâtre. C'était peut-être une attaque de champignons pathogènes. J'ai effectué des recherches, et j'ai noté que ce problème a été signalé sur plusieurs cultivars en octobre 2015 en Géorgie (USA), selon l’article écrit en octobre 2015 par un spécialiste du Pacanier de l’université de cet état. Celui-ci avoue ne pas en connaître la cause au moment de la rédaction de son article... Je n’ai pas trouvé sur Internet d’autres références à ce problème. Tavelure (scab) : je n'ai pas noté de dégâts dus à la tavelure dans ma collection de pacaniers. Mon verger est un endroit sain, peu propice aux maladies cryptogamiques, et je n'ai pas réalisé de traitements préventifs contre cette maladie. Les feuilles tombées ne sont pas ramassées, mais elles sont enfouies lors des travaux du sol de fin d'hiver. Dans les descriptions des cultivars pour le sud fournies précédemment (source : USDA /ARS, Somerville, Texas), les éléments relatifs à la sensibilité à la tavelure sont les suivants. Mahan : très sensible, Delmas : sensible, Apache : sensible, Mohawk : sensible en Louisiane et dans certaines localités de Géorgie, mais généralement résistant au Texas et en Oklahoma. Pour les cultivars de l’extrême nord, je n’ai pas encore trouvé l’information sur la sensibilité à la tavelure.
OISEAUX Les perruches à collier et les pies ont appris à connaître les noix de pécan, et les consomment désormais. D'autres oiseaux pourraient se joindre prochainement à elles. En effet, les choucas des tours et les corneilles noires fréquentent mon verger. Jusqu'à présent, je n'ai pas observé d'attaques de leur part sur les noix de pécan, mais compte tenu de l'intelligence de leur famille d'appartenance que je connais bien (Corvidés), cela finira par arriver. Le Geai des chênes pourrait constituer aussi un ravageur des pacanes. Je ne le crains pas car mon verger est loin de son environnement naturel, mais il pourrait se manifester dans des plantations de pacaniers plus proches des forêts. Aux Etats-Unis, c'est le Geai bleu (Blue Jay) qui provoque des dégâts sur les récoltes de pacanes. Je m'y suis intéressé et ai trouvé un article américain qui indique que les attaques du Geai bleu sont importantes dans plusieurs états, notamment la Louisiane, la Géorgie et l'Oklaohma. Dans certains vergers de ce dernier état, la perte de récolte de pacanes a atteint 30 % (référence : BATCHELER G. R., BISONETTE J. A., SMITH M. W., 1984. Towards reducing pecan losses to blue jays in Oklahoma. Wildlife Society Bulletin 12(1):51-55).
MAMMIFÈRES Aux Etats-Unis, les écureuils constituent des ravageurs redoutés pour les pacanes, qui consomment, endommagent, et dispersent en provision celles-ci à raison de plusieurs kilos par individu dans la saison. Dans les jardins et dans les vergers d'amateur, différents moyens de lutte sont mis en oeuvre : plantation loin des arbres fréquentés par les écureuils, taille ou suppression des arbres à proximité pour éviter le passage en hauteur vers les pacaniers, enlèvement des éléments attirant les écureuils tels les distributeurs de nourriture pour oiseaux, création de points de nutrition détournant les écureuils loin du pacanier, barrières physiques sur l'arbre ou sur les fils environnants, répulsifs sur le sol (autour du tronc) et sur l'arbre, pose de pièges inoffensifs pour déplacer en forêts les animaux piégés. Mais dans le cas de forte nuisance sur vergers commerciaux de pacaniers, les seuls moyens de lutte sont létaux, notamment l'obtention d'un permis de chasse spécifique pour les écureuils. En Californie, l'écureuil fauve (eastern fox squirrel, Sciurus niger L.) est une espèce invasive classée ravageur agricole, et la destruction des individus s'attaquant aux récoltes est autorisée par tous moyens légaux sans avoir à obtenir de permis particulier. Je n'ai pas d'écureuils dans mon verger, mais je pourrais rencontrer des problèmes avec le Rat noir (Rattus rattus L.). Beaucoup de dégâts attribués aux écureuils sont souvent le fait de cette espèce arboricole (amandes, noix, noisettes). Chez moi, les rats noirs pillaient régulièrement un amandier aujourd'hui disparu, et ils visitent souvent un noyer très proche d'une longue haie qui leur permet d'accéder à celui-ci. Mais ils ne fréquentent pas les arbres trop isolés car ils détestent courir à découvert sur le sol. Mes pacaniers étant espacé les uns des autres et isolés de toute autre végétation sont, au moins jusqu'à présent, épargnés par les rats noirs.
Je me ne suis pas attardé sur les caractères botaniques du Pacanier car François DROUET livre une observation de terrain de ceux-ci dans un article publié sur le présent site.
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