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Accueil > Espèces > Asiminier > Observation de culture de l'Asiminier dans le nord de la Loire-Atlantique.

 

Article publié en 2014, enrichi en 2024.
Auteur : Bernard GELY.
Photographies : Bernard GELY.
Tous droits réservés.

 

 

Observations de culture de l'Asiminier

 

(nord de la Loire-Atlantique)

 

 

 

J'habite entre Nantes et Rennes, dans le nord de la Loire-Atlantique. Mon terrain est en bordure d'une petite rivière, le Cône. Je me suis lancé dans la culture de l'Asiminier, Asimina triloba (L.) Dunal, il y a quatre ans (2010), et j'ai planté sur trois postes de mon terrain : une zone normalement peu inondable, 5 à 10 cm tous les 3 ans, sauf cet hiver 2013/2014 où le niveau a atteint 60 cm ;  en bordure d'un ru avec de l'eau à 80 cm de profondeur, mais avec un drain correct ;  dans une zone de verger plus traditionnelle. Je greffe moi-même, mais trouver des greffons est difficile. Au printemps 2013, j'ai greffé 12 jeunes asiminiers d'un an (greffons de 5 à 8 mm de diamètre) dont la totalité a débourré. J'achète aussi des plants greffés de divers cultivars. Plan de l'article : les difficultés au démarrage en culture, greffages sur porte-greffes très fins, plantation avec protection, des résultats encourageants (été / automne 2014), situation à la fin 2020.

 

LES DIFFICULTÉS AU DÉMARRAGE EN CULTURE

 

Pour moi, le démarrage en culture de l'Asiminier peut se résumer en quelques mots : "Pendant trois ans, la galère...". La conduite des jeunes arbres dans ma région est en effet très particulière, et j'ai été confronté à de nombreuses difficultés, dont je décris les cinq principales ci-après.

Mauvais développement (stagnation) des plants jeunes, à l'ombre comme au soleil, s'ils reçoivent peu de chaleur : ma région présente un climat trop frais l'été, en particulier à l'ombre (9 degrés le matin en juillet ces deux dernières années). Mes jeunes plants en pleine terre végètent mal et il en est de même pour ceux en pots placés dehors à l'ombre. Par contre, la pousse est très rapide dès que les 25 degrés sont atteints. C'est un comportement de plante tropicale. Hors zone à 28 degrés sous ombre naturelle, les trois premières années sont très difficiles.

Les jeunes feuilles brûlent au soleil direct : la serre ombrée s'impose donc chez moi, pour augmenter la chaleur et pour protéger les jeunes feuilles du soleil. Je me suis fait un petit jardin d'hiver pour faire hiverner mes plants en pots à l'abri des fortes gelées et pour les mettre à la chaleur et à l'ombre dès le printemps. L'Asiminier est une plante de serre pendant les trois premières années au minimum dans ma région, jusqu'à ce qu'il puisse supporter un soleil direct. Après, en plein soleil avec eau et engrais, j'ai pu constater sa très bonne croissance dans les arboretums de la région où il est présent depuis des dizaines d'années.

Fragilité physique des jeunes plants : j'ai observé une fragilité extrême des jeunes plants aux chocs et au vent. Pendant l'hiver 2012 / 2013, des plants greffés achetés au printemps 2012 ont été cassés et je n'avais toujours pas un asiminier greffé en pleine terre... Il me reste à vérifier la tenue au vent de plants de taille intermédiaire lors de la croissance des jeunes feuilles, qui me semble assez similaire à celle de certains jeunes noyers. A la taille adulte, les noyers ne posent plus aucun problème.

Attaques de limaces : sur les jeunes plants, les feuilles tendres constituent une nourriture de choix pour les limaces, souvent dès qu'elles débourrent. J'ai dû mettre en place des traitements anti limaces réguliers. Lorsque les plants atteignent l'âge d'environ deux ans, j'ignore si c'est la hauteur ou la texture des feuilles, je ne constate plus d'attaques. Les limaces laissent des traces de passage sur les feuilles, mais ne les dévorent pas.
 

Asimina triloba (L.) Dunal : attaque de limaces sur un plant de la variété NC-1, trois mois après la greffe

Asimina triloba (L.) Dunal : attaque de limaces sur un plant de la variété NC-1, trois mois après la greffe.

 

Asimina triloba (L.) Dunal : trace de passage de limace, sans attaque, sur un porte-greffe en deuxième année

Asimina triloba (L.) Dunal : trace de passage de limace, sans attaque, sur un porte-greffe en deuxième année.
 

Mauvaise reprise et stagnation, ou pas de reprise, pour tout plant élevé dans un godet de moins de 20 cm de haut : pour y remédier, je fais germer en bouteille de 2 litres. Ainsi, le long pivot qui caractérise le système racinaire de l'Asiminier peut se développer sans contraintes. On remarquera sur la photographie ci-dessous un phénomène de blocage de levée de graine, à droite. Ce semis de 2014 est dressé à 3 cm au-dessus de la terre mais les feuilles ne sont pas sorties de la graine, alors que c'est le cas pour celui de gauche, également de 2014, qui s'est comporté normalement. Un tel semis, que je rencontre une fois par an, passe l'hiver en l'état, sans avoir de feuilles avant l'année suivante. Il poursuit alors son développement sans anomalies.
 

Asimina triloba (L.) Dunal : semis en bouteille de 2 litres pour laisser de la place au long pivot

Asimina triloba (L.) Dunal : semis en bouteille de 2 litres pour laisser de la place au long pivot.

 

GREFFAGE SUR PORTE-GREFFES TRÈS FINS

 

Un an après le semis, je greffe à l'anglaise simple avec un taux de succès élevé, parfois de 90 %. Ayant des difficultés pour le moment à trouver des greffons, je pratique avec des greffons de diamètre très fin (dès 1,5 mm de diamètre). J'opère souvent avec des sections inférieures à celle d'un crayon, alors que le porte-greffe n'est pas encore rigide. Le développement est lent mais les greffes sont très belles, le porte-greffe et le greffon étant de section similaire. Je considère qu'une greffe est réussie lorsque deux feuilles, même petites, se sont formées au-dessus du point de greffe.

Mais le moindre frottement (arrosage mal maîtrisé, choc lors du déplacement du pot, contact d'herbes...) ou des attaques de limaces peuvent à ce stade faire tomber les jeunes feuilles. Je constate alors un redémarrage sous le point de greffe, donc la perte de la greffe. Dès bourgeonnement de la greffe, je transfère en tubes PVC de diamètre 10 à 24 cm et coupés à une hauteur de 40 à 50 cm. C'est vraiment le détail qui assure une croissance beaucoup plus rapide pour cette plante. Je place ensuite sous serre peu ventilée et très humide, et j'obtiens en fin de deuxième année un plant greffé de 15 à 40 cm de haut. Au bout de trois ans, avec de l’engrais et beaucoup d'eau, les plants atteignent 0,60 à 1,20 m. Mais j'aurais assurément un meilleur résultat avec un climat continental et un arrosage par brumisateur.
 

Asimina triloba (L.) Dunal : greffe sur un porte-greffe de diamètre très fin (variété NC-1)

Asimina triloba (L.) Dunal : greffe sur un porte-greffe de diamètre très fin (variété NC-1).
(observer le crayon posé comme témoin entre deux feuilles...).

 

Pour les plants que j'achète greffés, après que mes fournisseurs (la pépinière du Bosc et la pépinière de la Vallée de L'Huveaune, désormais fermée pour cause de retraite) ont rallongé leurs pots de 14/15 cm à 19/25 cm, tout a été plus facile. L'état du pivot me semble primordial, la moindre casse, même partielle, est dommageable.
 

Asimina triloba (L.) Dunal : plants élevés sous serre ombrée dans des pots de 40 cm de hauteur

Asimina triloba (L.) Dunal : plants élevés sous serre ombrée dans des pots de 40 cm de hauteur.

 

PLANTATION AVEC PROTECTION

 

A l'âge de trois ans, pour la quatrième année de croissance, je plante en pleine terre, mais sous abri. Pour des plants vigoureux, il m'est arrivé de planter en pleine terre sous abri dès l'âge de deux ans, pour la troisième année de croissance. Pour l'abri en pleine terre, le panneau de treillis fin soudé 1 m x 2 m avec petite mailles de 5 cm (treillis fin de carreleur) est l'arme nécessaire et suffisante. D'une part, pour soutenir en été un voilage d'hivernage blanc anti UV double épaisseur (le voilage vert, sans traitement anti UV, se dégrade). Ce voilage protège du soleil et augmente la chaleur. D'autre part, pour protéger le plant des débris véhiculés par les crues, mais aussi des ballons, des animaux...  Le panneau de treillis fin spécial carrelage formant un cylindre maintenu par deux piquets et entouré du voile d'ombrage constitue une mini serre très efficace pour les débuts en pleine terre des asiminiers chez moi. Ces "serres" d'été permettent l'ombrage, la protection physique, et elles renforcent la chaleur.
 

Asimina triloba (L.) Dunal : plants de trois à quatre ans, avec protection

Asimina triloba (L.) Dunal : plants de trois à quatre ans, avec protection.
 

J'ai tout d'abord gainé mes serres verticales de plastique plus un pare-soleil type sac polypropylène ou voilage d'hivernage vert, mais les résultats ont été mauvais. J'ai ensuite essayé avec du voilage vert seul : bons résultats, mais l’absence de traitement anti UV ne permet pas la pérennité de la protection, qui se dégrade assez vite.  Le double voilage blanc anti UV a donné de bons résultats, mais avec une pousse moyenne. C'est l'association voilage d'hivernage vert plus voilage d'hivernage blanc traité anti UV qui fournit le meilleur résultat, avec une pousse plus vigoureuse et plus rapide et des feuilles très peu abîmées.
 

Asimina triloba (L.) Dunal : plant de la variété Mango et sa protection

Asimina triloba (L.) Dunal : plant de la variété 'Mango' et sa protection.
 

Il me reste un point à améliorer : le désherbage à l'intérieur des mini serres verticales de 1 m de haut, qui est malaisé. J'ai envisagé de mettre au pied des plants une bonne couche (jusqu'à 5 cm) d'écorces de pin de faible calibre et de bonne qualité. Mais je m'oriente plutôt vers la mise en place de collerettes en jute car je redoute, peut-être à tort, une modification du pH, qui deviendrait trop acide. En effet, ma région se situe sur un sillon géologique d'ardoises, le même qui a produit pendant plusieurs siècles les ardoises d'Angers. Autour de chez moi, deux anciens puits d'ardoises dans les 2 km et deux anciennes forges de fer à moins de 10 km. Il s'agit de terres dont le pH est nettement acide (entre 5,5 et 6) et dont la texture est limoneuse. Je ne connais pas toutefois l'acidité exacte de mon terrain, n'ayant pas fait réaliser d'analyses de sol.

 

DES RÉSULTATS ENCOURAGEANTS (ÉTÉ / AUTOMNE 2014)

 

OBSERVATION DE MES CULTURES

Je dispose maintenant d'une procédure de démarrage en culture au point. Première année : le semis ; deuxième année : greffe en serre (ou plant acheté) ; troisième année : serre ombrée avec pot de hauteur 40 cm minimum, ou plantation en pleine terre avec protection par treillis formant mini serre ; quatrième année : plant en pleine terre protégé du soleil par treillis vertical, avec parfois déjà des fleurs ; cinquième année : plein vent avec tuteur (et j'essaierai de polliniser...).

J'ai réalisé une observation particulière cet hiver 2013/2014 : une crue exceptionnelle de la rivière voisine a submergé sept de mes plants greffés au printemps précédent (et mis en terre à l'automne suivant, à titre de test), avec 20 à 60 cm d'eau pendant plus de deux semaines. Un seul plant n'est pas reparti normalement, décapité par la protection arrachée par la crue. Il s'agit d'un constat très positif : les plants dAsiminier, même jeunes, résistent très bien aux crues de la rivière, même lorsque celles-ci sont d'une certaine importance.
 

Crue de la rivière submergeant la parcelle des asiminiers (deux semaines, hiver 2013/2014).

Crue de la rivière submergeant la parcelle des asiminiers (deux semaines, hiver 2013/2014).
 

A la réflexion, cette observation ne m'a pas vraiment étonné. Elle correspond au comportement de l'Asiminier dans son milieu naturel, aux Etats-Unis, où on le trouve souvent dans les zones inondables des plaines, sur les bords des rivières, et dans les bas-fonds humides. La photographie ci-dessous montre un plant de la variété 'Overleese', greffé au printemps 2013 et planté à l'automne suivant, qui n'a pas souffert de la crue.
 

Asimina triloba (L.) Dunal : plant de la variété Overleese ayant supporté une crue de deux semaines.

Asimina triloba (L.) Dunal : plant de la variété Overleese ayant supporté une crue de deux semaines.

 

Asiminier : fruit du cultivar Well's Delight ayant été noyé par la crue de la rivière, et n'en n'ayant pas souffert (2018)

Asiminier : fruit du cultivar Well's Delight ayant été noyé par la crue de la rivière, et n'en n'ayant pas souffert (2018).
 

Mes sujets prenant de l'âge, j'ai observé des comportements inattendus chez deux d'entre eux en ce qui concerne la résistance au soleil direct. En effet, une protection contre le soleil reste nécessaire pour un plant immature de la variété 'Sunflower' âgé de quatre ans et haut de 1,25 m, dont les feuilles continuent à brûler en périphérie, mais sans dépérir. La maturité sexuelle semble aller de pair avec la tenue au soleil, si je compare avec les sujets du même âge qui ont fleuri et qui résistent très bien au soleil direct.  D'autre part, quand la protection glisse ou se déchire, les feuilles commencent à brûler, mais exceptionnellement ce n'est pas le cas sur un plant de la variété 'Overleese', qui est dans sa troisième année. Au-delà de la quatrième année, je pense qu'il n'y aura plus de problèmes. Je compte enlever les protections de mes sujets lorsqu'ils auront cinq ans, tout en leur assurant un tuteurage solide. J'aurai alors à traiter la problématique de pollinisation. Je recourrai à la pollinisation manuelle si besoin... Les échanges avec les autre planteurs d'asiminiers ont enrichissants. J'ai ainsi appris que l’effort nécessaire pour la protection contre la lumière est plus important pour Georgia. Je ferai pour celui-ci une protection par canisses et bambous (idée tirée de mes échanges avec un planteur d'asiminiers du sud de la France).  
 

Asimina triloba (L.) Dunal : plant de la variété Overleese de deux ans, résistant bien au soleil après dégradation de sa protection

Asimina triloba (L.) Dunal : plant de la variété Overleese dans sa troisième année.
(ce plant résiste bien au soleil après dégradation de sa protection).
 
 

Après avoir surmonté les différentes difficultés de démarrage en culture, je commence à avoir des résultats satisfaisants. Cette année, j'ai obtenu des fleurs sur deux plants âgés de quatre ans et hauts d'environ un mètre. Mais j'ai volontairement empêché la pollinisation. J'ai également des fleurs sur des pieds de moins de 50 cm de haut, mais j'hésite à faire porter des fruits sur des plants aussi petits. Le démarrage en culture de l'Asiminier est longue et délicate dans ma région. Si je n'avais pas l'assurance que les difficultés s'estompent et que le travail s'allège au-delà des quatre premières années, j'aurais renoncé à cet arbre fruitier. Je suis conscient que l'expérience que je relate peut paraître décourageante, mais je suis maintenant au stade où j'attends les premiers fruits, peut-être cet été 2014 car j'ai laissé quelques fleurs, ou l'année prochaine si mes sujets continuent à évoluer au même rythme.

L'été a passé, et je n'ai pas eu de fruits... J'ai découvert dix arbres de leur voile de protection, et j'ai pu constater une pousse moyenne satisfaisante de 0,36 m. Les pousses ont été de 0,43 m en moyenne pour les sujet protégés par un voile vert, et de 0,10 m à 0,65 m pour les sujets les plus malmenés par la crue exceptionnelle de cette année. Lorsque j'ai enlevé le voile de mes asiminiers, j'ai été frappé par la qualité des feuilles, surtout leur belle couleur verte en pleine lumière. Le système panneau grillagé de carreleur avec voile paraît donc satisfaisant. Mais le petit nombre d'observations ne me permet pas encore d'être sûr de l'apport réel du voile, même si elles confirment mes impressions initiales. Par comparaison, un ami nantais ayant planté sans protection a réussi à garder ses plants vivants (bien mieux que moi lorsque j'ai débuté), mais avec des petites feuilles et une croissance annuelle moyenne d'environ 10 cm. Pour l'année prochaine, il a décidé de passer au panneau grillagé avec un voile vert pour mâche. Il semble que le voilage vert, savoir-faire nantais, soit également efficace pour d'autres plantes.

J'ai constaté que deux cultivars ('Georgia' et 'Prolific'), plantés en janvier 2014, ont jauni plus vite et présentent une texture de feuille moins dense, malgré une pousse normale. Je soupçonne que leurs pots d'origine, hauts de 25 cm, soient moins favorables que les miens, hauts de 40 cm, même s'ils restent d'une profondeur convenable.
 

Asimina triloba (L.) Dunal : cultivar Georgia avec feuilles jaunies

Asimina triloba (L.) Dunal : cultivar Georgia de 0,85 m de haut avec feuilles jaunies.
 

Trois arbres portent des boutons à fleurs pour l'année prochaine : un 'Sunflower' de 1,5 m de haut, un 'Mango' de 1,05 m, tous deux âgés de quatre ans, ainsi qu'un 'Prolific' haut de 0,83 m, âgé de trois ans.
 

Asimina triloba (L.) Dunal : cultivar Mango en septembre avec des boutons à fleurs à l'aisselle des feuilles

Asimina triloba (L.) Dunal : cultivar Mango en septembre avec des boutons à fleurs à l'aisselle des feuilles.
(pour floraison au printemps suivant).

 

C'est une caractéristique de l'Asiminier : les boutons à fleurs se forment en été et sont visibles très tôt. Ils passeront l'hiver de façon encore plus visible sur les rameaux sans feuilles.
 

Asimina triloba (L.) Dunal : cultivar Sunflower en septembre avec des boutons à fleurs à l'aisselle des feuilles

Asimina triloba (L.) Dunal : cultivar Sunflower en septembre avec des boutons à fleurs à l'aisselle des feuilles.
(pour floraison au printemps suivant).

 

Asimina triloba (L.) Dunal : cultivar Sunflower en septembre avec des boutons à fleurs à l'aisselle des feuilles

Asimina triloba (L.) Dunal : cultivar Sunflower en septembre avec des boutons à fleurs à l'aisselle des feuilles.
(pour floraison au printemps suivant).

 

Je ne polliniserai que le 'Sunflower' et le 'Mango', les plus forts, mais, au milieu d'un poulailler, la nature pourrait reprendre ses droits pour le petit 'Prolific'... Chez moi, en effet, les asiminiers font (bon ?) ménage (grillagé) avec les poules.
 

Asimina triloba (L.) Dunal : cultivar Sunflower de 1,50 m au milieu du poulailler

Asimina triloba (L.) Dunal : cultivar Sunflower de 1,50 m au milieu du poulailler.

 

DIVERSIFICATION DES CULTIVARS

Un de mes motifs de satisfaction est d'avoir réussi à introduire une diversité de cultivars dans mes plantations. Je cultive actuellement 8 variétés ('Sunflower' et 'Georgia', qui seraient autofertiles, 'Mango', 'Prolific', 'Rebecca's Gold', 'NC-1', 'Wells' et 'Overleese'). Quatre ont été achetées en plants greffés (rappel de mes fournisseurs : pépinière du Bosc et pépinière de la Vallée de L'Huveaune, désormais fermée pour cause de retraite). Quatre proviennent de mes propres greffes, que j'ai pu réaliser grâce à la Bourse aux greffons (dont je suis membre), une idée exceptionnelle.  J'avais introduit une autre variété réputée autofertile, 'Prima 1216', mais je l'ai perdue, ainsi que les variétés 'Sweet Alice' et 'Shenandoah'. Mais je possède des doubles de 'NC-1' après mes campagnes de greffe, en dépit de la casse constatée sur les jeunes sujets. J'ai commencé à donner des jeunes plants à des amis.

Et j’investis toujours dans un paquet de 20 graines par an. Les trois dernières années, sur 20 semis chaque année, j'ai obtenu successivement 14, 10 et 6 levées. Mais, comme je l'ai déjà indiqué, la réussite de la greffe est facile. Avec un taux de germination moyen sur 3 ans de 50 %, j'ai toujours des difficultés pour m'approvisionner suffisamment en graines. Je vais essayer d'en trouver en quantité plus importante aux Etats-Unis.

Cet automne, j'ai constaté que j'ai raté mes trois greffes réalisées en pleine terre sur des repousses après casse ; la serre semble donc plus adaptée (chaleur et humidité...), mais je continue sur ces repousses en passant au chip-budding après l'anglaise simple. J'ai réussi cette année à obtenir des greffons par la Bourse aux greffons, en provenance de Hollande, Allemagne et Slovaquie, que m'ont envoyés des amateurs comme moi. Les variétés 'IXL', 'Convis', 'Hayes', 'Davis', 'PA-Golden 2' et 'Prima 1216' ont ainsi été greffées en chip-budding.
 

Asimina triloba (L.) Dunal : greffes en chip-budding en cours de collage

Asimina triloba (L.) Dunal : greffes en chip-budding en cours de collage.
 

Mes premières tailles vont fournir quelques greffons pour la Bourse aux greffons. J'ai reçu une demande de greffons d'un heureux possesseur de deux cultivars d'Asiminier de 4 m de haut achetés petits dans une pépinière française sérieuse. Malgré une pollinisation manuelle croisée, il n'obtient pas de fruits. Je penche tout comme lui pour une erreur d'étiquetage du fournisseur américain, donc la présence de deux exemplaires du même clone autostérile. Je réfléchis aussi sur les cultivars. Un correspondant allemand m'a indiqué, et j'ai pu le vérifier sur Internet, que le cultivar 'Prima 1216' est choisi pour des raisons d’autofertilité par de nombreuses pépinières d'Outre-Rhin, qui font le choix de vendre des arbres de plus d'un mètre de haut assez cher (environ 150 €) ; ce que ne réussissent pas encore les  pépinières françaises.

Une de mes préoccupations importantes concernant les cultivars est la taille des fruits et leur pourcentage de graines. Tous les cultivars sélectionnés sont excellents, mais, si un cultivar délicieux, solide et partiellement autofertile est parfait pour un arboretum, l'amateur de fruits rares cultive plusieurs cultivars et recherche les fruits les plus gros avec le moins de graines possible. D’où les sélections américaines qui arrivent dans nos pépinières spécialisées, telles 'IXL' pour la grande taille des fruits, ou 'Shenandoah' (du pépiniériste R. Neal Peterson) pour le faible nombre de graines. Ces travaux de sélection sont effectués très sérieusement par les universités de l'Ohio ou du Kentucky, comme l'INRA le fait en France pour d'autres fruits. Je continue mes introductions : j'ai tout juste commencé à tester les cultivars 'Big Mama' et  'Brennon's Experiment'.

L'Asiminier adulte vit bien dans ma région, comme en témoigne le spécimen de l'arboretum Gaston Allard à Angers, qui mesure près de 4 m de haut, et que j'ai vu en fleurs cette année. J'espère pouvoir le polliniser l'année prochaine, et récolter des graines. Je suis allé le revoir cet été, et  je pense reconnaître le cultivar 'Davis'...
 

Asimina triloba (L.) Dunal : spécimen unique de l'arboretum Gaston Allard, à Angers

Asimina triloba (L.) Dunal : spécimen unique de l'arboretum Gaston Allard, à Angers.

 

Asimina triloba (L.) Dunal : fruit du spécimen de l'arboretum Gaston Allard, à Angers

Asimina triloba (L.) Dunal : fruit du spécimen de l'arboretum Gaston Allard, à Angers.

 

SITUATION A LA FIN 2020

 

Les années ont passé, et j'ai le plaisir d'enrichir à nouveau cet article par mes nouvelles observations, mais aussi par celles d'autres greffeurs d'asiminiers avec lesquels je suis en rapport. J'ai connu dans mes activités de culture de l'Asiminier des évolutions positives modestes mais constantes. Certains arbres dépassent 2,50 m de hauteur. Plusieurs d'entre eux sont en phase de production régulière de fruits succulents.

 

OBSERVATION DE MES CULTURES

J'ai aujourd'hui des asiminiers en pleine terre qui mesurent entre 0,80 (regit existant en terre regreffé) et 3,30 mètres de haut. Je continue à planter chaque année par achat et/ou greffage. Mais mon biotope est en réalité peu favorable à l'Asiminier : une vallée face nord en bordure de rivière, avec peu de terre et le rocher (ardoise) au-dessous, humide l'hiver, peu drainant, trop séchant l'été. Avec, de surcroît, la présence de nombreuses taupes ... Facteurs défavorables supplémentaires : mes plantations subissent des gels tardifs, et sont sujettes à un démarrage trop rapide de végétation par manque de froid l'hiver (j'habite à environ 70 km de l'océan).
 

Asiminier : cultivar autofertile Georgia, en 2019 (hauteur : 1,20 m).

Asiminier : cultivar autofertile Georgia, en 2019 (hauteur : 1,20 m).

 

Asiminier : cultivar Prolific, en 2019 (hauteur : 1,40 m).

Asiminier : cultivar Prolific, en 2019 (hauteur : 1,40 m).

 

Asiminier : mes cultivars Belle, Overleese, Rebecca's Gold.

Asiminier : mes cultivars Belle, Overleese, Rebecca's Gold.
 

Certains de mes asiminiers entrent en production régulière. Taille de 1,5 m à 3,30 m pour les premiers fruits, entre 1,75 m et 3,30 m pour une production plus régulière (plus de 10 fruits). Plantés à l'âge de 4 ans, ils produisent leurs premiers fruits vers 8 ans, et régulièrement à partir de 10 ans. C'est une réalité  proche de celle de tous mes autres fruitiers greffés.
 

Asiminier : fruits du cultivar Mango en formation (2020).

Asiminier : fruits du cultivar Mango en formation (2020).

 

Asiminier : fruits du cultivar autofertile Prima 1216 en formation (2020).

Asiminier : fruits du cultivar autofertile Prima 1216 en formation (2020).

 

Asiminier : pemiers fruits du cultivar autofertile Georgia (2020).

Asiminier : pemiers fruits du cultivar autofertile Georgia (2020).

 

Asiminier : fruits du cultivar Prima 1216 obtenus en 2018 (hauteur du plant : 1,50 m).

Asiminier : fruits du cultivar Prima 1216 obtenus en 2018 (hauteur du plant : 1,50 m).

 

Asiminier : fruits du cultivar Prima 1216 obtenus en 2018.

Asiminier : fruits du cultivar Prima 1216 obtenus en 2018.

 

Asimina triloba (L.) Dunal : asimine d'un poids de 282 g (variété Prima 1216, année 2018).

Asimina triloba (L.) Dunal : asimine d'un poids de 282 g (variété Prima 1216, année 2018).
 

J'observe maintenant toutes les étapes de croissance de l'Asiminier avec une meilleure compréhension. Je ne suis qu'un amateur, certains planteurs plus précis et/ou bénéficiant d'une meilleure exposition feront peut-être mieux. Aujourd'hui, je suis parvenu à maîtriser  le semis, la greffe, la constitution d'un long pivot, l'utilisation du TubeX® (gaine en plastique transparent, dotée de trous, qui se positionne au bas du tronc des arbres jeunes).  Je pourrais améliorer le paillage, l'arrosage automatique, le semis individuel long en plaques forestières, creuser des trous plus larges et plus profonds pour la plantation, et mieux amender le fond (mais mon bras gauche est fortement handicapé …). Tous ces éléments feraient gagner du temps sur l'entrée en production des arbres, mais ces imperfections de culture montrent que l'Asiminier est accessible à l'amateur, même en milieu peu favorable.

Avec ce savoir-faire issu de l'expérience, j'obtiens des fruits dans mes conditions très défavorables. On peut en conclure qu'il sera permis d'en obtenir dans la très grande majorité des lieux de culture. Mais certaines de mes précautions seront probablement superflues en climat plus continental, plus favorable. Ainsi que dans un sol plus sableux présentant beaucoup moins de campagnols et de taupes. Dans ce type de sol, la longueur du pivot lors de la plantation me semble beaucoup moins importante.

 

OBTENTION DE PLANTS APTES A LA PLANTATION SANS PROBLÈMES DE REPRISE

Je possède maintenant deux process (de niveau amateur) qui me garantissent 100 % de reprise en pleine terre. Le premier pour mes greffages : bourse aux greffons sur Internet  pour les greffons ; semis en sac (origine : mes asimines, ou le fourniseur Semences du Puy), lavage deux ans plus tard, et greffage en sachet ou tube (plus de 40 cm de hauteur, diamètre 125 mm à 150 mm). Mise sous serre ombrée des sujets greffés. 
 

Semis d'Asiminier de 1 et 2 ans.

Semis d'Asiminier de 1 et 2 ans.

 

Semis de 2 ans d'Asiminier.

Semis de 2 ans d'Asiminier.
 

L'autre process concerne les plants de cultivars que j'achète déjà greffés : rempotage des plants, immédiatement après l'achat, dans un pot de 50 cm de hauteur pour obtenir un fort pivot, résistant aux taupes et campagnols. Mise sous serre ombrée des cultivars rempotés. La longueur du pivot est pour moi un critère de réussite primordial : échec quasi complet des plants mis en terre avec une racine pivot longue de moins de 30 cm, et réussite complète des autres (sujet achetés greffés, tout autant que sujets que j'ai greffés moi-même). Il est à noter que la pépinière Végétal 85 (un greffeur français d’excellente qualité) commercialise des arbustes en pots de 7 litres de plus de 40 cm de haut. Cette pépinière propose donc selon moi un produit que l'on peut planter directement en pleine terre, même en conditions difficiles.
 

Plant de cultivar Allegheny acheté en pot profond (mais insuffisamment), et pot plus haut (50 cm) pour rempotage immédiat.

Plant de cultivar Allegheny acheté en pot profond (mais insuffisamment), et pot plus haut (50 cm) pour rempotage immédiat.

 

Racines du plant de cultivar Allegheny avant son rempotage en pot de 50 cm de hauteur.

Racines du plant de cultivar Allegheny avant son rempotage en pot de 50 cm de hauteur.

 

Confection d'un pot de hauteur 50 cm pour rempotage d'un plant de cultivar d'Asiminier immédiatement après son achat.

Confection d'un pot de hauteur 50 cm pour rempotage d'un plant de cultivar d'Asiminier immédiatement après son achat.
 

Quand je mets un plant en pleine terre, si la racine pivot n'a pas atteint la longueur de 40 cm,  je replace le plant en pot. Par exemple, cela a été le cas dernièrement pour un superbe sujet greffé par mes soins du cultivar Ruby Keanan. Il mesurait 1 m de haut, pour une longueur réelle des racines de 25 cm. J'ai décidé qu'il allait passer un an de plus sous serre, avec changement du substrat sous les racines.
 

Cultivar Ruby Keanan de 1 m de haut rempoté pour un an, pour cause de racines insuffisamment longues.

Cultivar Ruby Keanan de 1 m de haut rempoté pour un an, pour cause de racines insuffisamment longues.
 

Lorsqu'il est jeune, l'Asiminier est vraiment sensible à l'action des campagnols et des taupes sur les racines. Certains collègues planteurs entourent leurs jeunes racines en pleine terre par un tube de grillage, afin de protéger des rongeurs le fragile pivot. Mon choix de privilégier un pivot très puissant avant de mettre en pleine terre est lié directement aux taupes et campagnols, mais relève aussi de mon goût pour les arbres rustiques. Une plantation avec des racines atteignant une profondeur de 50 cm favorise la pousse du jeune plant pendant la courte « canicule » bretonne. Je vais maintenant essayer de planter sur des postes en bois isolé en ne prévoyant quasiment pas d'arrosage.

 

UTILISATION DE GAINES TUBEX®

Si vous disposez d'un sol sableux et d'un climat continental, l'Asiminier pousse quasiment tout seul. Mais sous d'autres conditions de culture, particulièrement les miennes, une gaine TubeX® aidera grandement au départ. L'observation et les déboires vécus m'ont amené à planter en pleine terre avec la protection d'une gaine TubeX®, conservée en place pendant la première année (conseil avisé de notre ami breton Thomas JAGU, ferme bio Caotte et Feijoa à Rives-du-Couesnon, Ille-et-Vilaine). Il s'agit d'une gaine en plastique transparent, dotée de trous, qui se positionne au bas du tronc des arbres jeunes. Selon mon expérience, la gaine TubeX® engendre un gain de temps très significatif pour le développement en culture des asiminiers. Sans la prise en compte des deux critères de réussite que sont la plantation avec une racine pivot très longue et la protection sous gaine TubeX®, les pertes d'arbustes jeunes peuvent être importantes, parfois même dans certains vergers commerciaux. 
 

Protection des jeunes asiminiers avec les gaines TubeX®.

Protection des jeunes asiminiers avec les gaines TubeX®.

 

Plant de cultivar Shenandoah protégé sous gaine TubeX® (1,25 m ; 2019).

Plant de cultivar Shenandoah protégé sous gaine TubeX® (1,25 m ; 2019).
 

Je pose la gaine TubeX® tard, après les dernières gelées, en ajoutant un produit anti-limaces. Démarrer tard est bénéfique puisque les jeunes feuilles comme les fleurs craignent le gel au cours de  la première année, c'est beaucoup moins important après. Pour les limaces, seul le jeune arbre les craint. Par la suite les limaces ne peuvent ingérer car elles glissent sur les feuilles. Une fois l'arbre installé, hormis les chevreuils ou les lièvres, il ne craint rien. Je considère que l'arbre est en bonne voie d'installation lorsqu'il produit des feuilles plus longues, d'un vert sombre même en plein soleil. Tant que cette photosynthèse n'est pas parfaite, la croissance reste plus lente. Ensuite, au fil des années, la taille et la qualité des feuilles progressent régulièrement, même en plein soleil. Cette progression est bien évidement plus rapide si le jeune arbre est sur un poste de plantation semi-ombragé, ou s'il est conduit sous gaine TubeX®. Il est nécessaire de fournir beaucoup d'eau les premières années, le temps que la racine pivot de l'arbre soit bien installée.

 

FACTEUR DÉFAVORABLE : GELS TARDIFS

Les gels printaniers tardifs, qui ne sont pas rares dans ma région, grillent les premières feuilles, ainsi que les fleurs. Mais les feuilles repoussent, et des fleurs dont les boutons n'étaient pas visibles, ou peu, pendant l'hiver font leur apparition (en moins grand nombre) et se développent après le gel. Cela conduit à des fruits en nombre moindre, plus petits, et atteignant plus tardivement la maturité. Ce sont les postes de plantation les moins exposés aux gels tardiffs qui permettent l'obtention de fruits la plus rapide dans la saison.
 

Asiminier en fleurs exposé aux gels tardifs (cultivar Mango, 2020).

Asiminier en fleurs exposé aux gels tardifs (cultivar Mango, 2020).

 

RÉSISTANCE AUX RAVAGEURS

J'ai observé l'échec d'attaques de ravageurs. L'asimicine est un pesticide naturel contenu dans l'écorce de l'Asiminier. Une fourmilière a tenté d'élever ses pucerons sur un cultivar Overleese : abandon rapide de la fourmilière. Et  quelques cochenilles à coque se sont installées : aucun miellat, pas d'extension, mort des cochenilles. Asiminier 2 - ravageurs 0 :  j'aime ce match !
 

Attaque de fourmis sur feuilles d'Asiminier (cultivar Overleese).

Attaque de fourmis sur feuilles d'Asiminier (cultivar Overleese).

 

Asiminier : feuillage du cultivar Overleese débarrassé des fourmis.

Asiminier : feuillage du cultivar Overleese débarrassé des fourmis.

 

TENUE DU FRUIT SUR L'ARBRE FACE AU VENT

En cette année 2020, la récolte des asimines s'est terminée le 30 octobre : 50 fruits d'un poids moyen de 150 g, provenant de 6 cultivars différents. Ce résultat est appréciable, mais il me paraît moins bon que ce qu'il aurait été possible d'obtenir en poids et en qualité des fruits. Le facteur principal en cause est maintenant clairement identifié : la tenue du fruit sur l'arbre face au vent. Ce facteur n'a pas d'influence sur le nombre de fruits portés par l'arbre, mais il a une influence directe sur le poids et la qualité des fruits récoltés. Un fruit qui chute prématurément est moins développé (donc de poids plus faible), et est moins mûr (donc moins bon à consommer)...

Étonnant de ne pas avoir anticipé ce fait évident en Bretagne. Des fruits de plus de 150 g,  et bien sûr de 250 à 300 g, sont plus exposés au vent. Cela est vrai pour mes grosses pommes ou poires sur arbres de plein vent, mes pamplemousses, mes fruits d'Ichang Papeda, et il en est de même pour mes asimines. Celles-ci sont encore plus sensibles au vent en raison de plusieurs facteurs : tronc grêle, large surface des feuilles générant une prise au vent importante (feuilles parfois longues de plus de 30 cm, lorsque l'arbre prend de l'ampleur). L'arbre peut perdre ses gros fruits en période de vent, c'est un problème courant avec d'autres fruitiers, même s'il revêt plus d'acuité chez l'Asiminier. J'essaie d'y faire face par le tuteurage solide de mes asiminiers, et j'envisage même, si besoin, de tailler la cime de certains d'entre eux pour diminuer la prise au vent.

La tempête Alex est passée début octobre, et a montré clairement la sensibilité des asimines au vent. Les fruits les plus hauts (sauf tuteurage adapté pour le cutivar Prima 1216) se sont abîmés plus vite, sont tombés plus vite, et ont été de qualité médiocre. Le tuteurage correct d'un plant en entrée de production n'est pas celui d'un jeune plant. Il faut prendre en compte les deux facteurs aggravant la prise au vent : la hauteur (2 à 3 m et plus), et l'augmentation du nombre et de la surface des feuilles. Un fruit resté sur l'arbre jusqu'à maturité sera toujours bon. Les insuffisances de maturité sur le pourtour des graines, ou à proximité de la peau, sont toujours liés au décrochage précoce du fruit. Chez moi, 10 jours de plus sur l'arbre, et je mange avec plaisir et digère facilement le fruit totalement doux.
 

Asiminier : cultivar Mango, en 2019 (hauteur : 2,80 m).

Asiminier : cultivar Mango, en 2019 (hauteur : 2,80 m).
(noter le tuteurage).
 

Quelques observations de l'année 2020, à titre d'exemple.

Sunflower : tuteurage par un piquet de diamètre 40 mm, insuffisant pour la hauteur de l'arbre. J'ai goûté l'an passé (2019) deux fruits de cet arbre qui se sont révélés extraordinaires. Le 14 novembre, une merveille de purs fruits tropicaux, avec une très légère pointe de caramel sans amertume. En 2020, sur le même arbre, les fruits sont tombés trop vite, du 30 septembre au 17 octobre. J'ai mangé le dernier fruit  le 25 octobre, et il présentait une saveur moyenne, ainsi qu'une caramélisation trop nette. Un bon fruit, sans plus, sachant que les premiers fruits tombés étaient de goût médiocre, évoquant la banane un peu verte. Les conditions de tuteurage qui ont donné satisfaction en 2019, se sont montrées insuffisantes en 2020. Leçon bien comprise... Je vais corriger. Le poids moyen des fruits, supérieur à 210 g pour cet arbre de plein soleil, est probablement un facteur supplémentaire de décrochage plus précoce de ceux-ci.

Georgia : tuteuré également par un piquet de diamètre 40 mm. Il a fourni  le 20 octobre de cette année (2020) deux petits fruits merveilleux, pour sa première année de production, malgré sa tenue à la lumière encore perfectible. Une crème de mangue orangée douce et onctueuse, avec un léger soupçon de vanille. Vraiment des saveurs d'une qualité introuvable en circuit commercial. Je vais bien sûr mettre en œuvre un tuteurage plus important pour cet arbre, dont la prise au vent va augmenter avec plus de hauteur et une surface de feuilles plus importante. Après casse de rameaux constatée sur le cultivar Sunflower pour excès de poids des fruits, j'ai éclairci une grappe de 4 fruits du cultivar Georgia en enlevant 2 d'entre eux.

Prima 1216 : cette année, les fruits sont tombés entre le 10 et le 24 octobre. Le cultivar est tuteuré doublement (piquets de diamètre 40 mm), avec tenue élastique. Ce tuteurage s'est montré satisfaisant. Pas de décrochage précoce, alors que l'arbre portait 17 fruits, d'un poids de 45 à 235 g. Même remarque que pour le cultivar Georgia : ce n'est pas parce que le tuteurage a été satisfaisant cette année qu'il pourra résister à l'augmentation de la prise au vent l'année prochaine.

Mango : tuteuré doublement (piquets de diamètre 40 mm), avec tenue élastique. Cette année, le vent a fait tomber les fruits du 15 au 30 octobre. Ceux situés au plus haut en premier (saveur moyenne), ceux les plus bas sur l'arbre en dernier (saveur bonne à très bonne). Je vais renforcer le tuteurage.

 

APPRÉCIATION DU FRUIT

Les appréciations de chacun sur le goût du fruit sont multiples parce que les saveurs et parfums sont multiples, selon le cultivar, mais surtout  en fonction de la durée de maturation du fruit sur l'arbre avant son décrochage. Si le fruit est tombé trop tôt, en le conservant au réfrigérateur on améliore ses qualités organoleptiques, mais on obtient  jamais celles du fruit ayant atteint la pleine maturité sur l'arbre. Selon les cultivars et le degré de maturation des fruits, j'ai pu noter : saveurs de banane, mangue, et ananas, de subtiles à puissantes suivant le cultivar ; touches de vanille nulles ou légères ; touches de caramel, nulles ou légères à puissantes lorsque la maturité est avancée ; touches d'agrumes : parfois absentes, jamais puissantes, douces comme une clémentine à acides comme une orange à jus.

L'avis familial (7 quand même) sur les différents fruits est quasi unanime : extraordinaire, un fruit tropical ! J'ai goûté les fruits de cinq cultivars, tous avec des différences subtiles de saveur. Et j'ai remarqué dans certains cas des différences de saveur d'une année à l'autre pour le même arbre. Ma préfrence va au puissant parfum de banane, et je suis le seul de ma famille à ne pas apprécier la (trop forte) puissance de la saveur d'ananas (perceptible, par exemple, dans les fruits de Prima 1216, parfois mais pas toujours). En fait, tous ceux qui aiment l'ananas, la mangue et la banane aimeront sans restrictions les asimines de l'ensemble de mes cultivars. Si le parfum est trop puissant à mon goût, le mélange pomme asimine, comme pomme mangue ou pomme banane, est splendide.

L'atteinte de la maturité du fruit, que je craignais difficile à obtenir par manque de chaleur sous ma latitude, n'est pas un problème. Si un arbre n'a pas connu  les conditions climatiques correctes pour le bon développement des fruits, ceux-ci atteignent tardivement la maturité. Au besoin, je ramasserai les fruits sur l'arbre avant les gelées, et les ferai mûrir à proximité de bananes ou de pommes (grâce à l'éthylène dégagé par celles-ci au cours de leur propre murissement). Mais, en pratique, je constate que même en cas de gels printaniers particulièrement tardifs (3 mai 2019 : -3 °C...) les fruits, alors moins nombreux et plus petits, arrivent à maturité début novembre. Dans mes conditions de culture, la période de récolte des asimines est courte, environ un mois entre les premiers et les derniers fruits.
 

Asimina triloba (L.) Dunal : deux asimines d'un poids total de 402 g (variété Prima 1216).

Asimina triloba (L.) Dunal : deux asimines d'un poids total de 402 g (variété Prima 1216).

 

Asimina triloba (L.) Dunal : dégustation d'une asimine (variété Prima 1216).

Asimina triloba (L.) Dunal : dégustation d'une asimine (variété Prima 1216).

 

DIVERSIFICATION DE MES CULTIVARS

Les cultivars de mon verger sont plus ou moins précoces. J'ai trouvé des précisions précieuses dans l'excellent ouvrage en français écrit par Marc-Henri DOYON et Benjamin BAQUÉ : L'asiminier trilobé? Comment cultiver des mangues du nord® dans votre jardin, 2019, Pépinières Végétal 85 ( ISBN 978-2-490702-03-9). Un première formidable en français ! Les cultivars d'Asiminier y sont classés selon 5 périodes de maturité des fruits, espacées de 15 jours : très précoce (tels Kentucky Champion - autofertile, Summer Delight) ; précoce (tels Georgia et Prima 1216, tous deux autofertiles) ; de mi-saison (tels KSU Atwood, KSU Chappel, Davis) ; tardif (tels Sunflower - autofertile, Potomac, Susquehana) ; très tardif (tel Winter Delight). L'adaptation à une aire de culture peut se définir selon ces périodes. Ainsi, j'obtiens des fruits mûrs à la mi-novembre pour le cultivar Sunflower, et celui-ci étant classé dans la quatrième des cinq périodes (tardif), je peux en déduire que ma région est apte à la culture de la pupart des cultivars d'Asiminier (les cultivars très tardifs étant très peu nombreux).

Les périodes de récolte me sont encore inconnues pour mes cultivars PA Golden 4 et Ruby Keanan. Je vais les découvrir au cours des prochaines années. J’attends avec impatience de pouvoir tester le cultivar autofertile très précoce Kentucky Champion, découvert grâce à l'excellent ouvrage précité qui le présente comme très vigoureux, résistant aux conditions difficiles, et produisant des fruits délicieux. Je testerai également les cultivars obtenus par la KSU (Kentucky State University), ainsi que le cultivar Jerry Big Girl (très productif, fruit de très grande taille avec très peu de graines, d'excellente saveur, qui a été primé plusieurs fois à l'Ohio Pawpaw Festival). Mais il est à craindre que les bienfaits de la sélection ne soient contrebalancés pour l'amateur par une moindre résistance. Comme on le constate pour les vergers professionnels modernes qui nécessitent plus d'attention et de traitements que les vergers plantés de variétés anciennes.

 

REVUE DE MES 14 CULTIVARS (FIN 2020)

Mango : hauteur 3,30 m. Planté au début 2014, avec un pivot de 50 cm. Cultivar vigoureux, arbre d'ornement magnifique. Feuilles de 25 cm de longueur, d'un vert profond. La croissance des feuilles continue sous fortes chaleurs. Première récolte en 2020 : 4 kg. Spécimen bien établi.

Sunflower : hauteur 3  m. Planté début 2014, avec un pivot de 50 cm de longueur ). Cet arbre puissant produit de belles feuilles (longues de plus de 20 cm, de couleur vert profond), mais il arrête sa pousse au cœur de l'été. Produit un fruit délicieux (lorsqu'il est consommé très mûr). Il est de culture très facile. Mise à fruit à partir d'une hauteur du plant de 1,65 m. Première récolte 2018 :1,5 kg ; 2019 : 500 g ; 2020 : 5 kg. Spécimen bien établi.

Prima 1216 : hauteur 1,80 m. Planté fin 2016, avec un pivot long de 21 cm (seule exception de réussite avec cette taille de pivot). Feuilles de plus de 20 cm de longueur, d'un vert profond. La croissance des feuilles continue sous fortes chaleurs. Cultivar moins puissant que Mango, mais qui se montre rapidement prolifique. Mise à fruit dès 1,50 m  de hauteur. Première récolte en 2018 : 1 kg ; 2019 : pas de récolte ; 2020 : 6 kg. Saveur : bonne à très bonne, avec une saveur d'ananas (d'intensité moyenne), qui n'est pas ma préférée ; pour d'autres, c'est parfois une merveille.

Well 's Delight : origine : semis 2012,  greffe en 2013. Planté en 2014 avec un pivot de 30 cm. Feuilles de 18 cm de longueur, de couleur vert moyen. Fruits petits à moyens, de goût très fin. A produit un fruit en 2018 ; en 2020, production : 500 g. Sujet établi.

Overleese : hauteur 2 m. Origine : semis 2012,  greffe en 2013. Planté en 2015, avec un pivot de 30 cm.  Feuilles de 18 cm de longueur, de couleur vert moyen. Premiers fruits, 2020 : 500 g.

Rebecca's Gold : hauteur 1,80 m. Origine : semis 2012, greffe en 2013. Planté en 2015, avec un pivot de 30 cm. Feuilles de 18 cm de longueur, de couleur vert moyen. Sujet établi.

Prolific : hauteur 1,60 m.  Achat en 2016. Planté en 2017, avec un pivot de 32 cm. Feuilles de 20 cm de longueur, de couleur vert moyen. Sujet établi.

Georgia : hauteur 1,50 m. Achat en 2016. Planté fin 2017, avec un pivot de 40 cm. Feuilles de 15 cm de longueur, de couleur vert pale. Première récolte, 2020 : 1 kg. Sujet établi modestement (vigueur modérée). J'observe que cet arbre n'a pas encore la capacité à produire de grandes feuilles, ni à poursuivre sa pousse en pleine chaleur.

NC1 : hauteur 1,80 m. Origine : semis 2013, greffe en 2015. Planté en 2017. Feuilles de longueur 18 cm, de couleur vert moyen. Sujet établi.

Davis : origine : semis 2014, greffe 2016. Planté en 2018, avec un pivot de 45 cm. Feuilles de18 cm de longueur, de couleur vert  profond. Sujet non encore établi, mais hors de danger en pleine terre, sous gaine TubeX®.

Shenandoah : achat en 2016. Planté en 2018, avec un pivot de 45 cm. Feuilles de 18 cm de longueur, de couleur vert profond. Sujet non encore établi, mais hors de danger en pleine terre, sous gaine TubeX®.

Belle : hauteur 1,30 m.  Achat en 2016. Planté en 2016, avec un pivot de 25 cm de longueur. Feuilles de 15 cm de longueur, de couleur vert moyen. Sujet établi.

PA Golden 4 :  hauteur 1,75 m.  Origine : semis 2014, greffe en 2016. Planté en 2018, avec un pivot de 50 cm. Feuilles de couleur vert moyen. Sujet établi. 

Ruby Keanan : hauteur 80 cm (+ 50 cm cette année...). Greffe en 2019 sur un regit, donc un bon pivot. Feuilles de 18 cm de longueur, vert profond. Sous gaine TubeX®.
 

Je suis sûr de la diffusion progressive en culture de ce fruitier magnifique qu'est l'Asiminier. En définitive, comme pour quasiment tous mes autres fruitiers, il m'a fallu acquérir un minimum de connaissances, et réaliser des efforts d'adaptation à mon terroir. Qu'il s'agisse de mes agrumes rustiques (satsumas, pomelos, yuzu, ou shanghjuan), de mes plants de Kiwi (cultivar Soreli), ou de mes kakis, c'est le même type d'apprentissage et le même processus d'adaptation du mode de culture.

 

 

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